Le Programme de vie pour les aînés (HELP) de l’Hôpital général juif, auquel participent des apprenantes et apprenants de McGill, permet d’améliorer les résultats cliniques des patients en leur offrant des exercices physiques de base, de la compagnie et une aide à l’heure des repas. Les nouvelles données de l’équipe HELP révèlent une réduction importante du nombre de jours d’hospitalisation pour les personnes participantes.  

Imaginez une intervention de santé qui contribue à réduire la durée du séjour à l’hôpital des patients fragiles en les aidant à rester plus alertes, heureux et autonomes. C’est le résultat impressionnant qu’a obtenu un programme de l’Hôpital général juif (HGJ), sans déployer de traitements ou de soins coûteux.  

Une analyse interne du Programme de vie pour les aînés (HELP), qui vise à prévenir le delirium et le déclin fonctionnel chez les personnes âgées fragiles ou les plus jeunes présentant un profil gériatrique, a montré que les patients qui en ont bénéficié ont séjourné en moyenne 7,6 jours de moins à l’hôpital que ceux qui ont refusé d’y participer en 2023-2024. Parmi les patients ayant bénéficié du programme HELP, 76 % ont obtenu leur congé et sont retournés chez eux ou ont été admis dans un hôpital de réadaptation. 

Créé par Sharon K. Inouye, M.D., MSP, de l’école de médecine de la Yale University, le programme HELP a été adapté à l’HGJ et est désormais proposé dans dix unités de l’hôpital.  

Le programme propose des activités comme des exercices physiques de base, une aide aux repas, des jeux et de la compagnie aux patients admissibles afin de les maintenir physiquement actifs et mentalement stimulés.  

Depuis plusieurs années, les stages avec HELP font partie de la formation obligatoire en première année des programmes de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie (ÉPE). Au cours de l’année universitaire 2023-2024, l’École de nutrition humaine a aussi entamé un partenariat avec le programme : 17 étudiantes et étudiants de maîtrise en nutrition ont effectué un stage au sein du programme HELP aux côtés de 71 étudiantes et étudiants en première année de physiothérapie et d’ergothérapie.  

Des patients plus joyeux, éveillés et proactifs 

Isabelle Lamontagne, coordinatrice du programme HELP, et Emmanuel Nzayisenga, assistant en réadaptation, forment et encadrent les bénévoles du programme. Tous deux ont constaté les effets positifs de la présence des stagiaires chez les patients. 

Les patients qui participent aux activités « sont plus joyeux, plus éveillés, plus proactifs et prennent davantage leur santé en main », explique Isabelle Lamontagne.  

Chaque séance avec une ou un stagiaire ou bénévole du programme prépare également les patients à leurs interactions quotidiennes avec le personnel infirmier, les ergothérapeutes, les kinésithérapeutes et d’autres membres de l’équipe de soins. 

Aider un patient à rester orienté et à prendre ses repas présente d’énormes avantages tant pour le patient que pour les soignants, explique Mary Lattas, ergothérapeute, vice-doyenne, Enseignement des professions de la santé à la Faculté de médecine et des sciences de la santé, professeure adjointe (professionnelle) à l’ÉPE et directrice de la réadaptation et des services multidisciplinaires au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. 

« Beaucoup de ces patients sont seuls à l’hôpital. Ils peuvent être atteints d’arthrite et avoir de la difficulté à ouvrir un contenant de jus, dit-elle. S’ils ne mangent pas, ils n’ont pas la force de se lever. Le fait qu’ils aient mangé, qu’ils se soient levés et qu’ils soient prêts optimise le temps de travail du professionnel ou de la professionnelle de santé. Et si on prévient les patients qu’ils auront la visite d’un apprenant ou d’une apprenante du programme, c’est aussi quelque chose dont ils peuvent se réjouir à l’avance. » 

D’autres activités du programme HELP, comme l’exercice physique, l’écoute de musique, les jeux, la préparation du coucher ou une simple conversation, jouent également un rôle important dans le maintien des capacités cognitives, du sommeil et du bien-être général des patients.  

