Une nouvelle étude réalisée à l’IR-CUSM identifie le rôle des pièges extracellulaires des neutrophiles (NETs) dans la prolifération des métastases du cancer dans les ganglions lymphatiques
Publiée récemment dans le Journal of Extracellular Vesicles, une nouvelle étude effectuée par des chercheuses et des chercheurs de l’IR-CUSM pourrait se traduire par de meilleurs médicaments pour contrôler la propagation du cancer dans les ganglions lymphatiques.
Sous la direction de Jonathan Cools-Lartigue, M.D., Ph. D., scientifique au sein du Programme de recherche sur le cancer à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR‑CUSM), l’équipe a découvert de nouveaux mécanismes dans les métastases des ganglions lymphatiques, qui pourraient avoir une incidence sur le traitement de bon nombre de cancers à un stade précoce.
On traite souvent les tumeurs solides cancéreuses de deux façons : tout d’abord, en procédant à l’ablation chirurgicale de la tumeur, puis, en essayant d’empêcher la tumeur de se disséminer, ou de métastaser, dans d’autres régions du corps. La plupart des décès attribuables au cancer sont de nature métastatique, mais les mécanismes du processus métastatique sont complexes, et on ne les comprend pas encore bien.
Les ganglions lymphatiques sont souvent le premier endroit où se propagent les métastases du cancer. Dans la nouvelle étude dont il est ici question, l’équipe de chercheuses et de chercheurs a été en mesure de démontrer que les neutrophiles, qui constituent la classe de globules blancs la plus abondante dans l’organisme, peuvent en fait favoriser le développement de métastases dans les ganglions lymphatiques.
« Nous savons que les neutrophiles libèrent des structures, comme des réseaux ou des filaments, appelées pièges extracellulaires des neutrophiles ou NET. Avec cette étude, nous avons appris que ces NET peuvent préparer le ganglion lymphatique d’une manière qui aide les cellules cancéreuses à s’établir, explique le Dr Cools-Lartigue, qui est aussi professeur adjoint au Département de chirurgie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill. En en apprenant plus sur le fonctionnement des NET dans les ganglions lymphatiques, nous pourrions ensuite chercher des moyens d’inhiber leur fonction dans un cancer métastatique. »
Les chercheuses et les chercheurs ont travaillé avec des échantillons de tissus provenant de 175 personnes atteintes d’un cancer de l’œsophage, ayant toutes été traitées au Centre universitaire de santé McGill. Ces scientifiques ont découvert que des niveaux élevés de NET dans les ganglions lymphatiques de ces personnes étaient étroitement liés à une diminution des taux de survie. Cette conclusion indiquait que la présence de NET contribuait à la propagation des métastases dans les cas de cancer.
« Pour en apprendre plus sur les mécanismes liés au fonctionnement des NET dans les ganglions lymphatiques, nous avons mis au point un modèle de métastases dans les ganglions lymphatiques en ayant recours à un modèle murin. L’exercice représentait tout un défi, explique Xin (Daniel) Su, MD, Ph. D., premier auteur de l’article, stagiaire postdoctoral qui travaillait sous la direction du Dr Cools-Lartigue à l’époque de l’étude susmentionnée. Nous avons sélectionné cinq différentes lignées cellulaires cancéreuses, les avons étiquetées en ayant recours à des outils moléculaires, puis les avons liées à de très petits ganglions lymphatiques dans un modèle murin. »
Les chercheuses et les chercheurs ont ensuite identifié et testé divers médicaments dans le but de cibler les NET et les neutrophiles. En inhibant ainsi les NET, ils ont découvert qu’ils étaient capables de réduire avec succès les métastases dans les ganglions lymphatiques dans l’organisme modèle.
Enfin, l’équipe de scientifiques a pu démontrer pour la première fois que les vésicules extracellulaires (VE) provenant de la tumeur primitive étaient essentielles à la formation de NET dans les ganglions lymphatiques. Les VE sont de petites particules produites par la plupart des cellules de l’organisme, dont les neutrophiles. Les scientifiques responsables de l’étude ont démontré qu’en réaction aux VE, les cellules endothéliales des ganglions lymphatiques sécrétaient une protéine appelée CXCL8/2 qui, à son tour, induisait la formation de Net et favorisait la formation de métastases dans les ganglions lymphatiques.
Les chercheuses et les chercheurs prévoient que les résultats de l’étude susmentionnée pourraient documenter le développement de nouveaux traitements à l’intention des personnes atteintes de cancer, comme un examen pathologique plus détaillé des ganglions lymphatiques dans le traitement du cancer à un stade précoce et comme des traitements fondés sur des Net, dans le but de réduire les métastases dans les ganglions lymphatiques.
À propos de l’étude
Lire l’article intitulé Tumour extracellular vesicles induce neutrophil extracellular traps to promote lymph node metastasis (Les vésicules des tumeurs extracellulaires induisent des pièges extracellulaires des neutrophiles (NET) dans la prolifération des métastases du cancer dans les ganglions lymphatiques), publié dans le Journal of Extracellular Vesicles. Article publié pour la première fois le 10 août 2023 https://doi.org/10.1002/jev2.12341
Les auteurs de l’étude tiennent à remercier la Fondation de l’Hôpital général de Montréal et la Fondation pour la recherche en chirurgie thoracique de Montréal, qui nous ont octroyé du financement. Les travaux du Dr Xin Su ont été primés par la Fondation de l’Hôpital de Montréal, la Fondation du CUSM et par le Département de chirurgie du CUSM.
Les auteurs de l’étude remercient également les équipes des plateformes suivantes de l’IR‑CUSM : la Plateforme d’immunophénotypage, la Plateforme d’imagerie moléculaire, la Plateforme de protéomique et analyse moléculaire et la Plateforme d’histopathologie, de même que l’équipe de la biobanque de l’IR-CUSM.
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