Par Mary Koziol
Une myriade de questions prévisibles d’amis et de pairs a suivi : qu’est-ce que cela signifie? Suis-je préoccupée? Est-ce que je regrette ma décision d’étudier à l’Université McGill?
J’ai pris le temps de réfléchir. Mon choix d’étudier à l’Université McGill est on ne peut plus délibéré, car venant d’une autre province, les critères auxquels j’ai dû satisfaire sont particulièrement exigeants. Au terme de mon diplôme de premier cycle, j’ai exploré mes champs d’intérêt et mes passions durant quatre années, dont une comme présidente du syndicat des étudiants du premier cycle et les trois autres au sein de la haute administration de l’université.
En cette qualité, ma responsabilité était de voir à la mise en œuvre de certains aspects du plan stratégique du tout nouveau président. C’était stimulant : ses idées étaient ambitieuses et inspirantes. Cela dit, la mise en œuvre s’effectuait lentement et se heurtait à des défis. Ces trois années m’ont toutefois permis de prendre conscience que des changements vraiment constructifs exigent temps et efforts. L’impression de faire partie de cette transformation était très satisfaisante et a affermi mon choix de l’Université McGill, qui venait de terminer la première année de la mise en œuvre de son nouveau cursus.
Je savais précisément ce que ce changement supposait : revers, travail soutenu et patience. Or, je croyais aux valeurs du nouveau cursus centré sur le patient et l’étudiant et, après un an d’études, j’en suis encore plus convaincue. La médecine à l’Université McGill est en période de transition. Au nouveau cursus, il faut ajouter le récent déménagement du principal lieu d’apprentissage en milieu hospitalier au site Glen, des changements de personnel et de multiples compressions dans le système de soins de santé du Québec.
Comme étudiants, nous sentons le mouvement de l’écorce terrestre sous nos pieds et nous y remarquons, de temps à autre, quelques fissures. Ce sont les fissures que les responsables de l’agrément ont constatées : des aspects qui nécessitent une amélioration, plus de prudence, voire la révision des processus. Certes, il reste du travail à réaliser. Mais nous en étions déjà conscients : dès le premier jour de cours, nous avons activement fourni avis et commentaires et aidé à façonner la médecine à l’Université McGill, pour la relève et nous-mêmes. Depuis que le doyen a annoncé la probation de notre programme, plusieurs étudiants m’ont contactée, en ma qualité de présidente de la promotion, pour signifier leur désir d’en faire plus, conscients du rôle important que nous jouerons dans l’avenir de notre Faculté. Il est possible de métamorphoser la façon de faire les choses et les étudiants sont un rouage crucial du changement.
Je ne prétends pas avoir eu de prémonitions au sujet de l’agrément, mais en choisissant l’Université McGill j’ai accepté les obstacles et les irritations qui vont de pair avec le changement novateur, réel et porteur de quelque chose de mieux. Au cours de mon année d’études, je suis passée d’une étudiante de lettres et sciences humaines à médecin en formation, capable d’établir un diagnostic différentiel pour diverses présentations; j’ai appris à évaluer la littérature scientifique et à tirer mes propres conclusions; j’ai disséqué un corps humain et compris la portée scientifique et morale de mon travail; j’ai interagi avec de nombreux patients, dont un à qui il ne restait que quelques jours de vie, et j’ai eu une attitude de présence et d’empathie face à leur état.
En essence, j’ai amorcé mon parcours de clinicienne et de soignante.
Je me sens très privilégiée de faire mes études de médecine dans l’une des meilleures institutions au Canada, qui n’a pas hésité, malgré ses racines profondes, à réinventer ce que devrait être l’enseignement de la médecine au 21e siècle. D’après les réactions de mes camarades de promotion, je pense pouvoir dire sans me tromper que nous attendons 2017 avec intérêt.