NOUVEAUTÉ EN ÉPILEPSIE CLINIQUE :
Détecter tôt l’épilepsie pharmacorésistante

Une étude parue dans Epilepsia souligne les principaux risques que courent les personnes dont l’épilepsie ne répond pas au traitement médicamenteux antiépileptique initial. Les crises persistantes non maîtrisées, prévient l’étude, constituent une menace à la santé et ont d’importantes conséquences médicales, sociales et économiques. Ces crises peuvent causer des problèmes psychiatriques et des troubles cognitifs. Il s’ensuit que les personnes ayant des crises non maîtrisées portent un fardeau de coûts liés aux soins de santé, de possibilités sociales et d’emploi limitées, de blessures physiques potentielles, voire un risque de décès. Malgré l’introduction de nombreux médicaments antiépileptiques de deuxième génération durant les deux dernières décennies, quatre épileptiques sur dix n’arrivent pas à maîtriser leurs crises uniquement par la médication. Deux mesures sont recommandées : la première est d’éviter les essais cliniques répétitifs d’antiépileptiques inefficaces. La seconde mesure est d’envisager un traitement chirurgical de l’épilepsie dans les meilleurs délais. Jusqu’à 90 % des personnes qui subissent un traitement chirurgical constate une amélioration notable dans leur vie. L’étude conclut que se libérer complètement de crises est indispensable pour minimiser l’invalidité, la morbidité et la mortalité. Ont contribué à l’étude le Dr Piero Perucca, un chercheur universitaire au sein de l’Unité de recherche sur l’épilepsie du Neuro sous la direction du Pr Jean Gotman et du Dr François Dubeau, ainsi que des chercheurs de l’Université Columbia et de Geisinger Health System, en Pennsylvanie.

Identifier des décharges épileptiques sans l’EEG

L’électroencéphalographie (EEG) est utilisée conjointement avec l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour repérer des centres causant de l’épilepsie dans le cerveau. Cette méthode a cependant des inconvénients. D’abord, les électroencéphalogrammes du cuir chevelu ne peuvent pas déceler aisément l’activité dans les tissus profonds du cerveau. Ensuite, l’utilisation de l’EEG dans un appareil d’imagerie est non seulement complexe, mais donne lieu à des artéfacts. Une façon de repérer un type précis de centre d’épilepsie dans le cerveau sans recourir à l’EEG a récemment été publiée dans Neuroimage. L’étude présente un nouveau cadre pour identifier les manifestations des crises épileptiques au moyen du taux d’oxygénation du sang ou effet BOLD (pour blood oxygenation level-dependent) sans recourir à l’EEG. L’effet BOLD montre les changements dans le taux d’oxygène du sang, des changements qui peuvent indiquer une crise. La nouvelle méthode suppose l’analyse de chaque point de donnée (ou voxel) de l’événement épileptique et l’assemblage des voxels enregistrés selon leur proximité dans le temps et l’espace. L’étude conclut qu’il pourrait être possible pour certaines décharges épileptiques de détecter leurs manifestations BOLD sans avoir recours à l’EEG. Cela simplifie la procédure et permet de détecter l’activité épileptique même dans les tissus profonds du cerveau, si éloignés du crâne qu’ils ne produisent pas de décharges d’EEG. L’étude a été menée par Jean Gotman, R. Lopes et F. Fahoum du Neuro et J.-M. Lina de l’École de technologie supérieure de Montréal.

Techniques in epilepsy surgery: The MNI approach

Techniques in epilepsy surgery: The MNI approach est une importante contribution au traitement de l’épilepsie que vient de publier le doyen des chirurgiens contemporains de l’épilepsie au Canada, le Dr André Olivier, neurochirurgien en chef au Neuro, conjointement avec les docteurs Warren W. Boling, de l’Université de Melbourne, et Taner Tanriverdi, de l’Université d’Istanbul. Fruit de la carrière que le Dr Olivier a consacrée aux épileptiques, l’ouvrage décrit les méthodes de pointe avec lesquelles le Neuro aborde le traitement de l’épilepsie par la chirurgie, l’anatomie du cerveau ainsi que le traitement et le diagnostic.

FAITS CONCERNANT L’ÉPILEPSIE :

• L’épilepsie est un trouble physique caractérisé par des changements soudains et brefs dans le fonctionnement du cerveau qui se manifestent sous forme de crises.

