William Feindel, O.C., G.O.Q., MDCM, D. Phil
1918 – 2014
L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, l’Université McGill et le Centre universitaire de santé McGill ont le regret de faire part du décès de William Feindel, O.C., G.O.Q., MDCM, D. Phil., l’un des plus éminents neurochirurgiens du Canada et le troisième directeur du Neuro. Le docteur Feindel est décédé dimanche soir au Neuro à la suite d’une brève maladie. Nous présentons nos plus sincères condoléances à la famille du docteur Feindel.
« Pendant plus de 60 ans, le docteur Feindel a marqué la médecine canadienne en chirurgie, en recherche et en politique administrative et a exercé une influence considérable sur ses collègues et ses étudiants. Insatiablement curieux des neurosciences jusqu’à la fin de sa vie, il prenait part avec enthousiasme aux activités du Neuro », a tenu à signaler le docteur Guy Rouleau, directeur du Neuro.
Les contributions exceptionnelles du docteur Feindel à la science médicale ont été soulignées en 2003, lorsqu’il a été l’un des premiers médecins à être admis au Temple de la renommée médicale canadienne. Cette reconnaissance n’est que l’un des nombreux honneurs qu’il a reçus, parmi lesquels figurent des grades honorifiques et ses titres de membre de l’Ordre du Canada, de l’Ordre national du Québec (Grand Officier), de l’Académie des Grands Montréalais et de la Société royale du Canada.
« Le neurochirurgien accompli, l’innovateur en technologie, l’administrateur visionnaire et le professeur captivant se trouvaient personnifiés dans le docteur William Feindel. Ses réalisations continuent d’être présentes à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, qu’il a aidé à accéder à la renommée mondiale, elles subsistent aussi chez les nombreux boursiers en médecine dont il a été le mentor au cours de sa longue carrière. Sa disparition prive l’Université McGill d’un merveilleux collègue et d’un merveilleux ami », a souligné Suzanne Fortier, principale et vice-chancelière, de l’Université McGill.
William Howard Feindel est né en 1918 à Bridgewater, en Nouvelle-Écosse. Il a fait ses études de premier cycle à l’Université Acadia, dont il deviendra maintes années plus tard le chancelier. Diplôme en poche, il est admis au Collège Merton de l’Université Oxford, en qualité de boursier de la fondation Cecil Rhodes, où il a obtenu un D. Phil. en neuroanatomie. De retour à Montréal durant la Deuxième Guerre mondiale, le docteur Feindel s’est employé à développer des traitements pour les blessures de guerre, de concert avec le fondateur et le premier directeur du Neuro, le docteur Wilder Penfield.
Après l’obtention de son diplôme de médecine à l’Université McGill et ses études en neurochirurgie à Oxford, le docteur Feindel est devenu le premier professeur de neurochirurgie au collège de médecine de Saskatoon en 1955. Conscient du potentiel des dispositifs d’imagerie cérébrale, il a développé le premier scanneur isotopique automatique.
« Le docteur William Feindel incarnait l’excellence des hôpitaux d’enseignement de McGill. Ce médecin bienveillant était un chercheur remarquable, à l’esprit curieux et fertile qui a toujours été solidaire de ses collègues. Il était un médecin exemplaire qui, je l’espère, continuera d’inspirer les futures générations de professionnels de la santé », a confié Normand Rinfret, directeur général et chef de la direction du Centre universitaire de santé McGill.
En 1959, il revient au Neuro en qualité de premier professeur William-Cone de neurochirurgie et en deviendra trois ans plus tard le neurochirurgien-chef. Auteur de plus de 500 articles scientifiques, le docteur Feindel s’intéressait particulièrement aux causes de l’épilepsie focale et à des méthodes pour la détection précoce de tumeurs au cerveau et d’AVC. Il a contribué à mettre au point ce qui est appelé la méthode dite de Montréal pour soigner l’épilepsie du lobe temporal, qui suppose la résection du lobe temporal antéro-mésial. L’intervention chirurgicale, adoptée par la suite dans le monde entier, a permis de guérir des milliers d’épileptiques.
« Les étudiants, boursiers et collègues de notre Faculté ont eu la chance de connaître le docteur Feindel et d’apprendre de cet innovateur et de cette icône canadienne du domaine des neurosciences », a indiqué David Eidelman, vice-principal (Santé et affaires médicales) et doyen de la Faculté de médecine à McGill. « Ses contributions au Neuro et à la réputation novatrice du CUSM, ainsi qu’à l’avancement des connaissances à McGill et à l’échelle internationale, laissent une impression indélébile sur nous tous et persisteront pour les futures générations. »
À la barre du Neuro de 1972 à 1984, le docteur Feindel a introduit des appareils révolutionnaires d’imagerie cérébrale au Canada en faisant l’acquisition des premiers dispositifs de TDM, de RM et de TEP au pays. En 1984, les appareils ont été réunis dans le Centre d’imagerie cérébrale McConnell, qui a assis la réputation du Neuro comme l’un des principaux centres d’imagerie cérébrale au monde. Sous la direction du docteur Feindel, le Neuro a doublé sa superficie avec la construction de deux nouveaux bâtiments, les pavillons Penfield et Webster. En 2001, l’Université McGill a inauguré la chaire William-Feindel de recherche en neuro-oncologie avec le soutien du Fonds commémoratif Clive Baxter.
Outre ses rapports de recherche scientifique, le docteur Feindel a écrit abondamment sur des sujets d’histoire médicale, en particulier à propos des travaux de Thomas Willis, pionnier britannique du dix-septième siècle en recherche sur le cerveau à qui on doit le terme « neurologie ». En 1964, le docteur Feindel a publié une reproduction en anglais du traité de 1664 de Willis, Cerebri Anatome (Anatomie du cerveau et des nerfs). La Bibliothèque Osler d’histoire de la médecine à l’Université McGill a désigné le docteur Feindel bibliothécaire honoraire Osler en 1984.
Le docteur Feindel a consacré de nombreuses années à la rédaction d’un historique détaillé du Neuro. Le fruit de son labeur devrait être publié par McGill/Queens Press sous le titre The Brain Doctors. Un recueil de ses observations historiques au sujet de la vie et du travail au Neuro, Images of the Neuro, a paru en 2013. Jusqu’à la fin de sa vie, le docteur Feindel a conservé un bureau au Neuro et a assisté aux exposés et conférences qui y sont présentés.
Fervent pianiste et violoniste amateur, le docteur Feindel se joignait à ses collègues à l’occasion du spectacle de variétés annuel du Neuro.
Son épouse, Faith (née Lyman), ses deux fils Christopher (Mary Ann) et Michael (Karen), ses trois filles, Patricia, Janet (Robert) et Anna (Bernard), ses deux petits-fils Michael (Laura) et Andrew (Tina) ainsi que son arrière-petit-fils Finn lui survivent. Son fils bien-aimé Alexander (Ling) est décédé en 1985.
Le service funèbre sera privé. Les détails concernant un service commémoratif seront annoncés ultérieurement.
The Gazette
The Globe and Mail
The Globe and Mail
15 janvier 2014