Il est essentiel d’aborder les déterminants sociaux de la santé dans l’enseignement des professions de la santé. On favorise ainsi un engagement actif à l’égard de la justice sociale et de l’équité, en plus de contribuer au professionnalisme, au respect et à l’inclusion parmi l’ensemble du corps professoral, du personnel de soutien et des apprenants et apprenantes de la Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS) de McGill. 

De nouvelles données probantes nous apprennent que la simulation pourrait servir d’approche pédagogique pour promouvoir l’apprentissage sur les questions d’équité, de diversité et d’inclusion (ÉDI) dans l’éducation en médecine et en sciences de la santé. La simulation peut aider à créer un environnement d’apprentissage sûr en permettant aux étudiants et aux étudiantes d’interagir avec une diversité de réalités vécues par la patientèle et ainsi de mieux comprendre le vécu des personnes marginalisées et défavorisées. La simulation permet aussi l’acquisition de connaissances et d’habiletés importantes liées aux soins tenant compte des traumatismes, à l’humilité culturelle et aux soins holistiques. 

Hébergé par le Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg de McGill et visant à soutenir le développement d’un enseignement par simulation socialement responsable, le Comité sur la mission sociale en simulation (CMSS) a été créé en 2019 sous la direction de Farhan Bhanji, M.D., M. Sc. éd., ancien directeur de l’éducation du Centre et actuel vice-doyen exécutif, Éducation à la FMSS, et de Niki Soilis, M.A., responsable de l’éducation au Centre.  

Le CMSS explore les façons dont l’enseignement par simulation peut répondre aux préoccupations prioritaires et aux iniquités en santé à l’échelle locale en incorporant, dans les programmes, les voix et les vécus authentiques des utilisatrices et des utilisateurs des services de santé et en ayant recours à des paradigmes d’apprentissage transformateurs pour promouvoir la réflexion critique et l’action au service de la justice sociale. Ces discussions ont mené à un examen des cadres théoriques que nous utilisons pour enseigner et des technologies auxquelles nous avons recours pour inciter à une réflexion critique. 

Ces quatre dernières années, le CMSS a fait de remarquables avancées, réunissant des spécialistes passionnés et possédant une vaste expérience en santé publique, en relations communautaires et en développement pédagogique, ainsi qu’un intérêt pour l’ÉDI et la simulation. 

Utiliser la réalité virtuelle pour former la relève en santé sur les enjeux sociaux 

Niki Soilis, Education Manager, SCSIL
Niki Soilis, Education Manager, SCSIL

La réalité virtuelle (RV) est l’une des nouvelles modalités éducatives étudiées par le CMSS. Ce dernier s’intéresse au rôle que la RV peut jouer en tant qu’outil immersif pour améliorer l’éducation sur les enjeux sociaux dans l’enseignement des professions de la santé. 

« Dans le domaine des sciences cognitives et comportementales, la RV est utilisée pour sensibiliser les gens aux enjeux sociaux depuis des décennies. Cette technologie est unique, car elle permet d’intégrer un autre point de vue dans le champ visuel d’une personne. Grâce à la narration immersive, cette personne fait l’expérience d’un défi social, soit comme témoin ou comme acteur principal. On connaît encore peu les moyens dont la RV peut nous aider pour aborder les enjeux sociaux dans le cadre de l’enseignement des professions de la santé. C’est quelque chose qui nous intéresse, le CMSS et moi-même, puisque nous explorons des façons de créer des expériences d’apprentissage transformatrices », explique Mme Soilis. 

Favoriser la réflexion critique sur l’itinérance 

À la FMSS, des recherches sont en cours pour améliorer notre compréhension des avantages de cette nouvelle modalité éducative. Au début de 2023, dans le cadre d’un cours de soins infirmiers communautaires donné par la professeure adjointe Françoise Filion, des étudiantes et étudiants de l’École des sciences infirmières Ingram ont participé à une étude qui combinait le travail communautaire sur le terrain et une expérience immersive de RV pour explorer leurs perceptions et leurs expériences liées à leur apprentissage sur l’itinérance. 

McGill nursing student Claire Meiers participates in VR research
McGill nursing student Claire Meiers

Dans le cadre du processus de l’étude, 20 étudiantes et étudiants se sont rendus au Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg pour participer à une expérience de RV mise au point à cette fin et qui les faisaient entrer dans la peau d’une personne en situation d’itinérance. Puis, ils et elles ont parlé des réactions et émotions suscitées par cette expérience ainsi que de son influence sur la façon dont nous percevons les gens en situation d’itinérance dans notre communauté. 

« J’ai trouvé l’expérience de la RV très intéressante et réaliste. Elle nous a permis d’humaniser l’itinérance en nous faisant glisser dans la peau d’une personne qui vit cette épreuve. Je suis reconnaissante d’avoir pu vivre ça, car ça m’a permis de comprendre certains aspects de l’itinérance que je n’aurais pas pu vivre sans la RV, et j’apporterai ce bagage avec moi dans ma future pratique », explique Claire Meiers, candidate à la maîtrise en sciences infirmières (appliquées). 

« Tout porte à croire que notre recherche sur les expériences d’étudiants et étudiantes qui explorent l’itinérance grâce à la réalité virtuelle produira des résultats préliminaires probants. Les participants et les participantes affirment avoir vu la “personne” grâce à la RV, avoir acquis de nouvelles perspectives sur la vulnérabilité et avoir été poussés à remettre en question leurs présomptions et leurs stéréotypes. Plusieurs ont affirmé que le fait de se “sentir” immergés dans un autre monde, puis, par exemple, évincés d’une tente par la police lors d’une simulation en réalité virtuelle a eu pour effet d’intensifier leur conscience émotionnelle. Découvrir les défis auxquels certaines personnes font face au sein des systèmes de soins de santé est un autre thème percutant qui est ressorti des discussions », affirme Elizabeth Anne Kinsella, Ph. D., directrice de l’Institut d’éducation en sciences de la santé (IÉSS), qui codirige cette recherche avec Mme Soilis. 

« La réalité virtuelle en tant qu’approche pédagogique pour l’apprentissage de l’ÉDI dans l’enseignement des professions de la santé se trouve aux premières loges des nouvelles approches pédagogiques axées sur la simulation. Même si nous voyons les résultats concrets dans la salle de classe, il y a une très grande nécessité de recherches plus poussées pour faire avancer la recherche et obtenir des données de base à l’appui de ces approches. Je suis ravie de participer à des partenariats de recherche emballants sur l’éducation entre le Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg et l’IÉSS. De nombreuses pratiques éducatives innovatrices sont en cours au Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg et il y a beaucoup d’occasions d’enrichissement mutuel de la recherche et des pratiques pédagogiques au sein de nos deux unités », conclut la Pre Kinsella.