La nouvelle initiative étudiante réunit des groupes de diverses facultés qui partagent un intérêt en santé.
Dans le réseau actuel de la santé, les professionnels des différentes disciplines de la santé travaillent en équipe de façon concertée pour offrir aux patients des soins de qualité. Pourtant, malgré cette réalité, les étudiants des disciplines de la santé ont encore peu d’occasions d’interagir avec leurs collègues des autres professions durant leur formation, avant d’entamer leur carrière.
La nouvelle Association des étudiants et étudiantes en santé de McGill (MASH, pour McGill Association of Students in Healthcare) tente de changer les choses. À sa deuxième année d’existence, elle vise à améliorer l’expérience interprofessionnelle à l’Université McGill en permettant aux leaders étudiants des programmes d’études en santé de se réunir d’égal à égal pour réseauter, plaider pour l’interprofessionnalisme et apprendre en partageant leurs intérêts et leur expérience.
Changer la dynamique étudiante
L’initiative est née au printemps 2016. Alex Magdzinski (président de l’Association des étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs en sciences infirmières [NGSA] 2016-2017), l’un des instigateurs de l’initiative, raconte : « Plusieurs des membres fondateurs du groupe étaient au premier sommet annuel du Forum de la relève étudiante pour la santé au Québec (FRESQue), fondé par David Benrimoh (sénateur Médecine McGill 2015-2016). Nous avons réalisé que nous étions tous très intéressés à accroître la collaboration interprofessionnelle sur le campus ». Vanessa D’Aquila (présidente de l’Association des étudiantes et étudiants au premier cycle en sciences infirmières [NUS] 2016-2017) poursuit : « Je savais que je voulais m’associer à d’autres leaders étudiants pour promouvoir la collaboration entre nos associations, parce qu’il était évident que les divers programmes de la Faculté de médecine travaillaient encore de façon isolée ». Xin Mei Liu (présidente de l’Association des étudiant(e)s en médecine [MSS] 2016-2017) ajoute : « Les étudiants en médecine sont à mi-chemin entre le premier cycle et les cycles supérieurs, sans appartenir vraiment ni à l’un, ni à l’autre. En fait, notre plus forte appartenance est au domaine de la santé, parce que c’est notre but à tous ». Durant l’été 2016, Alex, Vanessa, Xin et Alison Kutcher (v.-p. aux affaires externes de la NGSA 2016-2017) ont recruté 19 représentants étudiants des programmes de la santé pour promouvoir l’interprofessionnalisme.
Rassembler toute l’équipe
La chance a voulu qu’au même moment, la nouvelle vice-doyenne exécutive à l’éducation, Annette Majnemer, constate que le temps était venu d’intensifier les efforts en faveur de l’interprofessionnalisme au sein de la Faculté, qui étaient menés depuis 2005 par le Comité conjoint des programmes de formation interprofessionnelle. Composé de membres de chacune des écoles de la Faculté de médecine (Liliane Asseraf-Pasin, physiothérapie; Mélanie Mondou, médecine; Cynthia Perlman, ergothérapie; Margaret Purden, sciences infirmières; Kelly Root, orthophonie et Mark Daly, ancien directeur de l’enseignement au CUSM), ce comité a piloté la conception et la mise en place d’un programme formel d’enseignement interprofessionnel pour tous les étudiants des programmes professionnels en santé de la Faculté de médecine de McGill. En 2013-2014, trois cours ont été mis sur pied et font maintenant partie du cursus obligatoire dans ces programmes. Quelque 200 animateurs des milieux universitaire et clinique contribuent ainsi à donner 24 séances d’enseignement à environ 2 000 étudiants annuellement. En 2016, le Bureau de la formation interprofessionnelle (BFIP) a été créé sur la base du Comité conjoint, avec un appui important de la part de la Pre Majnemer. Le BFIP travaille depuis à élargir considérablement le programme de formation interprofessionnelle (FIP) dans le cadre du plan stratégique en matière d’éducation de la Faculté. Heureux de l’initiative et des cours de FIP, les membres de MASH ont établi un sous-comité sur la question, dirigé par Maria Lopez-Laporta, étudiante en 4e année de médecine, pour donner leur avis directement au BFIP. La Pre Majnemer, ravie des projets de MASH, a rencontré les membres fondateurs avant d’approuver l’octroi d’un financement en appui au mandat interprofessionnel du groupe.
MASH compte actuellement des représentants de 27 associations et groupes étudiants des domaines de la santé à McGill, de la médecine dentaire à la biostatistique, en passant par le service social et la nutrition. La coordination du groupe est assurée par cinq membres nommés pour une année universitaire. Les coordonnateurs de cette année sont Sunny Jeong (baccalauréat en sciences infirmières, 2e année), Dinela Rushani (programme double MDCM-Ph. D. en épidémiologie, 2e année), Yasi Xiao (médecine, 4e année), Mrityunjaya Arjun (physiothérapie, 2e année) et Ali Alias (physiothérapie, 2e année). L’association présente une structure collaborative où chaque groupe professionnel dispose d’un vote. La présidence des rencontres mensuelles est assurée en alternance par un représentant de chaque discipline. Les groupes étudiants ayant une mission de promotion de l’interprofessionnalisme peuvent également être membres sans droit de vote. Grâce à cette diversité, MASH a établi un forum propice au réseautage, à l’interaction et à la collaboration, à McGill et ailleurs.
Une grande partie du mandat de MASH consiste à mettre les étudiants des divers programmes en contact et à leur permettre d’apprendre les uns des autres. « Quand nous sommes assis à la même table pour discuter et organiser des projets, il est évident que nos domaines d’expertise respectifs, une fois réunis, créent une synergie incroyable. En contexte réel, il en résulte de meilleurs soins aux patients », explique Alex.
Vanessa est d’avis qu’on perd des occasions incomparables lorsque les étudiants sont isolés de leurs pairs des autres programmes. « Nous pouvons mieux comprendre nos rôles respectifs en travaillant tous ensemble et en formant un respect mutuel par la communication. »
Xin ajoute que les divisions administratives entre les facultés font obstacle à de précieuses occasions d’apprentissage. « On ne peut pas vraiment réfléchir au travail interprofessionnel en milieu clinique en l’absence de membres clés de l’équipe, comme les travailleurs sociaux », dit-elle. MASH espère intégrer encore plus de disciplines qui ont un intérêt pour les soins de santé mais dont le lien avec le domaine est moins évident, notamment dans les facultés des sciences, des arts et des sciences de l’éducation. « Nous voulions vraiment transcender ces frontières parce qu’elles n’avaient pas vraiment de sens pour nous. Les regroupements administratifs sont essentiels à l’organisation de l’établissement, mais sur le plan de l’interprofessionnalisme réel, ils représentent un obstacle. Nous cherchons encore à définir la meilleure façon de collaborer. »
Au service de tous les étudiants en santé
MASH a participé à une initiative visant à prolonger les heures d’ouverture de la bibliothèque de médecine pour améliorer l’accès aux étudiants; le groupe a également proposé de simplifier l’accès des étudiants aux différents hôpitaux où ils sont formés, en créant une carte d’identité unique pour tous les sites. MASH a aussi agi comme porte-parole de l’interprofessionnalisme à la Faculté au sein du comité interprofessionnel sur les locaux de formation et lors de rencontres pour les écoles professionnelles de la Faculté de médecine. Les membres du groupe ont reçu un accueil favorable du vice-principal (santé et affaires médicales) et doyen de la Faculté de médecine, le Dr David Eidelman, qui les a félicités d’avoir soulevé ces problèmes et les a encouragés à continuer de le tenir au courant pour qu’il puisse contribuer à améliorer l’expérience étudiante à la Faculté.
Dans leur rôle de représentants étudiants, les membres de MASH se sont également entretenus avec le Dr Arvind K. Joshi, nommé par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, pour superviser les consultations sur la proposition de fusion du CUSM et des CIUSSS du Centre-Ouest et de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal. L’idée a depuis été abandonnée, mais la participation aux consultations, qui portaient non seulement sur la fusion, mais aussi sur ce que les leaders étudiants et les futurs professionnels de la santé imaginent pour l’avenir du système de santé, a constitué une étape cruciale dans le parcours de MASH.
De nombreux projets à l’horizon
À sa deuxième année d’existence, MASH a trouvé son rythme de croisière. Le groupe jouit d’une beaucoup plus grande reconnaissance sur le campus et commence à mettre en œuvre certaines des idées sur l’interprofessionnalisme qui ont motivé sa création.
Une initiative conjointe entre la MSS et l’Association étudiante aux cycles supérieurs de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie (SPOT-GSA) verra la création d’un atelier portant sur des sujets d’intérêt commun, comme les problèmes musculosquelettiques. Animé par des étudiants, l’atelier visera à favoriser l’interprofessionnalisme.
MASH aidera également à aborder un problème qui touche les étudiants de l’École des sciences de la communication humaine : un nouveau règlement au Québec les oblige à obtenir une vérification du casier judiciaire pour pouvoir faire leurs stages, ce qui pose problème pour les étudiants étrangers ou canadiens hors Québec.
Le nouveau programme d’observation interprofessionnelle est une autre initiative étudiante de MASH. Mené par Liang Chen, membre du groupe et actuel président de la MSS (2017-2018), ce projet vise à jumeler des étudiants en physiothérapie, ergothérapie, médecine dentaire, sciences infirmières et médecine avec un clinicien d’une autre discipline (un étudiant en physiothérapie avec une infirmière, une dentiste ou un médecin, par exemple) pour observer comment les professionnels font équipe sur le terrain et acquérir une expérience de collaboration interprofessionnelle en milieu réel.
MASH réalisera bientôt l’un de ses grands objectifs : produire et partager des projets de recherche sur l’interprofessionnalisme. Le 13 mars, de 17 h à 20 h, dans l’Atrium Bellini, MASH et le McGill Journal of Medicine (MJM) tiendront le premier symposium mcgillois invitant les étudiants de toutes les disciplines à présenter leurs recherches sur l’interprofessionnalisme en santé (événement Facebook : https://www.facebook.com/events/171089363506141/).
Renseignements sur MASH : https://www.facebook.com/MASH.McGill/
Renseignements sur le Symposium de recherche MASH-MJM : mjm.med@mcgill.ca
* Association étudiante du Département d’épidémiologie, biostatistique et santé au travail (EBOSS); Association étudiante aux cycles supérieurs en service social (SWAGS); Association des résidents de McGill (ARM); Alliance professionnelle étudiante en santé de McGill (msHPA); Association des étudiants diplômés en psychologie (AÉDP); Regroupement étudiant pour la collaboration en santé mentale (CMH); Association étudiante de médecine dentaire (DSS); Association étudiante de premier cycle en physiothérapie et ergothérapie (POTUS); Association étudiante aux cycles supérieurs de l’École des sciences de la communication humaine (SCSD-GSS), Association étudiante d’éducation physique et kinésiologie (SAPEK), Association étudiante de service social (SWSA), Département de psychopédagogie et counseling (DEPE), Groupe d’intérêt en psychiatrie de McGill (McPIG), Groupe Humanities and Arts in Medicine de McGill (McHAM)
Le 6 mars 2018