Abraham « Abe » Fuks, MDCM, FRCPC, ancien doyen de la Faculté de médecine de l’Université McGill, nous a quittés le 1er décembre dernier. L’ensemble de la communauté de la Faculté de médecine et des sciences de la santé offre ses plus sincères condoléances à la famille, aux amies et amis ainsi qu’aux autres proches du Dr Fuks.
On appelait le Dr Fuks « le doyen philosophe », en raison de ses vastes connaissances, de ses intérêts très diversifiés et de sa vision humaniste des soins aux patientes et aux patients. Il n’a jamais pris sa retraite; il était facilement reconnaissable sur le campus, très élégant avec ses nœuds papillons, et toujours prêt à esquisser un sourire et à faire une blague. Très généreux de son temps, le Dr Fuks s’est toujours rendu disponible pour prêter une oreille attentive à quiconque avait besoin de parler, pour siéger à un comité ou pour offrir son soutien à un stagiaire ou à une collègue ou à un collègue.
« Abe a fait une contribution inestimable à son milieu pendant sa longue carrière diversifiée, que ce soit comme clinicien, chercheur, doyen ou comme formidable mentor, professeur, collègue et ami de tellement de personnes au sein de la communauté de la Faculté de médecine et des soins de la santé », commente Lesley Fellows, MDCM, Ph. D., vice-rectrice, Santé et affaires médicales, et doyenne de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill.
Médecine et recherche
Abraham Fuks a obtenu son diplôme de médecine à l’Université McGill en 1970; il a ensuite été résident en médecine interne à l’Hôpital Royal Victoria et en immunologie clinique à l’Hôpital général de Montréal (HGM). Il a par la suite effectué pendant cinq ans des travaux de recherche postdoctorale à l’HGM, sous la direction de Phil Gold, avant d’aller faire de la recherche en biochimie et en biologie moléculaire à l’Université Harvard.
Le Dr Fuks est revenu à son alma mater en 1978 à titre d’universitaire, avant de devenir professeur au sein des départements de médecine, de pathologie et d’oncologie ainsi que médecin traitant au sein de la Division d’immunologie de l’HGM.
En tant que chercheur, le Dr Fuks a été à l’avant-garde de la recherche en immunologie et de l’éducation en sciences de la santé. Il a grandement contribué à la recherche médicale au Canada; il s’est entre autres intéressé aux paramètres immunologiques du diabète de type 1 et à la nature moléculaire des tumeurs; à l’éthique de la conception des essais cliniques; au professionnalisme et au rôle du médecin.
Exercer son leadership en période de changement
En 1995, le Dr Fuks a été nommé doyen de la Faculté de médecine de l’Université McGill. Ses deux mandats à ce poste ont été marqués par des avancées médicales rapides et par des réorganisations des soins aux patientes aux patients ainsi que de l’éducation en sciences de la santé au Québec.
Il a joué un rôle crucial dans la fusion des hôpitaux affiliés à l’Université McGill (l’Hôpital général de Montréal, l’Hôpital Royal Victoria, l’Institut-hôpital neurologique de Montréal [le Neuro], l’Institut thoracique de Montréal et l’Hôpital de Montréal pour enfants), qui a donné lieu à la création du Centre universitaire de santé McGill et de son Institut de recherche. Il a aussi été un acteur important de ce milieu hospitalier au cours de la période qui a suivi la fusion. Il a également contribué à la planification du déménagement complexe sur le site Glen des activités d’enseignement et de recherche.
Le Dr Fuks a également contribué à la construction du Centre de simulation médicale McGill (maintenant appelé Centre de simulation et d’apprentissage interactif Steinberg) – le premier du genre au Canada – qui a ouvert ses portes en 2006. Il a aussi participé à l’ouverture, en 2008, du Complexe des sciences de la vie, qui est un pôle de recherche à la fine pointe de la technologie. Ce centre englobe les pavillons Bellini, McIntyre et Stewart ainsi que l’Institut du cancer Rosalind et Morris Goodman. Le Dr Fuks a participé à la réalisation du projet d’expansion du Centre d’éducation médicale, devenu l’Institut d’éducation en sciences de la santé, soutenant les travaux importants de Sylvia et Richard Cruess, pour ne nommer que ces deux médecins.