Depuis le lancement du programme HELP à l’HGJ en 2017, de nombreux patients et leurs proches ont fait part de leur reconnaissance envers celui-ci. Une personne ayant bénéficié du programme HELP en 2022 a dit ceci à l’équipe : « Merci à vous et à votre équipe pour votre soutien chaleureux et votre accompagnement, qui ont été si importants et vitaux pour mon rétablissement. » 

Évolution des aspirations professionnelles de la relève en santé 

Une formation théorique et pratique de plusieurs heures est offerte à tous les bénévoles du programme HELP, y compris les stagiaires de McGill. Si les stagiaires doivent ensuite effectuer un nombre d’heures donné pour satisfaire aux exigences de leur programme d’études, beaucoup continuent à s’investir dans le programme HELP longtemps après leur stage.  

« Lorsque les apprenantes et apprenants travaillent dans le service pour la première fois, ils découvrent le plaisir que l’on peut avoir avec les patients, explique Isabelle Lamontagne. Contrairement à ce que l’on pourrait penser en entrant dans la chambre d’un patient un peu déprimé, la plupart des patients sont heureux de participer et, à la fin, ils ont un grand sourire. » 

L’intégration du programme HELP aux programmes d’études permet aux stagiaires d’acquérir une expérience interprofessionnelle pratique en milieu clinique dès le début de leurs études. Cela leur ouvre également les yeux sur une carrière parfois insoupçonnée, explique Gina Mills, orthophoniste (C), adjointe à la Direction de réadaptation et services multidisciplinaires au CIUSSS. 

« Avant, la gériatrie était l’un des domaines dont les gens se détournaient – les apprenants et apprenantes voulaient se diriger vers la pédiatrie, ajoute-t-elle. Mais grâce au programme HELP, ils interagissent avec les patients, s’amusent et voient qu’ils font la différence. » 

Un témoignage d’une apprenante de 2022, recueilli dans le cadre des recherches que mène actuellement l’équipe, abonde en ce sens. « Le programme HELP a complètement changé la trajectoire de mes études », a-t-elle déclaré à l’équipe, ajoutant qu’il l’avait incitée à obtenir une maîtrise en santé publique axée sur le vieillissement en bonne santé. 

Mary Lattas souligne également le succès du programme, qui permet d’initier les futurs professionnels et professionnelles de la santé à la gériatrie à un moment où le recrutement dans les CHSLD ou dans d’autres établissements de soins gériatriques s’avère difficile.  

« Nous espérons que les apprenantes et apprenants se passionneront pour le travail avec la clientèle gériatrique, dit-elle. Le programme HELP change la vie des patients et cela n’aurait pas été possible sans ceux et celles qui constituent la relève en santé. » 

Reconnaissance et retombées  

Les nouvelles données probantes quant à l’efficacité du programme HELP pour les patients ont été présentées lors du Sommet VBHC des Amériques portant sur les soins de santé fondés sur la valeur qui a eu lieu récemment au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, à la réunion scientifique annuelle de la Société canadienne de gériatrie à Calgary ainsi qu’à d’autres conférences. 

Après avoir reçu une mention spéciale pour le Prix Hippocrate, qui souligne l’excellence d’équipes interdisciplinaires en santé, l’équipe du programme HELP souhaite maintenant continuer à se développer et à accroître sa portée. 

Selon Gina Mills, l’équipe est « extrêmement fière de la croissance soutenue du programme depuis sa création et tient à souligner le rôle essentiel que son partenariat avec l’Université McGill a joué dans cette évolution ». 

« Les occasions, les perspectives et les connaissances qu’il offre aux apprenantes et apprenants auront un effet extrêmement positif sur le perfectionnement professionnel de la prochaine génération de professionnels et professionnelles de la santé. Nous nous réjouissons à l’idée d’établir de nombreuses autres collaborations mutuellement bénéfiques de cette nature avec la communauté de McGill. »