Si tout se passe comme prévu, le lieutenant Bradley Martire, M.D., membre des Forces armées canadiennes et résident de deuxième année en médecine de famille à l’Université McGill, exercera bientôt sa profession dans une base militaire isolée au Canada, ou encore en mission humanitaire en zone de guerre. 

 

D’ici là, il poursuit sa formation en réalisant un stage à Shawville, une petite ville au nord-ouest de Gatineau qui constitue l’un des sites agréés de formation médicale décentralisée de McGill pour la résidence en médecine de famille. « J’ai choisi de faire quatre mois de ma résidence en milieu rural, au lieu du minimum de deux mois qu’exige le programme de médecine de famille », explique le Dr Martire, qui a fait ses études de médecine à l’Université Laval.  

 

Il souhaitait entre autres acquérir davantage d’expérience en médecine d’urgence dans un milieu comptant moins de spécialistes, où les médecins de famille se chargent des soins aigus auprès de patients qui arrivent parfois dans un état grave. Ce type de pratique ressemble à ce que l’on voit en contexte militaire, d’où l’intérêt pour la suite de son parcours hors du commun. 

 

En plus de ses responsabilités cliniques à Shawville, le Dr Martire suit quelque 200 patients dans un CLSC au centre-ville de Montréal. « J’agis comme leur médecin de famille, sous la supervision des médecins patrons. Je suis responsable du suivi des résultats d’examens. Et si mes patients ont un quelconque problème de santé, j’assure la continuité des soins. À Shawville, j’assure le suivi pour des patients de la région, sous la supervision d’un autre patron. Je fais aussi des stages hors service, dans d’autres salles d’urgence et cliniques sans rendez-vous. Je vois des patients de tous les âges, dans plusieurs spécialités, pour approfondir différentes branches de la médecine. »  

 

Les soins en milieu rural présentent des défis particuliers, relate-t-il. Par exemple, dans les hôpitaux en milieu urbain, les médecins de famille peuvent assez facilement consulter des spécialistes, qui sont déjà sur place pour évaluer le patient. « Hors des centres urbains, on doit endosser plus de responsabilités et parfois aller plus loin que ce qu’on aurait fait en d’autres circonstances pour prendre soin du patient. Les spécialistes sont joignables par téléphone si on a des questions, mais c’est le médecin de famille qui examine le patient et demande les examens complémentaires. Au début, c’est un peu insécurisant de ne pas avoir quelqu’un sur place qui prend le patient en charge, mais ça donne la chance de continuer d’apprendre et d’acquérir soi-même les connaissances qui permettent de mieux soigner le patient », poursuit le résident. 

 

D’autres défis vécus hors des grands centres sont communs à tout le réseau de la santé. Bradley Martire cite entre autres les difficultés d’accès aux soins et l’offre de services qui ne suffit pas à répondre à la demande. « Ça veut dire que les patients se retrouvent parfois à consulter à l’urgence, par exemple, quand ils seraient mieux servis dans une clinique. Et même s’ils sont vus en clinique, il y a parfois peu de disponibilités pour des rendez-vous de suivi, à cause de la demande très élevée. » 

 

Selon lui, la médecine de famille est la spécialité la mieux placée pour évaluer les problèmes médicaux mettant en cause plusieurs systèmes, auxquels s’ajoutent souvent des facteurs sociaux, afin de créer un plan de traitement global qui répondra le mieux possible aux besoins du patient en matière de santé. 

 

« Parfois les plans de traitement pour tous ces problèmes différents se recoupent, et en intervenant sur un point, comme la réduction de la consommation d’alcool ou l’arrêt du tabagisme, on est en excellente position pour motiver le patient et agir sur plusieurs plans à la fois. C’est ce qui est vraiment particulier à la médecine de famille, à mon avis. Je pense qu’on peut avoir un impact considérable. » 

 

Le site d’enseignement du Programme de formation médicale décentralisée à Shawville 

  • Population : 20 300 personnes (région du Pontiac) 
  • Langues parlées : 60 % anglais, 40 % français  
  • Hôpital : 31 lits de soins aigus, 165 accouchements et 1200 interventions chirurgicales par an  
  • Les résidents sont affectés à une équipe de médecins de famille
     

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