« Voici une photo de moi dans la salle d’informatique de MEDNET, entouré de nos jouets. Et oui, on fumait encore la pipe sans problème dans le pavillon de médecine à l’époque et les pantalons patte d’éléphant étaient à la mode. »

Voici quelques souvenirs de l’une des réalisations uniques de la Faculté de médecine et des sciences de la santé.

Au milieu des années 1970, j’ai été approché par John Outerbridge, Ph. D., alors directeur de l’Unité de génie biomédical (BMEU), qui voulait créer et administrer une ressource informatique médicale que pourraient utiliser les chercheurs et cliniciens. Et c’est que nous avons fait. Nous avons bâti le premier centre d’informatique médicale, MEDNET, au rez-de-chaussée du pavillon McIntyre, dans un endroit qu’occupait auparavant l’unité de radiologie. L’endroit était idéal, puisque les ordinateurs étaient installés dans la salle blindée de l’unité de radiologie, donc à l’abri des interférences électromagnétiques.

PDP-8

Nous avons bâti cette ressource à l’aide de mini-ordinateurs (des PDP-11, des PDP-12 et des VAX) qui étaient totalement indépendants de l’ordinateur central situé en bas de la colline, dans le centre de données du pavillon Burnside, et nous avons relié ces ordinateurs à trois des hôpitaux d’enseignement de McGill.

L’avantage des mini-ordinateurs était la capacité de capter, en temps réel, des signaux qui pourraient être analysés plus tard grâce à des techniques numériques. Ces ordinateurs pouvaient aussi gérer des expériences en temps réel de façon numérique, par exemple en recevant les signaux d’un capteur et en transmettant un signal de contrôle à un déclencheur.

PDP-12

Certaines des premières opérations d’analyse du génome ont été réalisées sur ces ordinateurs. Le matin, à mon arrivée, je trouvais souvent des tas de papier informatique sur lequel d’étranges séries de lettres étaient imprimées. Si mes souvenirs sont bons, c’était le résultat du travail de Mike Mackey (professeur émérite titulaire de la Chaire de physiologie Joseph Morley Drake). Nous avons aussi installé des terminaux informatiques à l’Hôpital général de Montréal, à l’Hôpital Royal Victoria et à l’Hôpital général juif, sur lesquels des commis saisissaient des données cliniques. J’ai collaboré avec Richard Margolese (titulaire de la Chaire d’oncologie chirurgicale Herbert Black et professeur aux départements de chirurgie et d’oncologie) et Phil Gold (professeur émérite de médecine, de physiologie et d’oncologie) à la création du premier registre de tumeurs de McGill, alimenté en données cliniques par ces sites.

L’incroyable collaboration entre les étudiants de doctorat et le corps professoral de l’unité de génie biomédical a produit certains des logiciels les plus utiles et avant-gardistes du moment. J’ai surtout en tête Robert Funnell (professeur agrégé de génie biomédical et d’oto-rhino-laryngologie – chirurgie cervico-faciale), un génie de la conception d’outils de gestion et d’analyse de bases de données, et Robert Kearney (professeur de génie biomédical), un pionnier de la création d’outils d’analyse de signaux numériques. Tous deux sont d’ailleurs toujours professeurs de génie biomédical à McGill.

 

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