Ces dernières semaines ont été difficiles.

En mai, le plus récent épisode dans le conflit israélo-palestinien a éclaté au Moyen-Orient, créant l’inquiétude chez les membres de notre communauté qui ont de la famille et des amis dans la région, et engendrant des messages de détresse de la part de nos étudiants.

À la fin du mois, on a annoncé la découverte des dépouilles de 215 enfants sur le site d’un ancien pensionnat autochtone à Kamloops, en Colombie-Britannique. Nous avons été choqués par ce rappel effroyable de la longue histoire de racisme anti-autochtone au Canada.

Puis, cette semaine, nous avons été horrifiés par un crime haineux présumé commis contre une famille musulmane sans histoire de London, en Ontario, un événement qui fait écho à la tuerie perpétrée contre des musulmans ici au Québec en 2017. De façon compréhensible, les membres de la communauté musulmane, y compris à McGill, sont bouleversés, en colère et ne se sentent pas en sécurité.

Également au cours des dernières semaines, la Faculté a reçu des messages de membres juifs de la population étudiante et du corps enseignant qui disent vivre aussi de l’insécurité en raison de l’augmentation des incidents antisémites dans plusieurs villes, dont Montréal.

C’est avec cette toile de fond qu’a été convoquée une assemblée générale d’urgence de l’Association des étudiant(e)s en médecine de McGill (MSS) pour débattre d’une motion qu’avaient reçue toutes les associations étudiantes en médecine au Canada. Les membres ayant présenté la motion ont plaidé pour le peuple palestinien dans un contexte de santé publique. La discussion et le vote qui ont suivi ont mené à une grave division au sein des membres de la MSS. Dans la foulée de l’assemblée, le Bureau SOURCES de la Faculté a reçu un nombre alarmant d’appels et de courriels d’étudiantes et étudiants juifs disant que cette situation leur a causé de l’insécurité. Nous avons aussi reçu des messages d’étudiantes et étudiants qui ressentent de la vulnérabilité en raison de possibles représailles en raison de l’islamophobie ou pour une prise de parole propalestinienne. Toutes les personnes qui ont communiqué avec nous éprouvent de la détresse, se sentent muselées et blessées.

Je trouve cette situation extrêmement troublante, pour deux raisons principales.

Premièrement, la Faculté est responsable d’assurer le bien-être et la sécurité de tous les membres de sa population étudiante. Lorsqu’un incident leur cause un sentiment de vulnérabilité dans le milieu d’apprentissage, surtout en ce qui a trait à l’identité sociale, il est de notre devoir de réaffirmer notre engagement d’inclusion. La discrimination sous toutes ses formes n’a aucune place au sein de notre Faculté.

Deuxièmement, la MSS, dont la mission est de représenter l’ensemble des étudiants et étudiantes, est devenue un lieu de division. Il est temps de retisser les liens et de rétablir la confiance; pour ce faire, nous devons tous faire preuve d’une écoute et d’un engagement respectueux. L’écoute est l’une des aptitudes les plus importantes du médecin. Savoir écouter quelqu’un avec qui nous sommes en désaccord, qui est différent de nous, ou même que nous n’aimons pas outre mesure, est essentiel à la pratique de la médecine. En arrivant en milieu clinique, nous sommes avant tout appelés à prendre fait et cause pour le patient ou la patiente qui est devant nous. Nous sommes aussi appelés à travailler ensemble en tant que professionnels, au nom de nos patients. Cette aptitude à entendre ce qu’exprime une personne même si nous avons peu d’affinités avec elle est essentielle pour être un bon médecin, et même un bon être humain. J’appelle chacun et chacune d’entre nous, dès maintenant, à nous concentrer sur l’écoute et le renforcement des liens.

En tant qu’organisation représentant l’ensemble des étudiantes et étudiants en médecine, la MSS aura un rôle essentiel à jouer pour nous aider à avancer dans cette voie renouvelée. Je suis convaincu que la MSS est déterminée à écouter et à représenter tout l’effectif étudiant en médecine à McGill, et à veiller à ce que tous ses membres se sentent en sécurité. Je sais que la direction de l’association travaillera fort pour combler le fossé qui s’est creusé. Bien que la MSS soit une organisation indépendante, la Faculté est là pour fournir toute l’aide et le soutien possibles.

Comme doyen, j’ai aussi une responsabilité centrale dans l’unification de notre communauté. Je collaborerai avec d’autres membres de la direction de la Faculté, de l’Université et de la MSS pour traverser cette situation difficile, soutenir nos apprenants et enseignants, et mettre en œuvre notre programme pour devenir une communauté unie contre toutes les formes de racisme et de discrimination. Par l’entremise du Bureau SOURCES de la Faculté et d’autres ressources, mon équipe de direction et moi-même continuerons de soutenir les membres de la population étudiante, dont ceux qui ont exprimé à juste titre leurs préoccupations et leur détresse. Nous finaliserons notre nouveau programme d’enseignement antiraciste qui abordera, du point de vue médical, le racisme et la discrimination.

Au fil de nos efforts collectifs, je me concentrerai sur ces priorités pour que tous et toutes se sentent appartenir à la communauté de l’École de médecine de McGill. Merci de contribuer à faire de notre École un lieu axé sur le respect mutuel, la sécurité de tous et les soins offerts avec compassion.

Sincères salutations,

Dr David Eidelman
Vice-principal (santé et affaires médicales)
Doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé