
Des chercheuses et des chercheurs de L’Institut, en collaboration avec Sanofi, mettent au point une thérapie visant à améliorer la régulation du système immunitaire chez les personnes atteintes de diabète de type 1
Dans une nouvelle étude novatrice, des scientifiques de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L’institut) ont mis au point une nouvelle molécule d’interleukine 2 (IL-2), appelée IL-2 SYNTHORIN, qui s’annonce prometteuse pour le traitement de maladies auto-immunes, comme le diabète de type 1. Les résultats de cette étude, réalisée sous la direction de Ciriaco Piccirillo, Ph. D., du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale (programme MIISM) de L’Institut, en collaboration avec Sanofi-Aventis, l’une des plus grandes sociétés pharmaceutiques d’Europe, ont récemment été publiés dan JCI Insight. Leur découverte révèle que l’IL-2-SYNTHORINE peut stimuler la régulation naturelle du système immunitaire en favorisant la croissance des lymphocytes T régulateurs (cellules Treg), qui jouent un rôle crucial dans le maintien de l’équilibre du système immunitaire.
Une maladie auto-immune se développe lorsque le système immunitaire s’attaque à tort aux propres tissus de l’organisme. Dans le cas du diabète de type 1, cette affection entraîne la destruction des cellules qui produisent l’insuline dans le pancréas. Les thérapies traditionnelles ayant recours à l’IL-2 ont eu une efficacité limitée, parce qu’elles activent une vaste gamme de cellules immunitaires, ce qui a le potentiel de déclencher une inflammation dommageable. La nouvelle molécule d’IL-2 SYNTHORINE ingéniérisée surmonte ce défi en se liant à la chaîne alpha du récepteur d’IL-2 (CD25), faisant ainsi croître de manière sélective les cellules Treg sans stimuler les cellules pro-inflammatoires.
Dans des modèles précliniques de diabète de type 1, l’administration de l’IL-2 SYNTHORINE a entraîné une augmentation importante des populations de cellules Treg dans le pancréas. Cette expansion des cellules Treg a été associée à une diminution de l’insulite — processus inflammatoire qui endommage les îlots produisant l’insuline — ce qui indique son effet protecteur contre l’attaque auto-immune qui stimule le développement de la maladie. Plus particulièrement, l’IL-2 SYNTHORINE a également favorisé la différenciation des cellules Treg dans des sous-populations spécialisées capables de produire de l’interleukine 10 (IL-10), cytokine anti-inflammatoire soutenant davantage la régulation du système immunitaire.
Le professeur Piccirillo, auteur principal de l’étude et grand spécialiste de la biologie des cellules Treg, a insisté sur les retombées potentielles de la découverte dont il est ici question. « En augmentant de manière sélective le nombre de cellules Treg, l’IL-2 SYNTHORINE offre une approche thérapeutique prometteuse pour les maladies auto-immunes comme le diabète de type 1. »
La mise au point de l’IL-2 SYNTHORINE témoigne de la collaboration entre L’Institut et Sanofi, qui a permis de combiner recherche universitaire et innovation pharmaceutique.
« Les prochaines étapes impliquent la progression de la thérapie à l’IL-2 SYNTHORINE, qui va passer au stade d’essais cliniques, afin d’en évaluer la sécurité et l’efficacité chez des patientes et des patients ayant une maladie auto-immune », ajoute le professeur Piccirillo.
Cette recherche a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), et a bénéficié du savoir-faire et de l’expérience de l’équipe de la Plateforme d’immunophénotypage de L’Institut.
À propos de l’étude
The IL-2 SYNTHORIN molecule promotes functionally adapted Tregs in a preclinical model of type 1 diabetes. Fernando Alvarez, Nicole V. Acuff, Glenn M. La Muraglia II, Nazila Sabri, Marcos E. Milla, Jill M. Mooney, Matthew F. Mackey, Mark Peakma et Ciriaco A. Piccirillo. JCI Insight. 2024 9(24).
Identifiant d’objet numérique : https://doi.org/10.1172/jci.insight.182064