Une nouvelle étude au Neuro espère offrir le premier traitement ciblé pour une forme courante de dystrophie musculaire 

Keith Martin était au secondaire quand il a commencé à remarquer qu’il ne performait plus au sport comme avant. Il aimait les sports de raquette et le hockey, mais éprouvait une diminution au niveau de sa mobilité et de sa force;  il n’avait aucune explication. Au cours des cinq années suivantes, il a été vu par de nombreux médecins, mais n’a reçu aucun diagnostic clair. C’est lorsqu’il a déménagé à Vancouver pour étudier à l’université qu’il a finalement été référé à un neurologue qui lui a diagnostiqué une dystrophie facio-scapulo-humérale (FSH), une maladie neuromusculaire évolutive rare. 

« Il n’y avait aucun antécédent familial; ça semblait arriver de nulle part », explique Keith, titulaire d’une maîtrise en ingénierie et professionnel certifié en gestion de projet. « Au début, ironiquement, j’ai ressenti beaucoup de soulagement – au moins d’avoir une réponse. Mais peu de temps après, je me suis retrouvé avec beaucoup d’incertitude quant à ce que cela signifiait pour ma vie, pour mon avenir. C’était une période difficile. » 

Pas si rare 

Keith est l’une des 500 000 personnes au Canada – et 3 millions dans le monde – atteintes d’une maladie rare. La FSH peut se présenter à tout moment, y compris pendant l’enfance, bien qu’elle soit souvent diagnostiquée au début de l’âge adulte. C’est l’une des formes les plus courantes de dystrophie musculaire dans laquelle les cellules musculaires meurent avec le temps, affectant dans ce cas principalement le visage, le haut du corps et les jambes. 

Bien qu’il n’existe aucun traitement pour la plupart des maladies rares — y compris la FSH — les essais cliniques offrent souvent la seule chance d’essayer un traitement qui pourrait ralentir ou stabiliser la progression de la maladie. Une nouvelle étude à l’Unité de recherche clinique du Neuro (Institut-hôpital neurologique de Montréal) étudie une nouvelle thérapie qui pourrait mener à un traitement potentiel pour la FSH. 

« Il s’agit d’un trouble progressif qui peut être très débilitant. Au fur et à mesure que les cellules musculaires meurent, ces individus perdront de la force dans les muscles faciaux, ce qui peut avoir un impact réel sur l’interaction sociale et la communication, car ils ne pourront pas sourire. En plus d’affaiblir leurs bras et leurs jambes, la FSH a également un impact sur les muscles de la respiration, de sorte qu’il y a aussi un taux élevé de patients qui devront être soumis à une ventilation assistée », explique la Dre Erin O’Ferrall, neurologue et chercheuse principale du site pour une nouvelle étude à l’Unité de Recherche Clinique (CRU). 

Aller droit au but 

« La FSH est une maladie génétiquement complexe, ce qui la rend plus difficile à diagnostiquer — les tests génétiques ne sont pas aussi simples à effectuer ou à interpréter que pour d’autres formes de dystrophie musculaire », explique la Dre O’Ferrall. « Les dystrophies musculaires sont généralement causées par un produit génétique manquant, entraînant la mort des cellules musculaires. À l’inverse, la FSH résulte d’un gène qui est surexprimé et par conséquent tue les cellules musculaires. » 

Heureusement, la recherche a fait de grands progrès au cours de la dernière décennie. Nous savons maintenant que le gène DUX4 est responsable d’activer un mécanisme spécifique, provoquant la mort des cellules musculaires. « Il y a eu une véritable explosion dans mon domaine. Je n’aurais pas imaginé il y a 10 ans que nous envisagerions des thérapies ciblées », explique la Dre O’Ferrall. « Le médicament expérimental testé dans cet essai est spécifiquement formulé pour rabattre ou désactiver complètement le gène DUX4 afin que le muscle puisse vivre. Si ce médicament s’avérait efficace, la FSH serait la première forme traitable de dystrophie musculaire adulte. » 

Plus de 15 ans après son diagnostic, Keith présente des symptômes de faiblesse généralisée, en particulier au niveau du dos et du tronc. Il peut marcher seul, mais ses jambes se sont affaiblies avec le temps. 

« Le sport prenait une grande place dans ma vie. Quand on aime jouer et compétitionner, c’est dur de perdre ça. J’adorerai pouvoir enfiler une paire de patins », explique-t-il. « Les gens veulent savoir qu’il y aura des options de traitements potentiels sur le long terme. La recherche nous donne de l’espoir. Beaucoup de gens regarderont de près pour voir s’il y aura un résultat positif pour les personnes vivant avec la FSH. » 

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L’URC du Neuro est l’un de 3 sites au Canada qui mène cette étude. Les patients seront acceptés de l’extérieur de la province et du pays. 

Pour plus d’informations, contactez nm.neurocru@mcgill.ca ou visitez cru.mcgill.ca/fr/nm-2.