Dans notre série McGill au Québec : mission santé, nous mettons en lumière le travail que réalisent des membres de la Faculté de médecine et des sciences de la santé d’un bout à l’autre du Québec. De la Montérégie et de l’Outaouais à l’Eeyou Istchee et au Nunavik, nos apprenants, apprenantes, cliniciens, cliniciennes et scientifiques ont le privilège et la fierté de s’associer aux communautés pour apprendre et enseigner, prendre soin de la population québécoise et améliorer la santé de tous. Découvrez leurs histoires passionnantes! 

 

L’été dernier, Ethan Dziewirz et trois de ses collègues du programme d’orthophonie de l’École des sciences de la communication humaine (ÉSCH) de McGill ont réalisé un stage à Chisasibi, en Eeyou Istchee. L’expérience d’apprentissage de cinq semaines visait à offrir des évaluations orthophoniques aux enfants de l’école primaire Waapinichikush, en partenariat avec la Commission scolaire crie.  

 

Des activités sociales étaient aussi au programme, comme la préparation de la bannique avec des membres de la communauté, l’un des beaux souvenirs du séjour de l’étudiant. Cette occasion de rencontrer leurs nouveaux voisins, d’apprendre d’eux et de partager un repas a donné le ton pour le reste du stage.  

 

« Il était essentiel pour nous d’exprimer nos intentions sincères, d’en apprendre davantage sur la culture et d’agir de manière respectueuse et attentive envers les personnes qui la composent », ajoute le futur orthophoniste.  

 

Au fil du stage, les stagiaires et leurs superviseures ont réalisé des évaluations orthophoniques complètes pour neuf enfants, en étroite collaboration avec les familles et le personnel enseignant de l’école.   

 

Il est essentiel d’instaurer un climat de confiance pour s’assurer que les stagiaires fournissent des soins empreints de compassion et culturellement appropriés, explique Sophie Vaillancourt, MBA, orthophoniste, professeure adjointe (professionnelle) et coordonnatrice à la formation clinique au sein de l’ÉSCH, qui a coorganisé le stage de cet été.  

 

La confiance est aussi la pierre angulaire des partenariats qui unissent l’ÉSCH au Conseil cri de la santé et des services sociaux de la Baie James depuis 2014 et à la Commission scolaire crie depuis 2018. 

 

Marie-Paule Germain, coordonnatrice des services d’éducation spécialisée à la Commission scolaire crie, travaille à assurer la pérennité du partenariat entre la Commission scolaire crie et le programme d’orthophonie de McGill. Elle veille à ce que les services fournis aux enfants de l’école primaire Waapinichikush soient conformes aux valeurs et aux principes de l’éducation iiyiyuu/iinuu. 

 

L’objectif premier, précise-t-elle, est de fournir des services d’orthophonie aux élèves de l’école primaire, mais le but ultime est de renforcer les capacités locales et d’inciter d’éventuels membres de la communauté à s’intéresser à l’orthophonie. 

 

Pallier la pénurie d’orthophonistes loin des grands centres

Les partenariats de l’ÉSCH avec des communautés mal desservies au Québec permettent aux stagiaires de perfectionner leurs habiletés dans des milieux cliniques et éducatifs. Ils contribuent également à répondre à des besoins non comblés, en particulier ceux des communautés autochtones loin des centres urbains de la province.  

 

« Il n’y a pas beaucoup d’orthophonistes au Québec et les régions éloignées des grands centres n’ont souvent pas du tout accès à ces services », explique la Pre Vaillancourt.  

 

C’est pour cette raison qu’elle et sa collègue superviseure clinique, l’orthophoniste Alexandra Lauzon, de concert avec leurs partenaires de la Commission scolaire crie, ont proposé un stage à l’école primaire Waapinichikush. Pour réaliser le projet, la Commission scolaire crie a aimablement fourni l’hébergement et le transport pour les superviseures et les stagiaires.  

 

En plus de fournir des évaluations orthophoniques à neuf enfants, une autre priorité du projet était d’assurer la continuité des soins, explique la Pre Vaillancourt, en ajoutant que des interventions ont d’ailleurs été amorcées pendant le stage pour deux des neuf enfants. Les autres se verront offrir des services d’intervention en télépratique avec des étudiantes et étudiants en orthophonie de McGill au cours des sessions d’automne et d’hiver.  

 

Collaboration étroite avec les membres de la communauté

La formation aux principes d’équité, de diversité et d’inclusion est intégrée au programme d’études de l’ÉSCH. Ethan Dziewirz et ses collègues de classe ont également reçu un référentiel élaboré par des orthophonistes et des consultants et consultantes autochtones sur la prestation de soins culturellement appropriés aux différents peuples autochtones.  

 

L’embauche de cette équipe de consultation, ainsi que le salaire de Mme Lauzon à titre de superviseure, ont été rendus possibles grâce à la subvention Soutien aux stages et à la formation pratique dans le domaine de la santé et des services sociaux, accordée à la Pre Vaillancourt et à l’ÉSCH pour de telles initiatives. 

 

Le référentiel met en garde contre le recours exclusif à certaines méthodes d’évaluation orthophonique qui sont souvent basées sur des normes nord-américaines standard.  

 

Par conséquent, parallèlement à ces tests plus formels, il était essentiel pour les stagiaires d’inclure les proches et le personnel enseignant dans le processus d’évaluation afin de mieux comprendre le développement de chaque enfant à l’école et à la maison. 

 

 « Établir un lien de confiance et susciter la participation des membres de la communauté est très important, notamment pour assurer l’exactitude et la fiabilité des résultats », explique Ethan Dziewirz. 

 

La Pre Vaillancourt renchérit : « En formant nos stagiaires à une approche inclusive et à l’humilité culturelle en orthophonie, nous espérons atténuer, voire éviter, les effets négatifs que peuvent avoir les prestataires de soins de santé et d’éducation chez les peuples autochtones et les autres groupes marginalisés ». 

 

Depuis que l’ÉSCH a établi ses partenariats communautaires en 2014, plusieurs de ses diplômés et diplômées ont poursuivi leur travail auprès de populations mal desservies au Québec – dont trois en Eeyou Itschee. Après son séjour à Chisasibi, Ethan Dziewirz envisage de leur emboîter le pas.  

 

« L’un de mes objectifs de carrière est de pouvoir servir des populations culturellement diverses ici au Québec », dit-il.