À tous les membres de la Faculté,

Aujourd’hui, le 30 septembre 2021, marque la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, qui coïncide avec la Journée du chandail orange. Je souhaite débuter ce message en soulignant que l’Université McGill et la Faculté de médecine et des sciences de la santé sont situées sur un territoire qui a longtemps servi de lieu de rencontre et d’échange entre les peuples autochtones, notamment les Haudenosaunee et les Anishinaabeg. Nous saluons et remercions les divers peuples autochtones qui ont enrichi de leur présence ce territoire accueillant aujourd’hui des gens de partout dans le monde.

Lorsque le gouvernement fédéral a annoncé la création d’une journée officielle consacrée à la vérité et à la réconciliation, j’y ai vu une occasion importante pour la Faculté de faire le point sur les efforts qu’elle a déployés depuis la publication des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation. Parmi les nombreux appels à l’action portant spécifiquement sur l’enseignement supérieur et les professions de la santé, la Commission a notamment appelé à reconnaître la valeur des pratiques de guérison autochtones, à accroître le nombre de professionnels de la santé autochtones, ainsi qu’à offrir une formation en matière de compétences culturelles à tous les professionnels de la santé et un enseignement aux étudiants sur les questions liées à la santé autochtone, les pensionnats et d’autres sujets pertinents. Il nous incombe, en tant que Faculté de médecine et des sciences de la santé, d’agir de façon délibérée pour répondre à ces appels à l’action, et nous savons qu’un long chemin reste à parcourir. Des progrès ont toutefois été réalisés, grâce à de nombreux membres de la Faculté qui s’investissent, en équipe ou individuellement, dans un travail en partenariat avec les communautés autochtones dynamiques qui font partie de notre réseau de santé. Voici quelques exemples des travaux qui sont en cours, sous leur leadership.

Depuis la Commission, la Faculté a eu l’occasion d’accueillir le Programme autochtone des professions de la santé (Programme APS) de McGill, créé en 2016 sous la gouverne du Dr Kent Saylor, ancien directeur du programme, et de son équipe alors constituée du Dr Richard Menzies, directeur adjoint, et de Jessica Barudin, gestionnaire de programme. Aujourd’hui, le programme est piloté par la Dre Romina Pace, directrice associée, avec l’appui de la gestionnaire de programme par intérim Sadaf Farookhi et de l’administrateur des relations communautaires Alex Allard-Gray, de la première nation Mi’gmaq de Listuguj. La mission du Programme APS est de faire équipe avec les communautés des Premières Nations, Inuit et Métis pour soutenir le cheminement des apprenants autochtones qui se dirigent vers une carrière de professionnel de la santé et enrichir l’enseignement en santé autochtone au profit de tous les apprenants et enseignants. Le travail du Programme APS vise directement à répondre aux appels à l’action, guidé par le leadership, les communautés et les voix autochtones dans ses initiatives de relations communautaires et ses autres activités. L’un des principaux objectifs du programme est d’offrir davantage d’occasions d’apprentissage sur la santé et les cultures autochtones pour les étudiants. Toutes les écoles des professions de la santé de la Faculté participent à ces initiatives.

Le Programme APS accueille à son tour le camp Eagle Spirit Science Futures, un programme tourné vers l’avenir qui initie les jeunes Autochtones aux professions de la santé et aux carrières scientifiques. Ce camp a été conçu à l’origine grâce à la vision et à l’énergie de Waneek Horn-Miller, une athlète olympique mohawk de Kahnawake, au Québec, et d’autres membres de cette communauté très engagée. Le camp est maintenant piloté par Alex Allard-Gray et Sadaf Farookhi. D’autres initiatives, comme les programmes étudiants Explore! Careers in Health et Immersion éducative en santé, contribuent également à la réalisation de cet objectif commun.

