Par Stephanie Malley, Centre de recherche sur le cancer Goodman

Pour parvenir à mieux traiter le cancer du sein, il faut remonter au tout début du développement de la maladie et déterminer comment elle apparaît.

Voilà l’objet de la dernière étude du Pr Luke McCaffrey, de la Faculté de médecine de l’Université McGill, récemment publiée dans la revue Genes and Development.

Ses travaux ont permis d’éclairer le processus détaillé de transition d’un tissu normal à un tissu tumoral, en identifiant chacune des étapes de l’évolution et de la transformation des cellules.

« Nous avons pensé qu’en analysant les étapes par lesquelles passent les cellules normales pour devenir une tumeur, il serait ensuite possible de mieux comprendre et prédire quelles tumeurs seront plus ou moins agressives », explique le professeur agrégé Luke McCaffrey, du Centre de recherche sur le cancer Rosalind et Morris Goodman et du Département d’oncologie Gerald Bronfman de l’Université McGill.

On croyait jusqu’ici que dans les cas de carcinome, la tumeur était formée par le déplacement de cellules qui, d’un coup, bloquaient la lumière du canal mammaire. Or, les chercheurs ont découvert que plusieurs étapes distinctes définissent la progression de la tumeur. Ils ont déterminé qu’un blocage de ce genre est rare et qu’on observe plutôt une division des cellules dans la mauvaise direction et leur croissance vers le centre du canal, causant l’épaississement de la paroi et finalement l’affaissement du canal en une structure solide – la tumeur.

« Nous avons découvert que, comme un tuyau qui se boucherait dans une maison, les cellules cancéreuses bloquent graduellement le canal. Au fil du temps, elles se solidifient, deviennent difformes et finissent par envahir la région environnante et potentiellement d’autres parties du corps », ajoute le Pr McCaffrey.

Fondée sur des modèles murins, l’étude démontre que le processus peut être inversé, et qu’on peut rétablir des canaux ouverts d’apparence normale à partir de tissu tumoral solide et désorganisé. En élucidant davantage le développement du cancer du sein, ces travaux pourraient permettre de prédire plus précisément quelles lésions précancéreuses risquent d’évoluer pour devenir cancéreuses. Les résultats laissent aussi entrevoir la possibilité d’une inversion des premiers stades du développement de certains types de cancer du sein.

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« Progressive polarity loss and luminal collapse disrupt tissue organization in carcinoma », Ruba Halaoui, et al. Genes & Development, publié en ligne le 8 septembre 2017.

DOI: 10.1101/gad.300566.117

Le 19 octobre 2017