On a constamment procédé à des compressions budgétaires pendant toute la durée des mandats du Dr Fuks, ce qui ne l’a cependant pas empêché de superviser la création de nouvelles chaires dotées ainsi que le recrutement de nouveaux membres en début de carrière au sein du corps professoral. C’est toujours sous sa direction que l’on a développé un nouveau programme de médecine; lancé en 2005, la nouvelle mouture a introduit le volet Rôle du médecin (Physicianship). Après son dernier mandat au décanat, le Dr Fuks a passé une année comme professeur invité au Département de médecine sociale à l’Université Harvard, de 2007 à 2008.
Un professeur et clinicien bienveillant
Comme éducateur, le Dr Fuks a enseigné diverses matières (immunologie, biologie de la malignité, éthique de la recherche et raisonnement clinique) à un nombre très élevé de stagiaires. Il s’intéressait tout particulièrement à l’enseignement de la médecine, au rôle du médecin et au discours clinique. Il a été le coauteur de Physicianship and the Rebirth of Medical Education, et on lui doit The Language of Medicine. Il a également été un conférencier prolifique et coauteur d’un nombre impressionnant d’articles scientifiques.
Le Dr Fuks était un professeur et un mentor dévoué, adoré de ses étudiantes et de ses étudiants ainsi que de ses mentorées et de ses mentorés. « L’un des aspects les plus agréables de l’exercice du leadership est d’avoir la chance de côtoyer de jeunes gens comme [ces étudiantes et ces étudiants], a remarqué le Dr Fuks à l’occasion d’une réception organisée en son honneur, lorsqu’il a quitté son poste de doyen, en 2005. « C’est comme de la parentalité universitaire. » Il croyait fermement en la notion selon laquelle les professeures et les professeurs de médecine jouent en quelque sorte le rôle de parents auprès de leurs étudiantes et de leurs étudiants. En effet, il vaut la peine de souligner que c’est sous la direction et avec le soutien du Dr Fuks, alors qu’il était doyen, que le programme d’études de premier cycle en médecine a commencé à tenir la « Cérémonie de remise des sarraus blancs », en 2001.
Une autre passion du Dr Fuks était son approche humaniste des soins donnés aux patientes et aux patients. Lui et le légendaire Balfour Mount, M.D., célèbre dans le milieu des soins palliatifs, ont créé en 1999 des programmes de soins holistiques de classe mondiale; cette approche révolutionnaire fait la promotion de la notion selon laquelle l’enseignement de la médecine devrait se préoccuper beaucoup de l’empathie et de la guérison, et non se concentrer uniquement sur le traitement.
Une vie consacrée à l’engagement
Au moment de son décès, parmi les nombreuses fonctions qu’il assumait encore, le Dr Fuks occupait le poste de directeur du Bureau pour le respect en milieu d’apprentissage et présidait le comité des honneurs et distinctions. Plus récemment, le Dr Fuks a dirigé la création de l’Académie des médecins exemplaires, créée en 2023 dans le but de rendre hommage aux médecins de la Faculté de médecine et des sciences de la santé qui sont des modèles pour leurs pairs et pour les stagiaires. Il a récemment enregistré une série de vidéos, dont la diffusion a commencé le mois dernier. Ces entrevues ont été réalisées en tête à tête avec des lauréates et des lauréats de l’Académie; on y sent toute la passion infatigable du Dr Fuks pour la médecine et pour l’intérêt qu’il portait aux autres, de qui il voulait toujours apprendre.
Le Dr Fuks a reçu de nombreuses distinctions au cours de sa remarquable carrière : il a reçu l’Ordre du Canada en 2018; il a aussi été associé du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, et membre de l’Académie canadienne des sciences de la santé. Il ne s’agit là que de quelques-unes des distinctions qu’il a reçues en reconnaissance de son travail au cours de sa longue carrière.
Mentor et modèle très apprécié et très aimé, scientifique brillant, défenseur des patientes et des patients et l’un des collègues les plus animés par l’esprit de collégialité, le Dr Fuks laisse à l’Université McGill un riche héritage, de grande envergure, qui n’est pas près d’être oublié.
Lire la version intégrale de la notice nécrologique (en anglais) du Dr Fuks. Il est possible de faire des dons à sa mémoire en communiquant avec le « Dr. Abraham Fuks Memorial Fund », a/s de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill, 514-398-2787.
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Photo: Owen Egan et Joni Dufour