Brent Richards (gauche) et Sirui Zhou

Des chercheurs de l’Institut Lady Davis ont identifié un vestige génétique de nos ancêtres néandertaliens qui pourrait être ciblé pour atténuer la gravité de la COVID-19

Source: Institut Lady Davis

Montréal (le 26 février 2021) — Des chercheurs de l’Institut Lady Davis (ILD) de l’Hôpital général juif ont découvert que des concentrations plus élevées de la protéine OAS1 dans le sang des patients atteints de COVID-19 sont associées à une réduction de la mortalité et de la nécessité d’assistance respiratoire. L’utilisation de médicaments qui augmentent les concentrations d’OAS1 pourrait donc être étudiée dans le but d’atténuer les effets néfastes de la COVID-19. Les résultats sont publiés aujourd’hui dans Nature Medicine.

« Notre analyse indique que l’OAS1 a un effet protecteur sur la vulnérabilité à la COVID-19 et sur la gravité de la maladie une fois contractée », explique le Dr Brent Richards, chercheur chevronné au Centre d’épidémiologie clinique de l’ILD et professeur aux départements de médecine, de génétique humaine, d’épidémiologie et de biostatistiques de l’Université McGill. « C’est une très belle avancée dans la course à l’identification de traitements potentiels pour les patients COVID parce que des traitements qui augmentent les concentrations d’OAS1 sont déjà en phase de développement préclinique et leur effet sur l’infection au SRAS-CoV-2 pourrait donc être étudié. »

Naturellement, des efforts considérables sont déployés pour mettre au point un vaccin. Cependant, alors que des centaines de millions de personnes sont déjà infectées dans le monde, il est important de ne pas négliger la recherche de traitements spécifiques à la COVID-19 puisque peu de ces traitements ont été identifiés. De plus, étant donné les réticences à la vaccination chez plusieurs et l’incertitude quant à la durée de l’immunité conférée par quelque vaccin que ce soit, la COVID-19 demeurera très probablement un enjeu planétaire pour de nombreuses années. Par conséquent, des traitements seront encore nécessaires.

Des chercheurs du laboratoire du Dr Richards ont choisi comme cible potentielle des protéines qui sont détectables dans le sang périphérique. Le défi consiste à déterminer quelles protéines jouent un rôle causal dans la progression de la COVID-19, puisque leurs concentrations peuvent aussi être influencées par la maladie elle-même ou par d’autres facteurs de confusion. Des avancées récentes en technologie protéomique (c.-à-d. la capacité d’isoler et de mesurer des centaines de protéines circulantes en même temps) combinées à des analyses génétiques faisant appel à la randomisation mendélienne (RM) rendent possible le travail délicat d’éclaircir quelles protéines provoquent des effets indésirables sur le déroulement de la COVID-19, plutôt que quelles protéines subissent de tels effets.

À partir des déterminants génétiques de 931 protéines circulantes, la Dre Sirui Zhou, boursière postdoctorale à l’ILD et auteure principale de l’article, a trouvé que l’augmentation des concentrations d’OAS1 était associée à une réduction de la mortalité et de la nécessité d’hospitalisation et d’assistance respiratoire due à la COVID-19 ainsi qu’à une réduction de la vulnérabilité à la maladie, et ce dans un échantillon de 14 134 cas de COVID-19 et 1,2 million de tests. Des analyses de sensibilité multiples ont donné des résultats concordants. La Dre Zhou et ses collègues ont mesuré les concentrations d’OAS1 dans des prélèvements recueillis par la Biobanque québécoise de la COVID-19 auprès de 504 patients présentant différentes manifestations de la COVID-19. Ils ont trouvé que les concentrations plus élevées d’OAS1 chez les patients post-infection étaient associées à une protection contre les formes graves de la COVID-19, l’hospitalisation et la vulnérabilité.

« L’effet protecteur était particulièrement important, souligne la Dre Zhou, tellement que nous avons observé une diminution de 50 % des probabilités de formes très graves de la COVID-19 pour chaque augmentation de la concentration d’OAS1 égale à l’écart-type. Il est intéressant de noter que, chez les peuples non africains, cet effet protecteur est probablement hérité d’une forme d’OAS1 appelée p46 qui nous a été transmise par les Néandertaliens. »

Cette forme d’OAS1 est vraisemblablement apparue chez les personnes d’ascendance européenne suite à des croisements avec des Néandertaliens il y a des dizaines de milliers d’années. La pression évolutive a lentement augmenté la prévalence de cette forme d’OAS1, de telle manière qu’elle est maintenant détectable chez plus de 30 % des personnes d’origine européenne. Il est probable que la forme de la protéine a servi de protection lors de pandémies antérieures.

Parce que la mise au point de médicaments prend du temps, même dans l’environnement accéléré de la recherche en temps de pandémie, il est particulièrement réjouissant de constater que des molécules qui peuvent augmenter l’activité de l’OAS1 sont actuellement en développement préclinique en vue d’essais cliniques ultérieurs.

« Notre recommandation est que ces médicaments qui entraînent des concentrations d’OAS1 plus élevées soient étudiés plus profondément quant à leurs effets sur les manifestations de la COVID-19, de façon à ce que nous puissions mieux traiter les patients infectés », conclut le Dr Richards.

A Neanderthal OAS1 isoform protects individuals of European ancestry against COVID-19 susceptibility and severity, Sirui Zhou et coll., Nature Medicine, doi: https://doi.org/10.1038/s41591-021-01281-1
Les médias sont priés d’adresser leurs demandes d’information ou d’entrevue avec le Dr Richards ou la Dre Zhou à :

Tod Hoffman

Agent des communications en recherche

Institut Lady Davis

Tél. : 514 340-8222, poste 28661

Courriel : tod.hoffman@ladydavis.ca

 

Le 26 février 2021