Mucinous_lmp_ovarian_tumour_intermed_magLa découverte, par une équipe dirigée par le Dr William Foulkes de l’Institut Lady Davis (ILD) de l’Hôpital général juif, de mutations dans un gène unique présent chez de multiples cas de cancer des ovaires à petites cellules avec hypercalcémie (COPCH), le type le plus courant de cancer des ovaires indifférencié frappant les femmes de moins de 40 ans, représente une découverte majeure. Ces résultats sont rapportés dans la revue Nature Genetics.

« Bien qu’il soit rare, le COPCH est important parce que l’âge moyen des victimes est de 25 ans, certaines d’entre elles étant aussi jeunes que 2 ans. La patiente la plus âgée connue était une femme de 48 ans. Le pronostic est sombre sauf s’il est diagnostiqué de façon précoce », explique le Dr Foulkes, qui dirige le laboratoire de génétique du cancer de l’ILD et le Programme de génétique du cancer de l’Université McGill. « Grâce à la découverte d’un facteur génétique spécifique, nous avons enfin la possibilité d’offrir une consultation génétique précoce aux femmes ayant des antécédents familiaux de la maladie afin de déterminer la présence de la mutation avant que la maladie n’apparaisse. Cette découverte ouvre aussi la voie à de nouvelles stratégies de traitement. »

En utilisant une technique appelée séquençage de l’exome entier (SEE), une méthode révolutionnaire pour le diagnostic et la taxonomie qui a seulement été développée au cours des cinq dernières années, le Dr Foulkes et son collaborateur, le Dr Jacek Majewski, du Département de génétique humaine de l’Université McGill, ont réussi à identifier une mutation dans le gène de remodelage de la chromatine, SMARCA4, qui était commune à trois familles chez qui au moins deux membres étaient atteints de COPCH. D’autres tests sur un total de 40 cas ont démontré que c’était la seule altération génétique importante dans l’ensemble des tumeurs.

« Les choix de traitement demeurent limités à l’empoisonnement de ce cancer par des substances qui endommagent son ADN », a déclaré le Dr Foulkes. « Toutefois, il est peu probable que celles-ci puissent être aussi efficaces que l’utilisation de nouveaux traitements qui agissent en contrôlant l’expression du gène mutant. Concevoir un médicament qui cible le gène SMARCA4 pourrait comporter des avantages à grande échelle puisque ce gène a été impliqué dans différents types de cancers primaires, notamment le cancer des reins et les tumeurs cérébrales pédiatriques. »

Les patientes ayant des antécédents familiaux de cancer précoce des ovaires peuvent maintenant subir un dépistage de cette mutation génétique et recevoir des conseils sur les choix qui s’offrent à elles. Par exemple, une américaine de 33 ans, dont la mère et les sœurs jumelles étaient décédées des suites de la maladie, a subi un dépistage qui a permis de découvrir la présence d’une mutation du gène SMARCA4. Elle a suivi les conseils de son médecin et a choisi de faire enlever ses ovaires en raison de son très haut risque de développer un cancer des ovaires. Cette patiente a consenti à s’entretenir avec les médias.

Plus important encore, l’étude classe le COPCH comme une tumeur rhabdoïde maligne, soit essentiellement un type de tumeur habituellement observée dans le cerveau qui, dans le cas présent, apparaît dans l’ovaire. Il s’agit beaucoup plus qu’un simple succès académique puisque les pathologistes dépendent de la reconnaissance de l’architecture d’un cancer pour le diagnostiquer avec précision. Maintenant, ils seront en mesure de diagnostiquer ce cancer avec un simple test de détection des anticorps.

« Bien que la mutation soit rare, c’est une forme dévastatrice de cancer qui apparaît chez des jeunes femmes et qui tuera environ la moitié de celles qui en seront atteintes dans un délai de cinq ans », a déclaré le Dr Foulkes.

Concevoir de nouveaux traitements ciblant des biomarqueurs spécifiques fait partie des points forts des programmes de recherche sur le cancer de l’ILD et du Centre du cancer Segal de l’HGJ. Le principe sous-jacent à la médecine personnalisée dans le domaine du cancer, qui est un important domaine de recherche à l’HGJ, consiste à identifier les biomarqueurs qui caractérisent le cancer de chaque patient et à prescrire des traitements qui ciblent directement les fondements génétiques de la tumeur maligne. Le traitement peut être directement ciblé lorsque la cause d’un cancer peut être associée à un gène en particulier ce qui mène à de bien meilleurs résultats pour les patients.

La réalisation des travaux de recherche, dans le cadre de cette étude, nécessitait de vastes collaborations internationales impliquant des chercheurs-cliniciens de partout au Canada et d’aussi loin que l’Australie, l’Allemagne, la France, la Grèce, la Slovénie, les États-Unis et le Royaume-Uni. Un soutien essentiel à la réalisation de plusieurs volets de ce projet a été fourni par l’Université McGill et le Centre d’innovation Génome Québec.

L’article, intitulé : « Germline and somaticSMARCA4 mutations characterizesmall-cellcarcinoma of theovary, hypercalcemic type » (Les mutations SMARCA4 dans les cellules germinales et somatiques caractérisent le cancer des ovaires à petites cellules avec hypercalcémie), de LeoraWitkowski et ses collaborateurs, est publié dans la revue Nature Genetics, en ligne, avant sa publication imprimée, le 23 mars 2014.

Le 27 mars 2014