Nurse_Holding_Elderly_Patient_HandLes chercheurs du CUSM espèrent sauver des vies en mettant à la disposition des médecins un outil de diagnostic de la cachexie, un trouble du métabolisme grave lié au cancer et à de nombreuses maladies chroniques.

Environ un tiers des patients atteints d’un cancer décèdent des suites d’une perte de poids involontaire appelée cachexie. La cachexie se caractérise essentiellement par une atrophie musculaire et des altérations métaboliques, et ne peut être soignée ou traitée par la simple augmentation de l’apport nutritionnel. Les chercheurs du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) ont mené une étude, publiée dans le journal Clinical Nutrition, dont le but est de sauver des vies en mettant à la disposition des médecins un outil pratique permettant de diagnostiquer facilement la cachexie avant qu’elle ne devienne irréversible.

La cachexie est une affection grave qui va au-delà d’une simple perte de poids. Médecins et scientifiques tentent de mieux la comprendre et de la traiter depuis de nombreuses années.  Elle s’accompagne souvent d’une mauvaise réponse aux traitements oncologiques et d’une multiplication des séjours hospitaliers, sans compter la charge qu’elle représente pour les proches aidants. Il s’agit d’un syndrome encore très sous-estimé et insuffisamment pris en charge dans bon nombre de centres d’oncologie. Les patients qui en souffrent voient leur état de santé général décliner à tel point que l’absorption normale de nourriture ou la prise de suppléments nutritionnels ne suffisent pas à enrayer le phénomène. Malgré les dernières avancées de la recherche, il demeure très difficile de traiter la cachexie ou d’atténuer ses symptômes.

« Beaucoup de nos patients cancéreux perdent la vie, non pas à cause de la maladie, mais en raison des modifications de leur métabolisme. En d’autres termes, leur corps cesse de fonctionner correctement.

Dr Antonio Vigano
Dr Antonio Vigano

Dans les cas les plus graves, la perte de poids est telle que l’organisme n’est plus en mesure d’absorber ou d’utiliser les nutriments », explique le Dr Antonio Vigano, principal auteur de la publication et directeur de la Clinique de réadaptation et de cachexie liée au cancer du CUSM. Il ajoute : « La cachexie s’aggrave avec le temps et plus nous tardons à intervenir, plus il devient difficile de la traiter. Diagnostiquer efficacement et précocement le risque nutritionnel peut faire une énorme différence dans le pronostic et la qualité de vie des patients atteints d’un cancer. Pour améliorer le taux de survie chez les patients cancéreux, nous avons besoin d’outils de diagnostic simples, pratiques et efficaces, que les médecins peuvent utiliser au quotidien. »

L’outil qui a été mis au point pour détecter la cachexie comporte cinq examens cliniques et analyses de laboratoire que les médecins pourraient appliquer sur une base routinière dans les prochaines années, voire les prochains mois. Les chercheurs espèrent également que l’approche pourra s’appliquer à d’autres patients qui perdent du poids en raison d’une pathologie chronique, telle qu’un syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA), une pneumopathie obstructive chronique, une sclérose en plaques, une insuffisance cardiaque chronique ou une tuberculose, pour ne citer qu’elles.

En outre, l’équipe du Dr Vigano au Laboratoire de nutrition et performance de l’Université McGill (MNUPAL) participe aussi à des études ayant pour objectif de trouver des traitements. Toutefois, il insiste sur la nécessité pour les médecins de diagnostiquer ces troubles et d’évaluer la gravité de chaque cas. « La recherche doit se poursuivre si nous voulons comprendre toutes les causes de la cachexie. Mais si nous voulons de réelles avancées thérapeutiques,  nous devons utiliser un langage commun pour désigner le type de patients que nous traitons et la gravité de leur état », conclut-il.

A propos de l’étude

L’étude Use of routinely available clinical, nutritional and functional criteria to classify cachexia in advanced cancer patients a été coécrite par Vigano AAL, Morais JA, Ciutto L, Rosenthall L, Di Tomasso, J, Khan S, Olders H, Borod M, Kilgour RD.. Clinical Nutrition (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.clnu.2016.09.008

Le 4 novembre 2016