Les études démontrent que la protéine régénératrice 3A/3B favorise un précurseur du cancer du pancréas nouvellement reconnu
Publiée dans Communications Biology, une nouvelle étude par des chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) a identifié une protéine favorisant le développement de la métaplasie acino-canalaire (ADM), une lésion précurseur du cancer du pancréas. Cette protéine a le potentiel de devenir un biomarqueur pour le diagnostic précoce de ce cancer ainsi qu’une cible moléculaire pour sa prévention. Dirigée par Zu-Hua Gao, M.D., Ph. D., chercheur du Programme de recherche sur le cancer à l’IR-CUSM, cette étude à long terme fut menée par une équipe multidisciplinaire de stagiaires, de chercheurs et de cliniciens.
L’adénocarcinome canalaire pancréatique (PDAC) demeure l’un des cancers humains les plus mortels, avec un taux de survie à cinq ans de moins de 5 %. Plusieurs facteurs contribuent à ce mauvais pronostic, incluant un manque de mesures pour détecter et diagnostiquer efficacement le PDAC, prévenir son développement et interrompre sa progression.
Un précurseur du PDAC nouvellement reconnu, connu sous le nom d’ADM persistante, pourrait aider à prédire le risque de cancer du pancréas. L’équipe de recherche a identifié une protéine connue sous le nom de REG3A/REG3B, qui joue un rôle dans le développement de l’ADM persistante.
Dans le cancer, la prolifération cellulaire est non contrôlée. La voie de signalisation RAS est un système de messagerie intracellulaire important dictant aux cellules de se proliférer. « Nous avons découvert que la protéine REG3A/REG3B favorise l’ADM persistante en se liant à un récepteur appelé EXTL3, situé à la surface des cellules acineuses pancréatiques. La protéine active la voie de signalisation RAS-RAF-MEK-ERK », explique le Dr Gao, qui mène ses recherches à l’IR-CUSM au Centre de biologie translationnelle.
« Des mutations dans un “commutateur” moléculaire intracellulaire connu sous le nom de KRAS sont souvent impliquées dans le cancer. Nous avons observé que REG3A/REG3B favorise et maintient l’ADM indépendamment de la mutation KRAS », explique Huairong Zhang, Ph. D., l’un des trois premiers co-auteurs de l’étude. « Cela permet de prédire le risque de développement du PDAC en milieu clinique. »
« Nos données ont été contre-validées avec plusieurs lignées cellulaires de souris et d’humains, des cultures de tissus 3D, des modèles animaux transgéniques et des tissus de pancréas humain frais enrobé de paraffine », explique la première co-auteure Andrea Liliam Gomez Corredor, Ph. D., spécialiste en biologie clinique responsable de la pathologie moléculaire au Laboratoire central de diagnostic moléculaire du Centre universitaire de santé McGill.
« Nous sommes heureux de ces découvertes et impatients de les explorer davantage. Puisque le PDAC est souvent diagnostiqué au stade métastatique de la maladie, la compréhension des processus menant à son déclenchement est cruciale pour un diagnostic ainsi qu’une intervention précoces », explique Julia Messina-Pacheco, première co-auteure qui poursuivra cette étude dans le cadre de son projet doctoral sous la direction d’Alex Gregorieff, Ph. D., et du Dr Gao.
« Nous avons fait face à quelques défis techniques et de longs processus de révision durant la pandémie. Nous remercions les IRSC pour leur appui, qui nous a permis de terminer ces études complexes et de produire ces données exhaustives », déclare Jun-Li Liu, Ph. D., co-chercheur principal et scientifique dans le Programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications (DeMeC) à l’IR-CUSM.
« C’est le résultat d’un travail d’équipe », ajoute le Dr Gao. « Je suis particulièrement reconnaissant du soutien de notre collaborateur clinique, le Dr George Zogopoulos, de son équipe et des plateformes technologiques d’histopathologie et d’imagerie moléculaire à l’IR-CUSM.
« À l’avenir, la mesure des niveaux de REG3A dans le sang ou le liquide pancréatique chez les patients atteints de pancréatite chronique pourrait nous aider à identifier les patients à risque de développer le PDAC. Le fait de cibler REG3A, son récepteur EXTL3, ou toute autre molécule en aval pourrait interrompre le processus d’ADM et prévenir la carcinogenèse du PDAC précoce chez les populations de patients à risque. »
À propos de l’étude :
Lisez la publication dans Communications Biology.
Les auteurs remercient sincèrement les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et le China Scholarship Council.
Les auteurs remercient la Plateforme d’histopathologie et la Plateforme d’imagerie moléculaireà l’IR-CUSM pour leur soutien technique.