La Faculté de médecine et des sciences de la santé a lancé le concours d’innovation clinique CLIC de McGill il y a cinq ans dans l’objectif d’encourager les innovateurs et innovatrices de la communauté à concevoir et à développer des idées prometteuses qui pourraient contribuer directement à l’amélioration des soins de santé. À ce jour, plus de 35 jeunes entreprises d’avant-garde ont bénéficié des services et du soutien d’experts dans le cadre de ce concours annuel, grâce à la générosité de ses commanditaires et de ses partenaires de l’écosystème d’innovation de McGill.
« À mon avis, le concours CLIC représente une excellente occasion de collaboration pour les membres des milieux professionnel et étudiant de tous les horizons. Les personnes travaillant dans les sciences de la santé, le milieu des affaires ou en ingénierie peuvent faire appel à l’expertise et au point de vue de leurs collègues des autres domaines pour faire germer de nouvelles idées et solutions visant à améliorer les soins aux patients et à sauver des vies », affirme Marika Zelenka Roy, B. Ing. (1961), diplômée mcgilloise et cofondatrice de deux prix CLIC, en partenariat avec CODE ViE : La Fondation de l’Hôpital général de Montréal.
AFX Medical a remporté le Prix de l’innovation Marika Zelenka Roy lors de l’édition 2022 du concours CLIC de McGill. Ce prix salue l’innovation qui représente la meilleure solution à un besoin clinique non comblé en matière de soins aux patients et qui est la plus susceptible d’être appliquée avec succès.
Simon Ducharme, M.D., neuropsychiatre et professeur agrégé au Département de psychiatrie de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas et à l’Institut-hôpital neurologique de Montréal (le Neuro), est l’un des cofondateurs d’AFX Medical, une entreprise visant à tirer parti de l’intelligence artificielle (IA) pour la mise au point de produits qui améliorent les soins cliniques pour les patients ayant des troubles cérébraux. Il nous explique comment les méthodes novatrices de l’apprentissage profond peuvent servir à développer des algorithmes qui détecteront et suivront, avec une grande précision, les métastases cérébrales sur les vues d’imagerie par résonance magnétique (IRM).
Quel besoin clinique cherchez-vous à combler? Quelle importance votre solution aura-t-elle?
La détection précoce des petites anomalies, telles que les lésions cancéreuses, sur les images d’IRM fait partie des principales tâches quotidiennes des radiologistes. Dans le cas de l’imagerie cérébrale des patients atteints du cancer, les radiologistes doivent examiner les images d’IRM prises à différents moments dans le parcours thérapeutique du patient : d’abord pour détecter les lésions cérébrales cancéreuses telles que les métastases cérébrales issues d’un cancer primaire se propageant au-delà de son foyer initial, puis pour surveiller les lésions qui avaient été détectées, puis traitées (au moyen d’un traitement local ou systémique).
Un patient donné peut avoir plus d’une douzaine de métastases cérébrales, et les radiologistes ont la tâche délicate, chronophage et susceptible à l’erreur de détecter toutes les métastases, sans exception (nommément les métastases de petite taille, parfois plus petites qu’un pois), et de surveiller leur progression au fil du temps (dont toute variation de leur grosseur) après le traitement.
Nous proposons un logiciel qui aidera les radiologistes à automatiser la détection et la mesure de toutes les métastases. Ce logiciel, considéré comme étant un appareil médical, fournira aux radiologistes certaines informations au sujet des métastases cérébrales d’un patient donné, par exemple le nombre de métastases détectées, leur taille et leur emplacement dans le cerveau. Ces informations contribueront à l’amélioration des décisions thérapeutiques et de la surveillance des lésions cancéreuses entre les traitements.
Quelle est l’inspiration de votre concept?
Dans le domaine de la recherche en imagerie médicale, nos pairs publient beaucoup d’articles décrivant des technologies avancées et de nouvelles approches, mais bon nombre d’entre elles n’intègrent jamais la pratique réelle. Cette situation cause du mécontentement, étant donné qu’on ne s’explique pas comment aucun produit n’est mis en marché dans un contexte où la recherche est florissante et propose des dizaines d’outils de détection dans les revues scientifiques.
À AFX Medical, des conseillers médicaux travaillent de concert avec des patients atteints du cancer. On nous a fait part d’une lacune à combler concernant les outils de détection et de surveillance des lésions cérébrales cancéreuses (en particulier pour les lésions de petite taille).
Comment votre solution clinique changera-t-elle les soins aux patients?
Les cliniciens et cliniciennes seront en mesure de détecter des lésions de petite taille et d’en assurer le suivi, ce qui les aidera à sélectionner les options thérapeutiques les plus appropriées pour leurs patients, par exemple en privilégiant des radiothérapies localisées entraînant moins d’effets secondaires (comparativement à l’irradiation encéphalique totale, par exemple). Nous espérons également que notre produit entraînera une réduction du nombre de reprises d’intervention attribuables aux métastases passées inaperçues. Nous cherchons, avec nos solutions, à améliorer le parcours thérapeutique des patients atteints du cancer tout en réduisant la charge de travail des médecins.
Quelles ressources fournies par le concours d’innovation clinique CLIC ou l’écosystème de McGill vous ont été spécialement utiles? Lesquelles vous enthousiasment le plus?
Nous espérons accroître notre réseau de cliniciens et cliniciennes et de partenaires de recherche au sein de l’écosystème mcgillois et ainsi poursuivre le développement de nos produits.
Les membres de l’équipe d’AFX Medical travaillent en mode virtuel pour le moment, mais les espaces de bureau et de réunion proposés aux équipes lauréates du concours d’innovation clinique CLIC seront une option intéressante lorsqu’il sera temps de rassembler l’équipe en un même lieu.
Quelles étapes prévoyez-vous franchir prochainement?
Nous en sommes aux derniers stades de réalisation de notre logiciel prototype et nous prévoyons le mettre à l’essai en contexte clinique réel afin d’évaluer sa performance et sa valeur clinique. Nous sommes convaincus que notre solution aidera à améliorer la capacité des radiologistes à détecter les petites métastases cérébrales et, par conséquent, à choisir la meilleure option thérapeutique tout en gagnant du temps.
Nous nous préparons également à soumettre notre produit à l’homologation des autorités sanitaires afin de le lancer sur le marché.
Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui aspirent à faire partie de la relève en innovation clinique?
Un des conseils les plus importants est d’être bien au fait de la réalité clinique et de porter attention aux points de vue et aux commentaires des personnes qui utiliseront éventuellement votre produit. On risque facilement de mettre au point un produit utilisant une technologie révolutionnaire, mais trop complexe ou ultimement inutile sur le terrain.
Finalement, il faut faire preuve de patience et de ténacité tout en ayant la capacité de reconnaître quand il est temps de s’ajuster au contexte.