Une étude menée à l’Institut neurologique de Montréal élucide un mécanisme à l’origine de l’avancée de la maladie de Parkinson sur la voie autoroutière des neurones
Grâce à des chercheurs de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal – le Neuro, de l’Université McGill et du Centre universitaire de santé McGill, le mode de progression et de propagation de la maladie de Parkinson (MP) dans le cerveau est mieux compris.
Leur étude, parue dans eLIFE Journal en septembre, visait à comprendre le mode de progression de la MP en cartographiant la distribution et le degré d’atrophie, qui caractérise la maladie, dans certaines régions du cerveau et à identifier les voies permettant sa propagation de tissus affectés à des tissus sains.
« Aucune étude antérieure n’est parvenue à démontrer l’atrophie régionale du cerveau au stade précoce de la maladie, en raison de nombres d’échantillons de tissus cérébraux trop petits et de méthodes moins efficaces pour dépister l’ensemble des aspects de l’impact de la maladie sur le cerveau. Nous pouvons maintenant cartographier la maladie avec plus de sensibilité qu’auparavant », a indiqué le docteur Dr Alain Dagher, auteur principal de l’étude.
Les chercheurs ont eu accès à un nombre sans précédent d’examens par IRM et de données cliniques disponibles dans la base de données à source ouverte PPMI (Parkinson’s Progression Markers Initiative). Cette ressource précieuse leur a permis d’analyser et de comparer des examens par IRM montrant la structure du cerveau chez 230 sujets aux stades initiaux de la maladie de Parkinson et des sujets sains appariés selon l’âge. L’exercice a permis d’identifier les régions du cerveau touchées par l’atrophie aux premiers stades de la maladie.
« L’IRM révèle un modèle d’atrophie compatible avec un processus pathogénique qui se propage par les réseaux du cerveau. Ce fait encore jamais montré chez des sujets humains appuierait l’hypothèse voulant que la MP soit causée par un « agent toxique » qui se propage de façon transneuronale », de dire le Dr Dagher.
Les conclusions tendent à accréditer l’hypothèse avançant que les cellules cérébrales de sujets parkinsoniens pourraient se détériorer selon le mode de propagation d’une maladie de type à prions, à savoir qu’un agent toxique se propage d’une cellule cérébrale à l’autre par les connexions normales du cerveau. Des mécanismes similaires ont été proposés pour des maladies telles que la maladie d’Alzheimer et l’encéphalopathie spongiforme bovine. Le processus suppose la propagation de l’alpha-synucléine, une protéine mal repliée toxique capable de se reproduire et d’infecter des cellules voisines en empruntant la voie autoroutière neuronale du cerveau.
Les données recueillies lors de l’évaluation annuelle des participants à cette étude permettront aux chercheurs de continuer à cartographier le mode de progression de la maladie dans le cerveau et de mieux comprendre ses causes.
Les traitements actuels aident à contrôler ou à minimiser les symptômes tels que tremblements, lenteur des mouvements, raideur ou rigidité, et perte d’équilibre. Les conclusions de la présente étude ont une portée thérapeutique prometteuse. À plus long terme, elles aideront les chercheurs à mettre au point de nouvelles techniques pour évaluer l’efficacité de médicaments qui pourraient cibler la protéine responsable et donner lieu à des traitements pour prévenir, ralentir, interrompre, voire inverser la progression de MP.
L’étude (article) a été menée par Alain Dagher et des collaborateurs et l’Institut neurologique de Montréal. Elle a été soutenue par des subventions de la Michael J Fox Foundation for Parkinson’s Research, de la W. Garfield Weston Foundation, et de l’Alzheimer’s Association, les Instituts de recherche en santé du Canada, et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.
La PPMI (Parkinson’s Progression Markers Initiative) est une étude clinique d’observation visant à vérifier les marqueurs de la progression dans la maladie de Parkinson. Devenue un modèle pour suivre de multiples cohortes suscitant de l’intérêt, la PPMI est menée dans des centres cliniques du monde entier. L’étude vise à constituer une banque de données cliniques, d’imagerie et d’échantillons biologiques afin de définir les biomarqueurs de la progression de la MP. Une fois définis, ils pourront servir à des études thérapeutiques, objectif ultime poursuivi. Source: www.ppmi-info.org