Un texte de notre série « À la rencontre de membres de la FMSS venus d’ailleurs » – La Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) est composée de communautés plurielles dont les membres proviennent de partout au Canada et d’ailleurs dans le monde. Cette série souligne le talent et l’expertise de personnes qui ont choisi de venir s’établir au Québec et de se joindre à l’Université McGill. Merci de votre précieuse contribution!

En décembre dernier, Roy Dudley, M.D., Ph. D., neurochirurgien pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants, a assisté les médecins du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine alors qu’ils effectuaient leur première intervention de stéréoélectroencéphalographie (SEEG). Dans le cadre de cette intervention, des électrodes profondes de stéréotaxie sont insérées dans certaines régions du cerveau d’un patient épileptique afin de localiser et de délimiter les zones à l’origine des crises. Les informations recueillies ont permis de déterminer le traitement approprié pour le patient, en l’occurrence une intervention chirurgicale. 

« Dans le cas de ce patient, nous avons mis en place 12 électrodes pour savoir d’où venaient les crises, explique le Dr Dudley. Nous avons percé le crâne à l’aide d’une perceuse minuscule; les électrodes elles-mêmes ne mesurent que 0,8 mm. Nous mettons ensuite les électrodes en place, nous enregistrons l’activité cérébrale puis, quand nous croyons avoir assez d’information, nous retirons les électrodes. L’équipe a réussi à localiser l’origine des crises, ce qui a permis d’organiser une intervention chirurgicale. » 

Le Dr Dudley est originaire de St. John’s, à Terre-Neuve, où il a commencé sa carrière en tant que chercheur pour Ressources naturelles Canada. Il a décroché une maîtrise en biologie moléculaire portant sur la cartographie du génome au Campus Macdonald de l’Université McGill avant de passer à la Division de médecine expérimentale pour son doctorat, après quoi il est retourné à Terre-Neuve pour faire sa médecine à l’Université Memorial. Après une résidence en neurochirurgie à l’Institut-hôpital neurologique de Montréal (le Neuro) et un fellowship en neurochirurgie pédiatrique à la University of Colorado à Denver, le Dr Dudley a obtenu un poste de professeur adjoint au Département de chirurgie pédiatrique et au Département de neurologie et de neurochirurgie à l’Université McGill. 

« Après ma recherche sur la dystrophie musculaire et mon travail doctoral, je croyais m’orienter en neurologie pédiatrique, pas en neurochirurgie, révèle le Dr Dudley. J’avais cependant pratiqué des opérations sur des animaux et je me suis rendu compte que j’étais plutôt du type chirurgien quand j’ai entrepris mes études en médecine. J’aime qu’on puisse faire un peu de tout en neurochirurgie pédiatrique. J’aime travailler avec les enfants et interagir avec leur famille. Le Département obtient déjà de très bons résultats dans le traitement chirurgical de l’épilepsie chez les enfants, avec un taux de disparition des crises de près de 80 %, mais je voudrais que l’on s’approche des 100 %. C’est l’un de mes principaux objectifs de recherche. » 

L’expertise chirurgicale du Dr Dudley l’a mené à Haïti en 2014 et en 2016, où il a traité de jeunes enfants atteints d’hydrocéphalie. Les enfants atteints de ce trouble neurologique ont une accumulation anormale de liquide céphalo-rachidien dans les ventricules cérébraux (des « poches » situées dans les profondeurs du cerveau). Ce surplus de liquide provoque l’élargissement des ventricules, qui exercent une pression néfaste sur les tissus du cerveau. « Je voulais mettre mes habiletés en neurochirurgie à contribution en aidant cette communauté défavorisée. C’était aussi l’occasion de me familiariser avec de nouvelles techniques : la ventriculostomie endoscopique du troisième ventricule et la coagulation du plexus choroïde. Des mères nous attendaient avec leurs bébés dès notre première journée de travail. On faisait des échographies et mesurait la circonférence de la tête, et on recueillait quelques informations sur les antécédents des petits patients. Il y avait deux blocs opératoires, où nous traitions cinq cas chaque jour, pour un total de dix cas par jour pendant trois jours. Le lendemain matin, on s’assurait que nos patients allaient bien. » 

La maîtrise du français s’est avérée essentielle lors de ces visites, permettant au Dr Dudley de communiquer avec les parents et le personnel de l’hôpital. « J’étais l’une des rares personnes à parler français, ce qui fut très utile. Si je n’avais pas travaillé au Québec durant toutes ces années, je n’aurais pas pu être aussi efficace là-bas. » 

Selon le Dr Dudley, son travail au CHU Sainte-Justine et en Haïti a montré les avantages qu’il y a à travailler et à vivre dans les deux langues. « C’est un avantage professionnel et c’est un atout d’intégration sociale. Je crois que je resterai au Québec encore longtemps. C’est ici que j’ai rencontré ma conjointe et que mes enfants sont nés. Je ne voudrais vivre nulle part ailleurs. » 

Le Dr Roy Dudley et son équipe chirurgicale en Haïti.