Marilyn Ahun, chercheuse à l’IR-CUSM, publie les résultats de ses nouveaux travaux sur l’incidence des interventions à composantes multiples et sur les interventions en santé mentale sur les résultats des parents et des enfants
Selon la recherche, sur l’ensemble de la planète, plus de 250 millions d’enfants ne réalisent pas leur potentiel de développement. Malgré les efforts déployés à l’échelle mondiale par des expertes et des experts, des organismes et des organisations de santé publique dans le but de soutenir les parents et les enfants, des études laissent entendre qu’il arrive souvent qu’on ne se concentre pas suffisamment sur la santé mentale des parents, qui joue un rôle déterminant dans le développement d’un enfant.
Dans une revue de littérature récente, publiée dans Lancet Child and Adolescent Health, Marilyn N. Ahun, Ph. D., du Centre de recherche évaluative en santé de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), cherche à comprendre l’incidence de différents types d’interventions sur le développement de l’enfant et sur les résultats de ces interventions pour les parents. La professeure Ahun a été nommée à l’IR-CUSM en 2024; ses travaux se concentrent sur les retombées de la santé mentale des parents et sur les comportements parentaux sur le développement et sur la santé mentale de l’enfant dans différents contextes mondiaux. Elle a recours à des méthodes quantitatives et qualitatives pour explorer les facteurs qui influent sur le lien existant entre la dépression parentale et les résultats des enfants dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire.
L’objectif principal de la recherche de la professeure Ahun était de déterminer si, en moyenne, les interventions à composantes multiples et la santé mentale des parents s’étaient traduites par des améliorations des résultats des enfants sur les plans cognitif et socio-émotionnel, de même que sur la santé mentale des parents. Cette recherche visait aussi à déterminer si des caractéristiques spécifiques des interventions et de l’étude avaient modéré l’incidence des interventions.
Prioriser la santé mentale
Les conclusions de la revue de littérature ont été surprenantes. Malgré le fait que l’ensemble des interventions visaient à améliorer les pratiques parentales et la santé mentale des parents, la plupart d’entre elles mettaient principalement l’accent sur l’éducation des enfants, consacrant seulement une ou deux séances à la santé mentale. Cet élément est important, car la santé mentale des parents est un prédicteur crucial de la réussite de l’enfant et des pratiques parentales.
« Nous avons découvert que, malgré le fait que ces interventions visaient à se pencher sur les deux domaines, leur contenu était en grande partie axé sur l’amélioration des pratiques parentales et accordait une attention minimale à la santé mentale, explique la professeure Ahun. La révision de littérature met en évidence le potentiel des interventions à composantes multiples pour améliorer le développement de l’enfant et le bien-être de la famille, tout en faisant aussi ressortir les lacunes sur lesquelles il faut se pencher. »
Les conclusions susmentionnées sont très pertinentes pour les parents ainsi que pour les jeunes enfants à l’échelle mondiale, car elles font ressortir les avantages des interventions précoces axées sur les pratiques parentales et sur la santé mentale des parents pour promouvoir le développement de l’enfant et le bien-être de la famille.
Outre sa révision de littérature, la professeure Ahun, qui est aussi scientifique junior au sein du Programme en santé de l’enfant et en développement humain à l’IR-CUSM, a récemment publié un commentaire dans Nature Human Behavior. Dans cette publication, elle formulait des recommandations spécifiques portant sur l’application des connaissances du domaine de la science du comportement à la recherche sur les interventions parentales. Ses recommandations visent à accroître la transparence dans le développement, les tests et les présentations de rapports sur ces interventions.
« Malgré des décennies de recherche sur les interventions parentales, notre compréhension des éléments essentiels, des mécanismes et de la mise en œuvre de telles interventions comporte encore des lacunes importantes, explique la professeure Ahun. Les connaissances provenant de la science du comportement — l’étude du comportement humain et du processus de prise de décisions visant à promouvoir les comportements positifs — peuvent contribuer à combler ces lacunes, en améliorant l’efficacité, l’extensibilité et la durabilité des interventions parentales, dans le but d’améliorer les résultats des parents ainsi que ceux du développement de l’enfant. »
La prochaine étape des travaux de Marilyn Ahun implique la création d’une intervention à composantes multiples axée sur les compétences parentales et la santé mentale, s’adressant à la fois aux mères et aux pères, dans le but d’améliorer les résultats en termes de développement de l’enfant et de bien-être de la famille au Ghana. La professeure Ahun prévoit collaborer avec des membres de la collectivité, des chercheuses et des chercheurs locaux ainsi que des décideuses et des décideurs, dans le but d’adapter les interventions existantes — l’une axée sur les compétences parentales et l’autre, sur la promotion de la santé mentale — au sein d’un programme exhaustif, conçu sur mesure de manière à répondre aux besoins de la collectivité.
À propos des études
Effects of multi-component parenting and parental mental health interventions on early childhood development and parent outcomes: a systematic review and meta-analysis, Marilyn N Ahun, Alya Al Sager et al., publié dans Lancet Child and Adolescent Health. Septembre 2024; 8(9) : 656-669.
Behavioural science can improve parenting interventions, Ahun, M.N., Bacon, S.L., publié dans Nature Human Behavior (2024).
La revue de littérature a bénéficié du soutien des Instituts de recherche en santé du Canada, qui ont octroyé une bourse postdoctorale à la chercheuse.