D.K. O’Donovan et Phyllis Gill, 1938 (Photo: Michael O’Donovan)

De 1935 à 2021

Chapitre 1 : Phyllis et D.K.

Je suis venu à Montréal un peu parce que quand j’étais un petit garçon, en Irlande, j’en avais entendu parler par mes parents, D.K. O’Donovan et Phyllis Gill, qui se sont rencontrés à McGill à la fin des années 1930. J’étais intrigué par Montréal et McGill. Nous recevions à Dublin beaucoup d’amis que mes parents avaient connus à Montréal. Parmi ceux-ci, je me souviens très bien de Hans Selye, J.S.L. Browne et John Howlett.

Quand Denis Kenry O’Donovan (D.K., pour les intimes) a rencontré Phyllis Gill à Montréal, en 1937, rien ne portait à croire qu’ils étaient faits l’un pour l’autre. Au contraire, du point de vue politique et social, leurs origines respectives auraient pu faire obstacle à tout projet de mariage.

D.K. était un Irlandais de religion catholique dont le père, un homme d’affaires très respecté, avait été tué par balle en 1921 : une terrible histoire d’erreur sur la personne et d’indiscipline entre deux sections des forces de défense, pendant la guerre d’indépendance irlandaise. L’homme, qui n’avait pourtant rien à voir avec l’IRA ni la guerre, avait été sommairement exécuté. Des années plus tard, D.K. a obtenu son diplôme de médecine du University College Dublin (UCD) après un parcours universitaire remarquable. Il est arrivé à Montréal en 1935 pour faire un stage de recherche en endocrinologie au Département de biochimie, sous la supervision du Dr James B. Collip, qui réalisait à l’époque d’importants travaux sur l’insuline. En 1938, D.K. obtint son doctorat de McGill en biochimie avec grande distinction.

Quant à Phyllis Gill, elle est venue à Montréal en 1937 pour faire un doctorat consacré à certains aspects de la dégradation du glycogène, dans le cadre de ses études à l’Université de Cambridge, en Angleterre. Elle obtint son doctorat de Cambridge au début de 1940. Phyllis était issue d’une famille de quakers pacifistes anglais, appartenant à une longue lignée de quakers. De plus, elle avait un accent anglais très bourgeois qui tranchait nettement avec l’accent plus doux de Limerick qu’avait D.K. Elle jouait du violon et aimait la musique classique et le tennis. Il aimait la boxe, l’athlétisme et le rugby – sport qu’il avait pratiqué à l’école.

À McGill, ils travaillaient dans des laboratoires adjacents, mais en raison de l’atmosphère politique, les Britanniques et les Irlandais s’évitaient. Cependant, le Dr J.S.L. Browne, alors chercheur universitaire, qui prévoyait de se rendre à Boston assister à une conférence sur l’endocrinologie, a invité D.K. et Phyllis à faire le voyage avec lui à bord de sa Ford T puisqu’ils y présenteraient tous des articles. Le trajet et ces quelques jours de camaraderie et de science ont marqué le début d’une histoire d’amour. Leur mariage, célébré en 1939, a duré 65 ans et les deux amoureux ont vécu plus de 90 ans.

Bien entendu, le mariage de D.K. avec une femme incarnant l’archétype anglais n’a pas été accueilli avec un enthousiasme universel par sa famille irlandaise les premiers temps, et Phyllis s’est souvent sentie comme une étrangère. Cependant, tout cela a changé avec le temps. Elle s’est convertie au catholicisme en 1939 par conviction, sans toutefois adopter pleinement toutes les coutumes catholiques irlandaises. Leurs enfants, deux hommes médecins et deux femmes musiciennes professionnelles, sont le reflet des intérêts de leurs parents.

 

Chapitre 2 : Michael 

Michael et Martin O’Donovan, Portofini, 1993 (Photo: Michael O’Donovan)

De mon côté, après avoir obtenu mon diplôme de médecine à UCD, j’ai décidé de venir visiter Montréal pour voir de mes yeux cette ville qui avait été si importante pour ma famille. Je n’ai pas mis beaucoup de temps à réaliser que j’avais trouvé l’endroit où poursuivre ma carrière. Étant déjà attiré par la radiologie, je n’aurais pas trouvé mieux que Robert Fraser pour diriger ma formation dans ce domaine. J’ai eu la chance d’être sélectionné et j’ai effectué ma résidence à l’Hôpital Royal Victoria. Même si je restais très proche de ma famille et que je retournais souvent en Irlande, j’ai décidé de demeurer à Montréal et à McGill. Pendant 30 ans, j’ai été spécialiste en radiologie du thorax à l’Hôpital général de Montréal et professeur adjoint à McGill, consacrant beaucoup de temps à enseigner aux résidents et aux étudiants en médecine.

 

Chapitre 3 : Martin

Michael et Martin O’Donovan, Annecy, 1995 (Photo: Michael O’Donovan)

Aujourd’hui, mon fils Martin – diplômé du University College Cork – vient d’entreprendre sa résidence en médecine familiale à McGill et je suis ravi qu’il poursuive cette tradition « irlando-mcgilloise ».

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