Shuang Wang, étudiante en deuxième année de médecine au Campus Outaouais de l’Université McGill et coprésidente du chapitre gatinois de Swab The World, explique le nom de cette initiative qui sauve des vies : ça « provient du fait qu’il s’agit d’effectuer des prélèvements de cellules à l’intérieur de la joue à l’aide d’un coton-tige », une technique qu’on appelle swab en anglais. « Les cellules servent ensuite à effectuer un test d’ADN révélant un patrimoine génétique que l’on inscrit dans un registre. Ainsi, lorsqu’un patient a besoin de cellules souches, le registre révélera les donneurs compatibles », ajoute-t-elle.

 

Or, la probabilité de trouver une telle compatibilité varie grandement selon le groupe ethnique du patient.

 

« Voyez-vous, 70 % des gens inscrits au registre dans le monde sont caucasiens, alors qu’environ 88 % de la population mondiale ne l’est pas », explique Rukun Dou, étudiant en année préparatoire de médecine de McGill à Gatineau et responsable des événements de ce chapitre. Et comme les compatibilités du patrimoine génétique sont beaucoup plus fréquentes entre les personnes issues d’une même ethnie, les chances de survie des patients non caucasiens dont la guérison dépend d’une greffe de cellules souches sont plus faibles en raison de leur sous-représentation dans le bassin de donneurs.

 

Shuang s’est d’abord impliquée au chapitre Swab The World de Montréal. « Mais la coordination à distance était difficile », lance-t-elle. « J’ai donc créé le chapitre de Gatineau en 2023 ». Elle s’est lancée dans cette initiative parce qu’en tant que personne issue d’une minorité, elle est pleinement consciente des défis que doivent surmonter les gens non caucasiens qui ont besoin de cellules souches compatibles. Son coéquipier, Rukun, est passé par le même constat. « C’est à l’occasion d’une présentation par l’autre coprésidente du chapitre de Gatineau, Joana Bodron, que j’ai compris la grande disparité entre les ethnies en matière d’accès aux cellules souches ».

 

Les deux collègues sont nés en Chine et ont immigré au Canada alors qu’ils étaient enfants. Ils proviennent tous deux de la région de Montréal, ce qui ne les a pas empêchés de tomber amoureux de Gatineau en raison de sa proximité avec la nature, du climat d’entraide et de l’accueil chaleureux.

 

L’Université du Québec en Outaouais (UQO), également sise à Gatineau, offre une formation en sciences infirmières et en kinésiologie, en plus d’accueillir dans ses locaux les étudiants et étudiantes de l’année préparatoire en médecine de McGill. C’est d’ailleurs grâce à cet arrangement que Rukun est devenu secrétaire de l’Association étudiante en sciences de la santé (AESS) de l’UQO. Il y a rencontré Elizabeth Jasmin, étudiante en sciences infirmières et présidente de l’AESS.

 

Il n’en fallait pas plus pour créer une collaboration étudiante entre les deux universités dans le cadre de l’initiative Swab The World. En effet, l’UQO prête des locaux au groupe et son AESS a été largement impliquée dans l’organisation des événements des 19 et 26 novembre 2024 : respectivement Swab talk – sensibilisation au don de cellules souches et Swab Drive – collecte de frottis buccal.

 

« Pour ces deux événements, l’AESS s’est vraiment chargée des communications, comme l’envoi des courriels aux étudiants, en leur expliquant pourquoi il était important de participer », nous explique Elizabeth. « Pour attirer le plus de monde possible, j’ai proposé de tenir l’événement à l’occasion d’un dîner pizza au Tonik, le bar étudiant de l’UQO », ajoute-t-elle. « Nous installerons un kiosque sur les lieux et encouragerons les gens à discuter avec nous et à s’inscrire au registre », mentionne pour sa part Rukun. « Tout le matériel sera sur place pour « swabber » les gens. Aucun besoin de commander des kits en ligne », renchérit Shuang.

 

Lorsqu’on leur demande comment ils entrevoient l’avenir de Swab The World, les deux étudiants de McGill ne manquent pas d’idées. « Ça serait bien de pouvoir tenir plus d’événements avec une plus grande portée », lance Shuang. « D’ailleurs, nous devrions collaborer avec d’autres organisations communautaires du milieu et tenir des événements conjoints. Mon rêve le plus fou serait de trouver des donneurs compatibles avec les patients que l’équipe parraine pour tous les sauver, à tout coup ».

 

Quant à Rukun, il y va d’une déduction logique : « le don de sang, c’est bien connu; le don de plasma, c’est moins connu; et le don de cellules souches, c’est pratiquement inconnu. Il faut donc sensibiliser! »

 

Enfin, Elizabeth, qui termine ses études cette année, entrevoit déjà une suite pour la personne qui lui succèdera à la présidence de l’AESS de l’UQO : « Ce serait vraiment extraordinaire de refaire un événement en janvier; ça nous permettrait d’attraper les nouveaux étudiants! »

 

Et que dire de la collaboration entre les étudiants des deux universités? Tous en sont emballés. « Que du positif! », s’exclame Elizabeth. «  La clé, c’est d’avoir une bonne communication entre les organisateurs », précise-t-elle.

 

Avec cet entrain, Swab The World est voué à un bel avenir, au profit des personnes ayant besoin d’un don de cellules souches.