C’est avec tristesse que nous avons appris le décès du professeur Hugues Barbeau, l’un des premiers (sinon le premier) professeurs titulaires de l’histoire de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie. Nos sincères condoléances à la famille, aux amis et aux anciens collègues du Pr Barbeau. Martha Visintin et Joyce Fung, membres du corps professoral de l’École et anciennes étudiantes du Pr Barbeau, lui rendent hommage.

J’ai fait ma maîtrise sous la direction du Pr Barbeau, une expérience des plus passionnantes et enrichissantes. Il menait des recherches innovantes et avant-gardistes dans un domaine où les dernières avancées dataient de nombreuses années : le développement d’une approche de rééducation à la marche avec soutien du poids corporel pour les personnes souffrant de problèmes neurologiques. Il se passionnait pour son travail, qui avait pour but ultime de transposer ce nouveau mode de rééducation à la marche en milieu clinique et d’avoir un impact dans le domaine de la réadaptation. Après ma maîtrise, il est demeuré mon mentor; nous avons collaboré à l’Hôpital juif de réadaptation pour continuer de mettre à l’essai cette nouvelle approche et la rendre accessible à tous les patients qui pourraient en bénéficier. Il s’est ainsi illustré comme pionnier du « transfert des connaissances », en assurant l’intégration de ses résultats de recherche dans la pratique clinique. Par-dessus tout, le Pr Barbeau inspirait le respect par sa grande humanité, son sens de l’humour, l’importance de sa famille dans sa vie et sa grande disponibilité pour ses étudiants. Je me rappellerai toujours avec bonheur mes années de formation dans son laboratoire.

— Martha Visintin

Première étudiante au doctorat du professeur Hugues Barbeau, je vais toujours me rappeler de lui comme d’un mentor exceptionnel. Il était l’un des premiers spécialistes des sciences de la réadaptation à être chercheur-boursier du FRSQ (aujourd’hui le FRQS) et à recevoir des subventions de recherche du Conseil de recherches médicales du Canada (aujourd’hui les IRSC). Ses étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs, dont je faisais partie, ont également été parmi les premiers au Canada à recevoir des bourses de recherche de la Fondation Rick Hansen. Le Pr Barbeau a réussi à transposer ses résultats de recherche des animaux aux humains lorsqu’il a établi son laboratoire à McGill, à la Maison Hosmer de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie. Je me souviens du merveilleux été 1986, où nous avons travaillé, avec Martha Visintin, à aider des patients ayant subi un AVC ou une lésion de la moelle épinière à réapprendre à marcher sur un tapis roulant, avec soutien du poids corporel. Grâce à cette approche, l’un de nos patients a pu marcher vers l’autel le jour de son mariage (aidé de béquilles).

Le Pr Barbeau était une personne profondément bienveillante. Sa bonne humeur était un baume instantané; son rire était tout à fait contagieux.

Nous savons tous que le Pr Barbeau était un brillant scientifique, mais ses talents d’artiste étaient moins connus. Il laisse derrière lui des toiles abstraites qui le représentent bien, comme chercheur et comme humain. Maître de la technique de l’empâtement, il accumulait d’épaisses couches de peinture de couleurs vives pour imprimer un mouvement aux deux dimensions de la toile. La veille du décès soudain et inattendu du Pr Barbeau, j’observais les étoiles à Sutton. Je sais qu’il est désormais là-haut dans les étoiles, pour nous guider et nous inspirer à peindre notre propre Voie lactée.

— Joyce Fung

Le 4 septembre 2020