Les résultats pourraient influer sur la mise au point de vaccins
Les anticorps nous protègent des infections en se liant aux pathogènes, ce qui permet aux globules blancs de reconnaître la menace et de la détruire. Ils peuvent être générés naturellement, à la suite d’une infection, ou induits par la vaccination.
Les anticorps sont produits par des cellules immunitaires appelées lymphocytes B avec l’aide d’autres globules blancs, les lymphocytes T CD4+, dits « auxiliaires ». Les recherches ont déjà établi qu’une sous-population de lymphocytes T CD4+, les lymphocytes Tfh (pour T follicular helper), a pour rôle particulier d’aider les lymphocytes B. Les signaux nécessaires à la production des lymphocytes Tfh demeurent cependant mystérieux.
Une récente étude publiée dans la revue Immunity et menée par des chercheurs de l’Université McGill de Montréal et du Garvan Institute of Medical Research de Sydney, en Australie, est la première à identifier les intégrines – une famille de molécules d’adhérence à la surface cellulaire – comme essentielles à la production et au maintien de la population des lymphocytes Tfh. « Nous savions que les intégrines favorisent la migration et l’activation des lymphocytes T, mais leur rôle dans le développement des lymphocytes Tfh et aux réactions de protection fondées sur les anticorps n’avait pas encore été décrit », explique Irah King, professeur adjoint au Département de microbiologie et d’immunologie, auteur principal de l’étude.
Les chercheurs étudient la façon dont les cellules immunitaires communiquent avec leur milieu environnant pour déclencher des réponses immunitaires de protection contre les maladies chez l’humain. Ils s’intéressent particulièrement à l’immunité dans les tissus barrières comme ceux de l’intestin, de la peau et des poumons, qui accomplissent la tâche complexe de maintenir l’homéostasie tout en interagissant directement avec l’environnement extérieur.
« Après avoir étudié la migration des cellules immunitaires dans nos tissus, nous avons découvert que la production d’anticorps repose en partie sur les mêmes mécanismes que la protection contre les infections, poursuit le Pr King. De plus, après avoir bloqué ou génétiquement désactivé la fonction des intégrines chez des souris, nous avons observé chez elles une réponse réduite des anticorps et une vulnérabilité aux infections par helminthes (vers intestinaux), qui touchent plus de 2 milliards de personnes dans le monde. »
Un manque de lymphocytes Tfh enraye les mécanismes de protection par les anticorps, ce qui rend susceptible aux infections et nuit à l’efficacité de la vaccination. Inversement, la production incontrôlée de lymphocytes Tfh peut conduire au développement d’anticorps qui attaquent les tissus de l’organisme, causant des maladies auto-immunes comme le lupus. « La compréhension des mécanismes de régulation de ces cellules peut être utile à la fois à la promotion de la santé et à la prévention des maladies », note Alex Meli, doctorant au laboratoire du Pr King et premier auteur de la publication. « Puisqu’il existe déjà des agents pharmaceutiques qui modulent la fonction des intégrines, ces protéines pourraient s’avérer une nouvelle cible prometteuse pour contrôler la réponse Tfh, ce qui pourrait toucher des millions de personnes en orientant la mise au point de vaccins et le traitement des maladies auto-immunes. »
Cette étude a fait l’objet d’un financement des Instituts de recherche en santé du Canada.
“The Integrin LFA-1 Controls T Follicular Helper Cell Generation and Maintenance.” Meli, et al. Immunity, 18 octobre 2016, doi: http://dx.doi.org/10.1016/j.immuni.2016.09.018
Le 24 novembre 2016