Par Lisa Dutton

Joe Schwarcz, Ph. D., est le directeur de l’Organisation pour la science et la société de l’Université McGill. Il a consacré une bonne partie de sa carrière à démêler ce qui est sensé de ce qui est insensé. Ses conférences publiques informatives et divertissantes sur des sujets allant de la chimie de l’amour à la science du vieillissement en ont fait une figure connue. Son enseignement de la chimie et son interprétation de la science au bénéfice du public lui ont valu de nombreux prix. Il est d’ailleurs le seul non-Américain à avoir remporté le prestigieux Prix Grady-Stack de l’American Chemical Society pour son travail de vulgarisation de la chimie. Il anime l’émission The Dr. Joe Show à la station de radio CJAD de Montréal et ses passages sur The Discovery Channel, CTV, CBC, TV Ontario et Global Television sont légion. Le Pr Schwarcz rédige la chronique The Right Chemistry pour le quotidien Montreal Gazette et est l’auteur de plusieurs livres.

Le Pr Schwarcz fera sa présentation accréditée de développement professionnel continu (DPC) intitulée « Diet and Cancer » le jeudi 21 novembre, de 18 h 30 à 19 h 30. On peut y assister sur place ou en ligne. Inscrivez-vous sans tarder à cpd.mcgill.ca/register.

Consultez les prochaines causeries éducatives et accréditées organisées par le Bureau de DPC de McGill à cpd.mcgill.ca/events.

Le PSchwarcz a pris le temps de répondre à quelques questions en amont de sa causerie.
Comment savons-nous qu’il existe un lien entre l’alimentation et le cancer?

Nos connaissances sur le lien entre l’alimentation et le cancer sont pour la plupart dégagées d’études épidémiologiques ou cas-témoins. Les études épidémiologiques font appel à des sujets qui remplissent des questionnaires à propos de leur régime alimentaire, et il est notoire qu’elles sont peu fiables. Cela dit, étant donné la participation de populations nombreuses, ces études peuvent néanmoins fournir de l’information précieuse. Les études cas-témoins sont plus utiles, mais en raison de variables de confusion, elles ne peuvent établir de relations de cause à effet. Bien qu’on puisse critiquer des aspects de chaque type d’étude, le très grand nombre d’études à avoir été réalisées peut permettre de tirer certaines généralisations fiables. Un régime riche en aliments d’origine végétale et pauvre en viande rouge, alcool, sucre, farines raffinées et aliments transformés (les viandes transformées en particulier) reste la meilleure solution pour réduire le risque de cancer.

Y a-t-il des aliments que les médecins devraient conseiller à leurs patients d’éviter ou de limiter, et d’autres que les patients devraient consommer si le cancer les préoccupe?

Les gens devraient consommer de 5 à 7 portions de fruits et légumes par jour et moins de 40 grammes de sucre. Les portions de viande rouge devraient être sporadiques et ne pas excéder plus de 4 oz (113 g) par portion, et les viandes transformées devraient être un plaisir occasionnel. Les céréales et le pain devraient être à base de grains entiers. Des légumes crucifères comme le brocoli et les choux de Bruxelles peuvent procurer certains bienfaits. Rien ne prouve que les suppléments alimentaires réduisent le risque de cancer, mais certaines données montrent que la tomate, les graines de lin et des produits de soja non fermenté peuvent réduire le risque de cancer de la prostate. La consommation de boissons sucrées devrait être limitée le plus possible, voire éliminée. Il n’existe aucune preuve qui lie les édulcorants artificiels au cancer. La cuisson à température élevée de la viande devrait préoccuper en raison de la formation d’amines hétérocycliques et d’hydrocarbures polycycliques qui sont cancérigènes. On a démontré récemment que les gens qui consomment régulièrement du yogourt non sucré contenant des bactéries vivantes ainsi que des aliments riches en fibres ont un risque plus faible de cancer du poumon.

Qu’en est-il du lien entre le sucre et le cancer?

Le sucre est lié à un risque accru d’obésité, laquelle est liée à une augmentation du risque de cancer. Or, il est aussi possible que le sucre soit en cause dans le cancer en l’absence du facteur obésité. Une consommation élevée de sucre peut entraîner une résistance à l’insuline et, par conséquent, un taux circulant plus élevé d’insuline, à son tour associé à une augmentation du risque de cancer.

Régime cétogène, régime méditerranéen, régime paléolithique. Si les gens souhaitent changer leurs habitudes alimentaires, l’un de ces régimes est-il préférable? 

Le régime méditerranéen limite la viande rouge, l’ajout de sucre, mais est riche en noix, fruits et légumes, en particulier en olives et huile d’olive. Selon certaines données épidémiologiques, on associe ce régime à un risque plus faible de cancer. On observe une association similaire avec le régime Okinawa, qui privilégie aussi en grande partie les aliments d’origine végétale et un ratio glucides-protéines de 10 pour 1, soit une faible ingestion de viande. Une étude française avançait qu’une réduction du risque de cancer est observable chez les gens qui consomment essentiellement des aliments biologiques, mais la méthodologie de l’étude a été contestée.

Afin de s’inscrire à la conférence accréditée du PSchwarcz et/ou de découvrir les prochaines causeries accréditées de DPC, veuillez consulter cpd.mcgill.ca. Les présentations de la saison 2019-2020 sont gratuites pour les étudiants et résidents de la Faculté de médecine.

Le 15 novembre 2019