Des recherches cliniques novatrices se tournent vers des traitements complémentaires pour mieux gérer la démence  

« Ce que nous voyons maintenant dans la recherche, c’est une nouvelle stratégie pour développer des traitements pour la maladie d’Alzheimer », explique le Dr Simon Ducharme, neuropsychiatre et directeur de la division de Gérontopsychiatrie à l’Université McGill. 

Chez une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, des niveaux anormaux de protéine amyloïde naturelle s’agglutinent pour former des plaques qui s’accumulent entre les neurones et perturbent la fonction cellulaire. Cette année, une nouvelle thérapie (lecanemab) qui utilise des anticorps pour éliminer l’amyloïde a obtenu une approbation accélérée aux États-Unis. Le traitement approuvé a démontré un ralentissement de la progression dans les premiers stades de la maladie. 

« Maintenant que les traitements pour ralentir la progression commencent à être approuvés, nous cherchons à combiner différents mécanismes d’action pour mieux gérer la maladie. C’est comme en oncologie où l’on combine deux ou trois mécanismes d’action différents pour obtenir un effet significatif dans le traitement », a observé le Dr Ducharme. 

Un pas essentiel pour atteindre ce but est d’accroître notre capacité à améliorer la qualité de vie des patients confrontés à des troubles neurocognitifs. L’Association Alzheimer du Canada estime qu’il y aura plus de 1,5 million de personnes au Canada vivant avec la démence d’ici 2050. 

Cibler l’amyloid à la source 

Le Dr Ducharme est également l’un des chercheurs principaux des essais neurocognitifs à l’Unité de recherche clinique du Neuro (Institut neurologique-Hôpital de Montréal) qui compte actuellement une demi-douzaine d’études en cours sur la démence, examinant différentes approches de traitement des troubles cognitifs légers, ainsi que la maladie d’Alzheimer précoce et modérée. 

L’un des essais en cours, ALN-APP-001 teste un nouveau mécanisme d’action potentiel dans le traitement de la maladie d’Alzheimer en se concentrant sur une approche innovante pour avoir un impact sur la cascade amyloïde. « La molécule testée est conçu pour bloquer l’ARN messager (transcription génique) du gène de la protéine précurseur de l’amyloïde (APP) qui est responsable de la production de l’amyloïde qui s’accumule anormalement dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer », note le Dr Ducharme. « Ce qui est innovant ici, c’est l’approche qui consiste à intervenir plus tôt dans la production de la plaque amyloid que les traitements existants ; l’objectif est de bloquer la production de cette protéine à la source, plutôt que d’attendre qu’elle s’accumule et l’élimine. » 

Cet essai de phase 1 s’adresse aux personnes atteintes de troubles cognitifs légers et de démence légère dus à l’apparition précoce de la maladie d’Alzheimer, une variante qui touche les jeunes patients de moins de 65 ans. Selon la Société Alzheimer du Canada, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer précoce représentent un petit sous-groupe de toutes les personnes atteintes de démence au Canada, mais font face à défis accrus car ils sont généralement encore sur le marché du travail et élèvent des familles. Après la deuxième dose, tous les participants à l’essai recevront le traitement expérimental. 

Des performances stimulantes 

D’autres études en cours de développement chercheront à améliorer les performances cognitives. « La recherche sur la maladie d’Alzheimer au cours de la dernière décennie a consisté à ralentir la progression comme objectif ultime. Les études à venir s’inscrivent dans la lignée des recherches antérieures qui ont mené au développement de thérapies comme le donépézil (Aricept) qui visent à améliorer les performances et les fonctions cognitives », explique le Dr Ducharme.  

« Il est encourageant que nous ayons de nouveaux traitements approuvés à offrir aux patients, mais nous ne sommes pas satisfaits de l’ampleur de l’effet. De nouvelles études ciblant différents mécanismes d’action laissent espérer qu’on pourra éventuellement les combiner comme des blocs de construction avec des traitements existants pour avoir un effet beaucoup plus significatif », conclut le Dr Ducharme. 

Pour plus d’informations sur les essais en cours à l’URC, contactez neurocog-cru.neuro@mcgill.ca ou visitez cru.mcgill.ca/fr/ad_fr/.