Partout à la Faculté, d’autres programmes visent à jeter des ponts avec les communautés autochtones dans le cadre de notre mission d’enseignement, de recherche et de service. À l’École de médecine, depuis 2009, un enseignement en santé autochtone est présenté à l’ensemble des cohortes des première et deuxième années de médecine. Avec la mise en place d’un nouveau programme d’études médicales de premier cycle, en 2013, la santé autochtone est devenue l’un des thèmes longitudinaux du cursus MDCM. L’École des sciences infirmières Ingram présente l’activité des couvertures Kairos, un outil d’enseignement dans les communautés et les contextes autochtones, à l’ensemble de ses étudiantes et étudiants, et le Programme Ashukin leur offre une formation culturelle autochtone sur la santé autochtone. À l’École de physiothérapie et d’ergothérapie, des discussions sont en cours avec des membres représentant les programmes de réadaptation du Québec afin de demander au gouvernement provincial de financer pour le programme de physiothérapie un système semblable au Programme des facultés de médecine pour les Premières Nations et les Inuits au Québec. L’ergothérapie est aussi bien représentée au sein du Programme APS. À l’École des sciences de la communication humaine, du contenu d’enseignement sur les cultures et la santé autochtones est intégré aux cours et aux stages, avec des conférencières invitées comme Catherine Dench, de Kativik Ilisarniliriniq (la commission scolaire du Nunavik), et des thèmes comme la culture Kanien’kehá:ka. En sciences fondamentales, un exemple de programme est la Bourse Melville de recherche au premier cycle en pharmacologie et thérapeutique, qui finance une expérience de recherche estivale et du mentorat pour des étudiants et étudiantes des groupes sous-représentés désignés en matière d’équité, en particulier les communautés noires et autochtones. Les Programmes de santé mondiale offrent des fonds d’amorçage et des bourses de déplacement aux étudiants et étudiantes de la Faculté qui souhaitent réaliser des projets dans le Nord canadien pour se pencher sur des défis allant des soins chirurgicaux à la santé mentale, en passant par les soins des plaies en télémédecine. Ce ne sont là que quelques exemples. Je souhaite profiter de cette occasion pour remercier tous ceux et celles qui participent à ces initiatives pour leurs efforts concertés.

En septembre 2020, le décès tragique de Joyce Echaquan, de la nation atikamekw de Manawan, alors qu’elle était soignée à l’hôpital, nous a très douloureusement rappelé l’omniprésence du racisme et de la discrimination systémiques dans notre société, y compris dans nos systèmes de santé. Cette dernière année, on a également découvert plus de 5 000 tombes d’enfants autochtones envoyés dans des pensionnats au Canada et aux États-Unis. Je tiens à souligner que beaucoup de ces enfants sont décédés de maladies transmissibles et d’autres problèmes médicaux liés aux conditions de vie déplorables dans les pensionnats et aux soins de mauvaise qualité qu’ils ont reçus. Les professions de la santé au Canada ont joué un rôle dans cette tragédie, et les efforts de notre Faculté qui sont décrits plus haut ne représentent que le tout début de notre propre cheminement de vérité et de réconciliation.

La Faculté est profondément et humblement engagée à faire mieux, et refocalisera ses énergies avec une rigueur accrue sur les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation qui sont liés à sa mission, afin d’identifier les nombreuses lacunes et de travailler avec les communautés autochtones de notre réseau universitaire pour les combler.

Je profite également de l’occasion pour vous informer que le 2 novembre 2021, le Programme APS sera aux commandes de la plateforme des conférences Holmes de la Faculté et, avec des invités autochtones représentant un éventail de perspectives, conviera la communauté mcgilloise et le grand public à une table ronde intitulée « La vérité et la réconciliation en pratique : créer un milieu culturellement sécuritaire pour les membres autochtones de la communauté, les apprenants et les professionnels de la santé autochtones ». J’espère que vous pourrez être des nôtres. Une invitation et les détails de l’événement suivront prochainement.

Sincères salutations,

Dr David Eidelman
Vice-principal (Santé et affaires médicales)
Doyen, Faculté de médecine et des sciences de la santé