• Une crise peut se présenter comme une brève fixité du regard, un mouvement inhabituel du corps, une modification de la conscience ou une convulsion. Elle peut durer quelques secondes ou quelques minutes.

• L’épilepsie touche de 1 à 2 % de la population canadienne. Cela englobe les personnes qui prennent des anticonvulsivants et celles qui ont eu une crise au cours des cinq dernières années.

• Chaque jour, environ 42 personnes reçoivent un diagnostic d’épilepsie.

• L’épilepsie peut résulter d’une grande variété de causes, notamment : malformations dans le développement du cerveau, blessure à la tête qui engendre des cicatrices dans le tissu cérébral, forte fièvre et convulsions prolongées durant la petite enfance, trauma à la naissance, suites d’un accident vasculaire cérébral ou d’une tumeur.

• Le tiers de ces patients ne peuvent maîtriser les crises seulement par les médicaments existants. Pour eux, l’ablation chirurgicale du tissu du cerveau où les crises se produisent est actuellement le seul traitement efficace pour maîtriser les crises et améliorer la qualité de vie.

LE NEURO ET L’ÉPILEPSIE :

Le fondateur du Neuro, le docteur Wilder Penfield, et ses collègues ont mis au point un traitement chirurgical de l’épilepsie dans les années 1950, « l’intervention dite de Montréal », qui est maintenant une norme mondiale. Pendant la chirurgie, les patients du Dr Penfield restaient éveillés afin qu’il puisse repérer précisément le site de l’activité de crise en conversant avec eux. En détruisant ou en retirant le tissu causant le trouble dans le cerveau, il arrivait à mettre un terme à leurs crises épileptiques. Le Neuro a acquis une renommée internationale comme centre de recherche et de traitement de pointe en matière d’épilepsie grâce aux travaux du Dr Penfield et de collègues comme le chirurgien Theodore Rasmussen et le pionnier de l’électroencéphalographie (EEG), Herbert Jasper.

Leur exemple illustre a inspiré de la recherche et la mise au point de traitement d’avant-garde en épilepsie au Neuro depuis plus de 70 ans :

• Des scientifiques et des cliniciens du Neuro ont été les premiers de l’utilisation de l’EEG pour mesurer l’activité du cerveau et ont mis au point de nouvelles façons de diagnostiquer et de contrôler l’épilepsie.

• Des scientifiques du Neuro étudient les facteurs génétiques de l’épilepsie et les syndromes épileptiques, et traitent les aspects psychiatriques de l’épilepsie.

• Les techniques d’imagerie développées au Neuro ont beaucoup contribué aux connaissances sur les causes et les conséquences de l’épilepsie. Qui plus est, elles facilitent considérablement le traitement chirurgical de l’épilepsie, en révélant des lésions cérébrales non discernables par des méthodes standards de radiologie.

• La clinique d’épilepsie de l’INM voit environ 1500 patients par année et offre des services d’évaluation et de traitement aux patients hospitalisés ou externes.

• Le programme en épilepsie du Neuro compte sur une équipe interdisciplinaire qui comprend des épileptologues, des neurochirurgiens, du personnel infirmier, des neuropsychologues, des neuropsychiatres, des travailleurs sociaux, des technologues en EEG, du personnel infirmier clinicien et des gestionnaires de cas.

• L’équipe en épilepsie travaille étroitement avec son partenaire communautaire Épilepsie Montréal Métropolitain pour offrir du soutien aux patients.

 


L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal – le Neuro : L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal – le Neuro – est un centre médical universitaire unique qui se consacre aux neurosciences. Cet institut de recherche et d’enseignement de l’Université McGill forme l’assise de la mission en neurosciences du Centre universitaire de santé McGill. Fondé en 1934 par l’éminent Dr Wilder Penfield, le Neuro est reconnu dans le monde entier pour sa façon d’intégrer la recherche, des soins aux patients prodigués avec compassion et une formation avancée, éléments essentiels aux progrès de la science et de la médecine. Les chercheurs du Neuro sont des chefs de file mondiaux en neurosciences cellulaires et moléculaires, en imagerie cérébrale, en neurosciences cognitives, ainsi que dans l’étude et le traitement de l’épilepsie, de la sclérose en plaques et des troubles neuromusculaires. Pour tout renseignement, veuillez consulter www.mni.mcgill.ca