Chers membres de la communauté mcgilloise,

Bien que les projets que nous avions faits pour l’Action de grâce ce week-end ont dû être modifiés, c’était néanmoins pour nous tous l’occasion de réfléchir et de témoigner notre gratitude. Tout en haut de la liste des remerciements que je souhaite adresser figurent ceux qui vous sont destinés, pour votre compassion, pour votre générosité les uns envers les autres et pour le travail que vous avez accompli sans relâche, grâce auquel nous avons pu mener à bien l’ensemble de nos projets des derniers mois.

Nous traversons une période indéniablement singulière et exigeante. Les différents aspects de nos vies — étudiante, professionnelle et personnelle — s’entremêlent, à un point tel qu’il peut devenir difficile de les dissocier les uns des autres. Les nombreux plaisirs que nous attendons avec impatience, dont celui de voir renaître nos campus au début de l’année universitaire, sont reportés à plus tard. Nous vivons en effet une période marquée au sceau de l’incertitude. Nous pouvons tout à la fois souffrir d’isolement et peiner à trouver du temps pour soi-même.

Si cette situation nous a été imposée, nous pouvons néanmoins décider des leçons que nous en tirerons et que nous mettrons en œuvre, une fois cette période derrière nous.

Nous traversons une étape d’apprentissage intensive qui est selon moi fort stimulante. Pour l’instant, il peut être difficile d’en constater les avantages, et nous aurons probablement besoin de recul avant de réaliser pleinement tout ce que nous aurons acquis durant cette période.

Cela me rappelle l’une des cérémonies de collation des grades du printemps, en 2018. Ce jour-là, l’Université se préparait à décerner un doctorat honorifique au formidable auteur canado-haïtien Dany Laferrière. Quelques minutes avant le début de la cérémonie, une tempête a causé une panne d’électricité. Il n’y avait rien d’autre à faire qu’attendre. Lorsque l’électricité est revenue, M. Laferrière a demandé : « Que faire lorsqu’on ne peut pas faire ce qu’on a envie de faire? » Il a alors parlé de « ce moment qui nous tient immobiles », cette pause imprévue, qui impose soudainement le calme et la quiétude dans nos vies frénétiques et assourdissantes.

Force est de constater que nous vivons bel et bien un moment qui nous tient immobiles. Je suis persuadée que cette période d’interruption forcée dans nos existences agitées se révélera une occasion inespérée de dresser le bilan de ce qui nous tient à cœur et de ce qui compte dans nos vies et dans celle de McGill et de sa communauté. L’électricité reviendra. Et lors de ce jour attendu, nous aurons alors acquis de précieuses leçons.

J’espère que vous vous portez bien. Merci encore à tous.

Cordialement,

Professeure Suzanne Fortier

Principale et vice-chancelière

Professeure McCall MacBain