Adult and child holding red heart in hands top view. Family relaChez les enfants hospitalisés, le taux de survie jusqu’au congé de l’hôpital après un arrêt cardiaque nécessitant une réanimation cardiorespiratoire (RCR) est plus faible la nuit que le jour ou le soir, selon un article publié en ligne par la revue JAMA Pediatrics.

Chaque année, bon nombre des quelque 6 000 enfants qui reçoivent une RCR dans les hôpitaux américains ne survivent pas jusqu’à l’obtention de leur congé de l’hôpital. Or, des études réalisées chez les adultes semblent indiquer que les résultats cliniques empirent lorsque l’arrêt cardiaque a lieu la nuit.

Les coauteurs de l’étude, dont le Dr Farhan Bhanji, professeur de pédiatrie et membre du Centre d’éducation médicale de la Faculté de médecine de l’Université McGill, ont eu recours à un important registre multicentrique d’arrêts cardiaques en milieu hospitalier, le registre Get With the Guidelines Resuscitation (GWTG-R) de l’American Heart Association, pour examiner les taux de survie en fonction de l’heure et du jour de la semaine chez les enfants hospitalisés victimes d’un arrêt cardiaque.

L’étude a porté sur un groupe de 12 404 enfants hospitalisés (dont plus de la moitié étaient des garçons) ayant reçu plus de deux minutes de RCR. De ces événements, 8 568 ont eu lieu le jour ou le soir, et 3 836 se sont produits la nuit. La taille médiane des 354 hôpitaux ayant fourni des données dans le cadre de l’étude était de 333 lits.

Des 12 404 enfants, 8 731 (70,4 %) ont connu un rétablissement de la circulation sanguine durant au moins 20 minutes, 7 248 (58,4 %) ont survécu 24 heures après la RCR et 4 488 (36,2 %) ont survécu jusqu’au congé de l’hôpital.

Après ajustement en fonction de facteurs de confusion potentiels, le taux de survie jusqu’au congé était inférieur d’environ 12 % durant la nuit que le jour ou le soir, mais ne différait pas entre la semaine et la fin de semaine.

« Le taux absolu de survie jusqu’au congé était plus faible la fin de semaine que la semaine, mais cette différence s’est avérée statistiquement non significative après ajustement en fonction des facteurs de confusion », écrivent les auteurs. L’étude présente selon eux plusieurs limites, notamment l’impossibilité de cerner les causes sous-jacentes de la variation des taux de survie.

Selon les chercheurs, la diminution des taux de survie la nuit est « un problème de santé publique important, mais encore peu reconnu. »

« Ce fait est d’une grande pertinence car les manœuvres de réanimation non optimales constituent un préjudice potentiellement évitable », font remarquer les auteurs. « En supposant 6 000 événements de RCR par année, nous avons conclu que simplement en haussant le taux global de survie (36,2 % actuellement) au niveau observé le jour en semaine (41,1 %) durant la période de l’étude, près de 300 enfants de plus seraient sauvés par année aux États-Unis. Les implications de ces résultats pourraient être importantes pour la dotation en personnel, la formation et l’allocation des ressources en milieu hospitalier. »

Dans le contexte canadien, le Dr Bhanji se dit préoccupé du manque de suivi et d’analyses comparatives. « Si on ne mesure pas, on ne peut pas s’améliorer, souligne-t-il. Malheureusement, nous ne consignons pas systématiquement l’issue des arrêts cardiaques dans les hôpitaux pédiatriques canadiens; or, sans ces données, il est difficile de cerner les problèmes et de travailler à les régler. Nous assurons un suivi et une analyse comparative pour d’autres mesures cliniques importantes, mais n’avons pas encore établi une approche systématique pour cette donnée clinique cruciale, qui affiche pourtant une variabilité significative. »

La conclusion de l’étude : « L’écart entre les résultats cliniques observés le jour et la nuit représente un problème important pour la sécurité des patients qui exige une étude plus approfondie. »

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(JAMA Pediatr. Publié en ligne le 7 novembre 2016. doi:10.1001/jamapediatrics.2016.2535.)

Le 1 décembre 2016