Une nouvelle étude réalisée par des scientifiques de L’Institut révèle une amélioration de la survie et ouvre la voie à des traitements personnalisé

Une nouvelle étude, réalisée par des chercheuses et par des chercheurs de L’Institut, démontre que la combinaison de l’immunothérapie à la chimiothérapie avant la chirurgie peut améliorer les résultats chez les patientes et les patients ayant un adénocarcinome œsophagien localement avancé.

Dans un essai clinique de phase 2, on a testé l’ajout de l’avelumab, inhibiteur de la protéine PD-L1, à un régime de traitement de chimiothérapie (docétaxel, cisplatine et fluorouracile ou DCF) chez les patientes et les patients ayant un adénocarninome œsophagien localement avancé. Dirigée par Thierry Alcindor, M.D., oncologue (auparavant en poste au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et maintenant au Dana Farber Cancer Center), ainsi que par Lorenzo Ferri, M.D., Ph. D., directeur de la Division de chirurgie thoracique et gastro-intestinale supérieure au CUSM, cette étude a permis de conclure que cette approche s’avère à la fois sécuritaire et efficace; en effet, on a constaté un taux de survie de 67,5 % chez les personnes chez qui la maladie ne s’est pas manifestée pendant deux ans.

Lorenzo Ferri, M.D., Ph. D. (à gauche) et microphotographies, colorées au moyen d’une trousse de réactifs OPAL6, d’échantillons prélevés sur des patientes et sur des patients avant et après le traitement, dans le but d’évaluer les changements au sein du microenvironnement tumoral, en relation avec la réponse au traitement.
Lorenzo Ferri, M.D., Ph. D. (à gauche) et microphotographies, colorées au moyen d’une trousse de réactifs OPAL6, d’échantillons prélevés sur des patientes et sur des patients avant et après le traitement, dans le but d’évaluer les changements au sein du microenvironnement tumoral, en relation avec la réponse au traitement.

« Nos conclusions constituent une avancée importante pour ce qui est du traitement préopératoire du cancer de l’œsophage; elles offrent de l’espoir aux patientes et aux patients qui sont aux prises avec cette forme de cancer agressive », a commenté le Dr Ferri, scientifique senior au sein du Programme de recherche sur le cancer et auteur-ressource principal de l’étude.

Principaux résultats et principales données

L’essai clinique comptait 51 patientes et patients, dont 50 ont subi une chirurgie. Quatorze pour cent des personnes appartenant à ce groupe ont eu une réponse pathologique complète (pCR). Cela signifie qu’il n’a pas été possible de détecter quelque cellule cancéreuse dans les échantillons de tissus prélevés pendant la chirurgie — il s’agit là d’un indicateur significatif de l’amélioration des résultats à long terme.

L’étude a également permis d’acquérir de nouvelles connaissances quant à la résistance au traitement. L’analyse des populations de cellules immunitaires a démontré que, chez les patientes et chez les patients ne répondant pas au traitement, les niveaux des macrophages M2 associés aux tumeurs (M2-MAT), soit un type de cellules immunitaires associées aux piètres résultats du traitement, avaient augmenté. Des investigations supplémentaires ont révélé que les M2-MAT produisaient des niveaux élevés de deux protéines, soit la MIF (acronyme de Macrophage migration inhibitory factor) et la CD86 (acronyme de classe de différenciation 86), pouvant supprimer la réponse immunitaire et réduire l’efficacité du traitement.

Prochaines étapes en matière de recherche

« L’étude dont il est ici question a été l’une des premières du genre à explorer l’immunothérapie combinée avec la chimiothérapie dans le traitement du cancer de l’œsophage; elle comporte aussi les données sur la survie colligées pendant la période la plus longue », a ajouté le Dr Ferri. Les prochaines étapes de nos travaux prévoient de pousser plus loin la recherche sur la manière dont les macrophages M2 contribuent à la résistance au traitement et sur la manière dont il est possible d’améliorer les résultats de l’immunothérapie pour surmonter cet obstacle. »

L’étude susmentionnée tire parti d’une décennie de recherche, militant en faveur de la thérapie systémique néoadjuvante (traitement avant la chirurgie) pour le cancer de l’œsophage. Cette étude fait suite à un article du Dr Ferri et des collègues, qui a fait date, publié en 2012 dans les Annals of Oncology. Les avancées en immunothérapie ont transformé les approches en matière de traitement, avec des inhibiteurs de points de contrôle comme l’avelumab, qui s’avèrent prometteurs pour ce qui est de renforcer la capacité du système immunitaire à cibler les cellules cancéreuses. La combinaison de la chimiothérapie à l’immunothérapie a émergé en tant que stratégie puissante, visant à améliorer les taux de survie et à vaincre la résistance observée dans les traitements traditionnels. Les travaux de recherche les plus récents du Dr Ferri témoignent des progrès décrits ci-dessus, en intégrant ces innovations dans le but d’améliorer les résultats des patientes et des patients atteints d’un cancer gastro-œsophagien agressif.

Les travaux du Dr Ferri bénéficient du soutien des organismes subventionnaires suivants : les Instituts de recherche en santé du Canada, la Société canadienne du cancer, le Département de la défense des États-Unis et la Fondation de l’Hôpital général de Montréal (HGM). La Fondation de l’HGM dirige une nouvelle campagne, « Unis contre le cancer »; de plus, grâce à l’initiative Soins oncologiques de précision personnalisés de cette fondation, le Dr Ferri développe actuellement un programme de recherche dans le domaine de la médecine de précision. L’objectif de ces travaux est de faire croître en laboratoire des répliques des tumeurs des patientes et des patients, permettant ainsi aux chercheuses et aux chercheurs de tester divers médicaments et d’identifier les traitements personnalisés les plus efficaces. L’équipe du Dr Ferri dispose d’un plan quinquennal destiné à raffiner le processus, à faire approuver une nouvelle norme de soins relative aux cancers de l’œsophage et de l’estomac, et d’étendre son application à d’autres types de cancer dans l’ensemble du Canada. Cette approche vise à réduire l’exposition à des thérapies inefficaces et potentiellement toxiques, tout en améliorant les résultats des patientes et des patients.

L’équipe de chercheuses et de chercheurs remercie la biobanque de L’Institut, qui a mis son savoir-faire et son expérience au service des travaux de celle-ci.

L’étude

L’article « Phase 2 trial of perioperative chemo-immunotherapy for gastro-esophageal adenocarcinoma: The role of M2 macrophage landscape in predicting response », par Thierry Alcindor, James Tanke, Pierre-Olivier Fiset, Sanjima Pal, Touhid Opu, Michael Strasser, Mehrnoush Dehghani, Nicholas Bertos, Dongmei Zuo, Carmen Mueller, Jonathan Cools-Lartigue, Marc Hickeson, Victoria Marcus, Sophie Camilleri-Broet, Alan Spatz, Gertruda Evaristo, Mina Farag, Giovanni Artho, Arielle Elkrief, Ramy Saleh, Swneke Bailey, Morag Park, Sui Huang, Veena Sangwan et Lorenzo Ferri a été publié dans « Cell Reports Medicine » .

DOI: 10.1016/j.xcrm.2025.102045

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