
Une étude dévoile l’existence d’une diversité moléculaire dans les tumeurs desmoïdes et ouvre la voie à des soins plus personnalisés
Une nouvelle étude, publiée dans Clinical Cancer Research et menée par des chercheuses et par des chercheurs de L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L’Institut)), a révélé la présence d’un niveau inattendu d’hétérogénéité moléculaire dans les tumeurs desmoïdes, qui sont un type rare et potentiellement mortel de tumeurs des tissus mous. Les conclusions de cette étude contestent les hypothèses précédentes relatives à la nature uniforme de ces tumeurs; elles peuvent aussi mener à des stratégies de traitement plus personnalisées.
Les tumeurs desmoïdes sont rares; elles touchent environ cinq ou six personnes par million chaque année. Elles tirent leur origine dans les fibroblastes — les cellules qui forment les tissus conjonctifs — et peuvent se développer dans diverses parties du corps, le plus souvent dans l’abdomen, les bras ou les jambes. Bien qu’elles ne se répandent pas dans des organes éloignés, elles peuvent envahir les tissus environnants, ce qui se traduit parfois par des complications graves, voire la mort.
« Nous avons commencé à nous intéresser à la complexité moléculaire des tumeurs desmoïdes à cause de leur comportement imprévisible chez les patientes et chez les patients, a expliqué Joanna Przybyl, Ph. D., auteure principale de l’étude, scientifique junior au sein du Programme de recherche sur le cancer à L’Institut et professeure adjointe au Département de chirurgie de l’Université McGill. Certaines tumeurs restent stables ou se résorbent, alors que d’autres grosses tumeurs nécessitent un traitement intensif. »
Historiquement, la forme régulière et le modèle de croissance des tumeurs desmoïdes observés dans des analyses microscopiques ont amené les chercheuses et les chercheurs à croire que la forme de ces tumeurs était relativement homogène. En conséquence, on ne s’attendait auparavant pas à ce que ces tumeurs affichent le type d’hétérogénéité moléculaire observée dans des types de cancer plus agressifs.
L’étude susmentionnée est la première à appliquer des techniques de profilage moléculaire à haute dimension à la caractérisation des tumeurs desmoïdes. L’équipe de chercheuses et de chercheurs a eu recours à une approche complète, intégrant la génomique, l’épigénomique et les données transcriptomiques provenant d’échantillons prélevés sur des tumeurs.
Les chercheuses et les chercheurs ont découvert l’existence d’une hétérogénéité moléculaire importante dans les tumeurs individuelles. Cette constatation laisse entendre qu’une biopsie standard des tissus — généralement prélevés dans la région d’une tumeur individuelle — peut ne pas donner une représentation complète de la configuration moléculaire de l’ensemble de la tumeur, ce qui pourrait influer sur les décisions relatives au traitement.
L’étude a également démontré, pour la première fois, que les tumeurs desmoïdes réapparaissant après la chirurgie pourraient évoluer sur le plan moléculaire, en développant de nouvelles caractéristiques susceptibles de nécessiter des approches de traitement différentes par rapport à la tumeur originale.
« Les conclusions de l’étude dont il est ici question laissent entrevoir la garantie d’un diagnostic et de stratégies de traitement plus personnalisés à l’avenir », a commenté Chelsea De Bellis, première auteure de l’étude et étudiante à la maîtrise qui travaillait au laboratoire de la professeure Przybyl à l’époque des travaux réalisés aux fins de l’étude.