Les résultats démontrent que les antiviraux contre l’influenza sont sous-utilisés dans les hôpitaux pédiatriques du Canada, malgré des lignes directrices de pratique clinique nationales
Publiée ce mois-ci dans Pediatrics, une nouvelle étude par des chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) pourrait mener à une plus grande observance des lignes directrices de traitement de l’influenza et de pratiques de gestion des antimicrobiens.
Menée par Jesse Papenburg, M.D., M. Sc., scientifique senior dans le Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale (MIISM) à l’IR-CUSM et spécialiste en maladies infectieuses pédiatriques à l’Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), cette étude a démontré que l’utilisation d’antiviraux pour traiter l’influenza était moindre chez les enfants hospitalisés en raison de l’influenza dans les hôpitaux pédiatriques canadiens.
« Nous avons décidé d’explorer l’étendue et les facteurs associés à l’utilisation d’antiviraux chez les enfants canadiens hospitalisés en raison de l’influenza durant la décennie qui a suivi la pandémie de H1N1 de 2009 », explique le Dr Papenburg, qui mène des recherches au Centre de recherche évaluative en santé à l’IR-CUSM. « Des études observationnelles suggèrent qu’un traitement antiviral précoce chez les patients hospitalisés en raison de l’influenza est associé à de meilleurs résultats. Les données pédiatriques sont toutefois limitées. Bien que des lignes directrices recommandent le traitement, il est impossible de savoir pourquoi plusieurs enfants admis aux centres pédiatriques ne reçoivent pas d’antiviraux. »
« Nous avons découvert que le recours aux antiviraux était limité et variable chez les enfants canadiens hospitalisés en raison de l’influenza. Au fil du temps, le recours aux antiviraux a généralement augmenté, surtout chez les enfants à haut risque », explique Kayur Mehta, M.D., M. Sc., chercheur universitaire au CUSM et premier auteur de l’étude. « Nos découvertes montrent que les caractéristiques liées aux patients et à l’hôpital influencent l’utilisation des antiviraux. L’initiation antivirale précoce était fortement corrélée à la rapidité des résultats des tests d’influenza. »
« Ces résultats sont importants, puisqu’ils démontrent que malgré des lignes directrices de pratique clinique nationales, il y a une grande variation en ce qui a trait aux pratiques de prescription d’antiviraux dans le pays, incluant chez les enfants atteints de conditions de santé chroniques à haut risque », explique le Dr Papenburg. « La prescription varie considérablement d’un site à l’autre et elle a augmenté avec le temps. »
L’équipe de recherche a exercé une surveillance active des hospitalisations causées par des cas d’influenza confirmés en laboratoire d’enfants âgés de 16 ans ou moins dans 12 hôpitaux canadiens, de 2010-2011 à 2018-2019.
L’activité de surveillance a été menée dans le cadre du Programme canadien de surveillance active de l’immunisation (IMPACT), une initiative de surveillance nationale administrée par la Société canadienne de pédiatrie et menée par le réseau de chercheurs pédiatriques d’IMPACT pour le compte du Centre de l’immunisation et des maladies respiratoires infectieuses (CIMRI) de l’Agence de la santé publique du Canada.
« Notre article montre que les interventions à multiples volets en milieu hospitalier sont nécessaires pour renforcer l’observance des lignes directrices de traitement de l’influenza et des pratiques de gestion des antimicrobiens », conclut le Dr Papenburg.
À propos de l’étude :
Lisez la publication dans Pediatrics
Le Dr Papenburg a été soutenu par un prix de carrière chercheur-boursier clinicien du Fonds de recherche du Québec-Santé. Le Dr Mehta a été soutenu par le prix Alan Ross du Département de pédiatrie de McGill.