Les nouvelles approches à la formation clinique dans les écoles de la Faculté de médecine en temps de pandémie
L’émergence de la pandémie de la COVID-19 au Canada en mars a rapidement bouleversé la vie telle que nous la connaissions. Alors que les établissements d’enseignement fermaient leurs campus pour limiter la transmission du nouveau coronavirus, les professionnels de la santé de toutes disciplines recentraient leurs efforts sur les services de première ligne pour mener une lutte efficace.
Une conséquence importante a été l’arrêt immédiat de la formation clinique des étudiants dans les professions de la santé, un volet clé dans la préparation de la prochaine génération à l’obtention du diplôme et, à terme, à la prestation de soins aux patients. L’interruption temporaire des moyens habituels d’éducation a poussé les écoles des professions de la santé de la Faculté de médecine de l’Université McGill à chercher des moyens novateurs pour que les étudiants acquièrent une expérience clinique, maintenant et dans les prochains mois, malgré la pandémie mondiale.
Les stages cliniques, ou stages d’externat, font partie intégrante de la formation médicale et permettent de se familiariser avec les soins aux patients. Ces stages n’étant plus tenus, les étudiants en médecine à McGill ont cherché à contribuer aux efforts de lutte contre la pandémie de COVID-19. L’équipe des Études médicales de premier cycle (ÉMPC) s’est penchée sans tarder sur les moyens qui permettraient aux étudiants d’avoir un impact, tout en assurant leur sécurité et celle d’autrui et en respectant les directives de santé publique.
En une semaine, les ÉMPC annonçaient que tous les étudiants en médecine pouvaient s’inscrire au stage de pré-externat en santé publique et mondiale (ELEC 200). Le stage à option non crédité, généralement réservé aux étudiants de première et de deuxième année de médecine, permet de soutenir des projets communautaires et de santé publique locaux. Plus de 206 étudiantes et étudiants se sont mobilisés au profit d’une douzaine de projets dans des établissements de soins de santé comme l’Hôpital de Montréal pour enfants et les CLSC et dans des organisations communautaires comme À Deux mains.
Parmi les projets figuraient, notamment, de communiquer avec les patients des urgences pour leur donner les résultats de leurs analyses, de mener des évaluations gériatriques et d’offrir du counseling, ainsi que de doter en personnel une ligne d’assistance téléphonique COVID-19 pour les adolescents. Au moment où les hôpitaux s’empressaient de se préparer à la pandémie, les étudiants en médecine à McGill ont pu apporter le soutien nécessaire, tout en acquérant une expérience précieuse dans le domaine des soins de santé.
Les cours de pratique clinique offerts à l’École des sciences infirmières Ingram (ÉSII) de McGill sont axés sur l’amélioration des habiletés cliniques, des capacités d’évaluation, du raisonnement clinique et de l’intégration en milieu clinique. L’atteinte de ces objectifs de pratique professionnelle des soins infirmiers passe par des laboratoires d’enseignement, l’apprentissage par la recherche et des cours nécessitant des stages dans des domaines cliniques.
En raison de la pandémie, les cours prévus pour le reste de la session d’hiver 2020 ont été non seulement offerts à distance, mais aussi modifiés pour l’être de manière asynchrone. Les étudiantes et étudiants ont ainsi pu participer au moment de leur choix, vu que certains pouvaient être au travail, avoir des responsabilités familiales ou vivre dans un fuseau horaire différent.
L’initiative « Reconnaissance des acquis » du programme du baccalauréat en sciences infirmières (Intégré) a été introduite pour reconnaître l’apprentissage actuel en milieu de travail. L’approche reconnaît la valeur des habiletés déjà acquises et guide ensuite le développement des autres requises pour terminer le programme. L’approche valorise les fondements théoriques des soins infirmiers cliniques ainsi que le développement de l’esprit critique.
McGill est la première et la seule université de langue anglaise au Canada à proposer un cours sur le traitement des plaies dans ses programmes de premier cycle et des cycles supérieurs. Le cours est généralement proposé en parallèle avec des cours d’habiletés en laboratoire et avec le premier stage clinique médico-chirurgical, qui permet de revoir et d’appliquer certaines compétences fondamentales liées au traitement des plaies dans un cadre clinique. Pandémie oblige, il a été proposé en mode à distance.
