Abhinav Sharma, chercheur à l’IR-CUSM, préconise une approche qui met l’accent sur le consentement volontaire
Source: CUSM
À mesure que les applications de traçage numérique des contacts deviennent disponibles, plusieurs personnes les voient comme une solution puissante aux nombreux défis posés par la pandémie actuelle de COVID-19. Toutefois, les considérations relatives à la vie privée entourant l’utilisation de ces technologies doivent être évaluées. Dans un commentaire publié en ligne le 2 juin dans The Lancet, le Dr Abhinav Sharma, scientifique junior à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, présente les principaux défis que posent ces technologies et décrit une approche de la recherche numérique des contacts qui protège la vie privée.
Les applications de traçage numérique permettent de localiser des personnes à l’aide du GPS, du Bluetooth ou d’autres technologies de ce type et créent une trace numérique lorsque les utilisateurs se trouvent à proximité. À l’aide de stratégies d’apprentissage automatique, certaines de ces applications peuvent également calculer le risque individuel quantifiable d’être infecté par la COVID-19 et délivrer des messages comportementaux pour aider l’individu à prendre les mesures appropriées.
« Ces multiples avantages personnels pourraient permettre un contrôle épidémiologique rapide de la pandémie », déclare le Dr Sharma, qui est également professeur adjoint au sein des divisions de cardiologie et de médecine expérimentale du Département de médecine de l’Université McGill et l’auteur principal du texte. Celui-ci intègre une approche pluridisciplinaire de la vie privée, grâce à l’apport des co-auteurs qui proviennent des domaines du droit, de l’intelligence artificielle, des sciences du comportement et de l’informatique.
Toutefois, pour limiter efficacement la transmission des virus, la technologie doit être largement adoptée par la population, et cet objectif est loin d’être atteint. Pour de nombreuses raisons, la confiance du public dans les technologies numériques s’est érodée et doit être restaurée, expliquent les auteurs.
Éducation, consentement éclairé et gestion des données
Selon les auteurs, préconiser une approche qui met l’accent sur le consentement volontaire et empêche toute autorité centrale publique ou privée d’accéder à des données identifiables encouragerait les gens à télécharger l’application, ce qui maximiserait les avantages pour la population. Le texte comprend une liste de recommandations basées sur quatre axes : le consentement, la surveillance, l’acquisition virtuelle de données et la prise de décision éclairée.
Avec une coalition de chercheurs et d’experts dirigée par Yoshua Bengio à Mila, le Dr Sharma a travaillé comme responsable de la santé sur le développement de COVI, une application qui utilise l’intelligence artificielle pour combattre la COVID-19 et qui a été conçue pour protéger la vie privée et les droits de l’homme.
« Il est essentiel de disposer d’un cadre clair pour la protection de la vie privée, » déclare le Dr Sharma, qui espère que « le déploiement de telles stratégies de sensibilisation aux risques facilite la réduction du risque de transmission de la COVID-19 tout en permettant à un maximum de personnes d’éviter d’être confinées. »
Le 16 juin 2020