Dans notre série McGill au Québec : mission santé, nous mettons en lumière le travail que réalisent des membres de la Faculté de médecine et des sciences de la santé d’un bout à l’autre du Québec. De la Montérégie et de l’Outaouais à l’Eeyou Istchee et au Nunavik, nos apprenants, apprenantes, cliniciens, cliniciennes et scientifiques ont le privilège et la fierté de s’associer aux communautés pour apprendre et enseigner, prendre soin de la population québécoise et améliorer la santé de tous. Découvrez leurs histoires passionnantes.

 

Au Campus Outaouais de McGill, le partenariat avec les organismes communautaires est intégré à même la formation des futurs médecins et profite d’une vitrine annuelle toute particulière, les Journées des organismes partenaires de l’enseignement. Explications. 

Dans le cadre du cours CHAPP (pour Communauté habilitante à l’apprentissage de la pratique à travers le partenariat), tous les étudiants et étudiantes de deuxième année en médecine à McGill effectuent un stage obligatoire de santé publique dans la communauté. En plus de faire connaître aux futurs médecins les réalités des personnes vulnérables, ce stage renforce leurs relations avec des groupes communautaires qui œuvrent à accroître le bien-être de leur clientèle.  

Le cours est commun aux deux campus du programme de médecine, mais la démarche va encore plus loin au Campus Outaouais. « Le CHAPP de Gatineau se distingue de celui de Montréal par ses journées des organismes partenaires de l’enseignement, les JOPE », explique Siham Benyoucef, M.D., directrice du cours CHAPP à Gatineau. « Au terme de leur stage, les étudiants présentent leur expérience à leurs pairs. Pour l’occasion, le Campus Outaouais invite ses 21 organismes partenaires, qui ont aussi la chance de se présenter aux étudiants. Nous mettons ainsi l’accent sur le partenariat entre le Campus Outaouais et les organismes. » 

Durant les JOPE, un échange des plus bénéfiques s’opère entre McGill, sa communauté étudiante et les organismes communautaires de l’Outaouais. Ces derniers ont l’occasion de sensibiliser non seulement de futurs médecins à leur cause, mais aussi de se retrouver entre eux, au même endroit, au même moment. « C’est une occasion unique de réseautage et de parler de leur clientèle respective, ce qui permet de créer des synergies complémentaires », ajoute la directrice du cours. Elle s’empresse d’ailleurs de remercier les organismes participants, car sans eux, le cours CHAPP serait privé de sa plus importante composante. « Je remercie aussi le personnel administratif du Campus Outaouais de McGill sans qui la journée JOPE ne connaîtrait pas un tel succès. » 

Revenons au CHAPP. Le cours permet aux étudiants et étudiantes de se rendre sur le terrain auprès des clientèles des organismes partenaires et de se familiariser avec les difficultés qu’elles vivent. « Les étudiants apprennent beaucoup, car ils vont au-delà de la théorie. Même les étudiants qui sont moins intéressés ne restent pas indifférents », explique la Dre Benyoucef. Certains étudiants poursuivent par la suite d’autres stages dans la communauté, tandis que d’autres envisagent une carrière médicale assortie d’une pratique communautaire, en médecine de famille, en pédiatrie sociale, en santé publique, dans les centres de prévention à la dépendance ou encore auprès des personnes réfugiées. 

Monica Tonle, étudiante de première année au Campus Outaouais, avait entendu parler du programme CHAPP dès son processus d’admission, et ça l’avait beaucoup interpellée. « Je craignais que le bénévolat en milieu communautaire ne soit pas une priorité durant mon apprentissage des sciences fondamentales, m’éloignant ainsi des valeurs qui m’ont poussée en médecine. Mais quand j’ai entendu parler du CHAPP, ça m’a encouragée. » 

L’étudiante compte tirer d’importants apprentissages de son stage au sein d’un organisme qu’elle a justement découvert grâce aux JOPE. Elle compte notamment se familiariser avec la population que l’organisme dessert. « Les conversations que j’aurai avec les gens ne seront jamais perdues. Je pourrai toujours appliquer ces apprentissages ultérieurement dans ma pratique. » 

Habituée du bénévolat, Monica pense aussi pouvoir continuer de redonner à sa communauté. « Grâce à notre situation d’étudiants en médecine, nous connaissons certaines ressources que nous pouvons proposer. Après tout, un système de santé en santé, ce ne sont pas seulement des médecins, des infirmières, des physiothérapeutes et tous les autres travailleurs de la santé. Ce sont aussi des organismes, des ressources, du soutien, des politiques publiques. C’est toute une communauté qui s’active. » 

Michel Kasongo est le directeur général de la Soupe populaire de Hull (SPH), un véritable carrefour de services communautaires en activité depuis 50 ans. On y découvre des services de dentisterie (uniques en leur genre en Outaouais), d’alimentation, d’hébergement, de prévention, de fiducie, de réinsertion au travail pour les nouveaux arrivants, etc.  

Depuis trois ans, la SPH collabore avec McGill pour accueillir deux stagiaires à la fois. « Pour nous, c’est un vrai plaisir de les recevoir, car nous croyons à un partenariat fort pour lutter contre les vulnérabilités », explique le directeur général. « Nous offrons aux étudiants la possibilité de se préparer et d’adapter leur pratique face à ces populations qui requièrent des interventions atypiques. »  

Selon Michel Kasongo, les stagiaires sont des observateurs avertis qui formulent des commentaires, proposent des ajustements ou posent des questions. « Leurs questions nous amènent à voir autrement ce qui se passe chez nous. C’est une grande richesse qui nous fait du bien. Ça donne espoir de voir la jeunesse québécoise si intéressée. Le Québec de demain en sera meilleur! » 

Ce qui cadre bien avec l’objectif que vise la Dre Benyoucef avec le cours CHAPP : « Je veux sensibiliser nos étudiants à la stigmatisation et aux stéréotypes. Si nous réussissons à les éliminer, nous aurons gagné notre pari. » 

 

Photos: Campus Outaouais