par Malcolm Baines, professeur émérite, Département de microbiologie et d’immunologie

Notre ami et collègue Zafer Ali-Khan a touché de nombreuses vies, à McGill et dans le monde. Passionné d’actualité, il suivait avidement les médias imprimés et électroniques, et était la seule personne de mon entourage qui lisait régulièrement les contenus d’Al Jazeera. Il pouvait donc discuter en profondeur des problèmes et situations politiques des peuples et des pays les plus divers, ici comme ailleurs. Depuis sa retraite, nous déjeunions ensemble le plus souvent possible le vendredi, et la conversation gravitait toujours vers des sujets d’actualité peu connus. Je suis certain qu’il trouverait la situation politique actuelle chez nos voisins du Sud très divertissante.

Après une maîtrise en parasitologie à l’Université de Karachi, au Pakistan, un doctorat de l’Université Tulane de la Nouvelle-Orléans et un postdoctorat à la UCLA, Zafer Ali-Khan est devenu un expert de premier plan en parasitologie. Recruté par l’Université McGill, il était fréquemment consulté par des hôpitaux montréalais qui souhaitaient obtenir son opinion sur des biopsies et des spécimens prélevés chez des patients présentant des lésions inhabituelles. De 1972 à 1978, il a été directeur de l’unité de parasitologie clinique de l’Hôpital Royal Victoria. Ses recherches portaient sur l’amyloïdose, une maladie chronique souvent mortelle dans laquelle diverses réactions inflammatoires chroniques causent des défauts de repliement et l’accumulation de dépôts insolubles de substance amyloïde dans des tissus sains, dont le fonctionnement normal est ainsi perturbé. Les dépôts amyloïdes dans les reins nuisent à la fonction rénale, et d’autres organes peuvent être touchés, comme le cœur, et possiblement le cerveau. Zafer a découvert que certaines parasitoses chroniques peuvent déclencher l’altération partielle de précurseurs amyloïdes et le défaut de repliement qui accélère le dépôt d’amyloïde. À l’aide du parasite Ehinococcus multilocularis, il a développé un modèle murin afin d’explorer la production et le dépôt d’amyloïde, ainsi que les conséquences pathologiques de l’amyloïdose. Ces dernières années, il a remarqué une similitude entre certains des changements tissulaires chez son modèle et les changements observés dans la maladie d’Alzheimer. Il était un chercheur passionné, fidèle à sa vision de comprendre la pathogenèse de l’amyloïdose et des maladies connexes, pour trouver un moyen de les prévenir. Il a formé de nombreux étudiants à l’art de la recherche. Durant sa carrière à McGill, il a publié plus de 65 articles avec ses étudiants dans des revues de parasitologie, d’immunologie et de pathologie, en plus de rédiger des chapitres de plusieurs ouvrages savants dans ses domaines de recherche. Il était très apprécié des étudiants aux cycles supérieurs et a joué un rôle déterminant pour améliorer leur expérience, dans ses fonctions de président du comité des études supérieures, de 2000 à 2010.

Père dévoué, Zafer laisse dans le deuil ses deux filles, Sarah et Natasha, nées de son mariage avec Felicity Cutten, professeure d’étymologie au Campus MacDonald de l’Université McGill. Sarah est titulaire d’un baccalauréat en biochimie et d’un doctorat en pharmacologie et thérapeutique, en plus d’être l’une des plus grandes athlètes étudiantes de l’histoire de l’athlétisme mcgillois. Elle a été intronisée au Temple de la renommée du sport de l’Université McGill en 2013. Sarah vit à Montréal avec son conjoint Marty et son fils Hudson. Elle travaille sur les politiques publiques relatives aux brevets et à la science ouverte en recherche biotechnologique au Centre des politiques en propriété intellectuelle de la Faculté de droit de l’Université McGill. Natasha est titulaire d’une maîtrise en urbanisme, également à l’Université McGill, et habite à Seattle avec son mari Wayne et ses filles Willow et Reese. Zafer adorait sa famille et la visitait aussi souvent que possible.

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Le 8 juin 2017