À l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de McGill, le programme d’ergothérapie et le programme de physiothérapie ont tous deux mis en œuvre des approches innovantes pour offrir le premier cours clinique aux étudiants en transition vers le volet professionnel de la maîtrise de la formation. Alors que les cours offerts à l’Université ont vite été adaptés à l’apprentissage à distance, l’enseignement clinique, en partenariat avec divers partenaires communautaires, universitaires et institutionnels, a dû être repensé en profondeur pour répondre aux normes de certification et de réglementation, tout en minimisant le contact direct avec les patients et en maintenant l’éloignement physique.
La professeure Caroline Storr et son équipe (Karen Falcicchio et Valerie Watters) ont développé un cours de stage clinique hybride axé sur trois thèmes de la pratique de la réadaptation : télésanté et services à distance, application des connaissances (outils éducatifs) et nouveaux rôles pour les ergothérapeutes au Québec. On peut avancer qu’il y a un côté positif à la COVID-19 : la possibilité pour les 70 membres de la cohorte d’ergothérapie de mettre en pratique la responsabilité sociale et de concevoir des solutions de santé pour divers groupes, y compris des patients, comme ceux en centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), et des intervenants, dont la Société Alzheimer du Canada et le Conseil Cri de la santé et des services sociaux de la Baie James.
La professeure Adriana Venturini et son équipe de formation clinique en physiothérapie (Crystal Garnett et Martha Visintin) ont pu organiser rapidement des stages et des formations en télésanté pour les étudiants en début d’apprentissage clinique dans une grande franchise de cliniques de physiothérapie. À l’avenir, elles prévoient de tirer parti de cette expérience pour développer de futurs stages de télé-réadaptation dans des cliniques des secteurs public et privé affiliées à McGill.
Les réactions des étudiantes et étudiants en ergothérapie ont été excellentes, comme en fait foi celle-ci : « Je voulais vous remercier de votre travail et de l’attention accordée pour ce stage. J’aime beaucoup l’expérience jusqu’à présent et j’adore communiquer et collaborer avec mes nouveaux collègues. »
Enfin, en ce qui concerne la formation clinique à l’École des sciences de la communication humaine (ÉSCH), la clinique interne d’enseignement a été dotée de nouveaux équipements, ce qui permettra de fournir des services en totalité par télésanté cet été et à l’avenir.
Les clients, les étudiants et les superviseurs communiquent tous à distance depuis leur domicile. Ainsi, les superviseurs en orthophonie peuvent continuer d’offrir des services aux clients et des stages cliniques, tout en suivant les directives de santé publique en matière d’éloignement physique. C’est particulièrement important étant donné que l’une des principales clientèles de la clinique de l’ÉSCH est constituée de personnes âgées qui courent un plus grand risque de quitter leur domicile; il est donc d’autant plus utile qu’elles puissent entrer en contact avec d’autres. Lauren Tittley supervise les étudiantes et étudiants qui fournissent des services de thérapie du langage dans ce contexte. La professeure Noémie Auclair Ouellet a conçu un programme de recherche pour évaluer les progrès réalisés par des adultes plus âgés lorsqu’ils sont traités dans cette clinique étudiante unique de l’ÉSCH.
Sous la supervision de Mariska Burger, des étudiantes et étudiants de l’École continuent aussi de fournir des services d’orthophonie par télésanté aux enfants d’âge préscolaire du Centre de la petite enfance McGill. Sophie Vaillancourt aide à l’encadrement de ceux qui offrent des services de télésanté aux enfants d’âge scolaire de Kahnawake; des jeunes à risque d’une communauté autochtone profitent ainsi de services d’orthophonie nécessaires pendant que leur école est fermée. La professeure Susan Rvachew prépare une quatrième station de télésanté afin que les étudiants puissent fournir une intervention expérimentale aux enfants d’âge scolaire souffrant de troubles complexes de la phonation. Ce nouveau mode de prestation convient bien au Canada où les clients sont souvent loin des services de santé centralisés. La pandémie a incité à enrichir la formation en orthophonie de cette façon efficace d’aider les personnes ayant des difficultés de communication.
Le 11 juin 2020