_MG_2919L’Université McGill a la chance de compter le Dr  Haile T. Debas (MDCM 1963) parmi ses diplômés. Lorsqu’est venu le temps de choisir une école de médecine, le natif de l’État africain d’Érythrée a choisi parmi des centaines d’établissements.

«[À la fin], j’avais le choix entre Édimbourg, Harvard et McGill» se rappelle le Dr Debas, qui avait été admis aux trois endroits. McGill l’a attiré en raison de sa réputation internationale. De plus, il croyait que l’Université posséderait les avantages des systèmes américain et anglais. Lorsqu’Harvard lui a demandé de faire une année de qualification en anglais, il a été encore plus convaincu qu’il devait partir pour Montréal.

«Sans aucun doute, j’ai fait le bon choix», lance aujourd’hui le fier diplômé. «Montréal est un endroit merveilleux pour un étudiant. Et McGill était… attentionnée. Peu d’établissements se donnent la peine de s’assurer que chaque étudiant est ok – cela nécessite beaucoup d’efforts. Pour moi, c’était époustouflant. Nous avions aussi de remarquables enseignants – des personnages – comme C.P. Leblond et C.P. Martin. On y trouvait des personnes que l’on oublierait jamais. Je me suis beaucoup plu [à McGill].»

De McGill à l’autre bout du monde

Au cours des 50 années après avoir obtenu son diplôme de médecine, le Dr Debas a bâti sa réputation de pionnier en santé mondiale. «Dans un monde interrelié, qui rapetisse à vue d’oeil, les problèmes qu’ils ont dans d’autres parties du monde deviennent également les nôtres», avoue l’ancien chancelier et doyen de l’École de médecine de l’Université de la Californie à San Francisco (USFC).

Au nombre de ses réalisations, le Dr Debas mentionne avoir lancé les programmes de santé mondiale à l’USFC et sur les dix campus de l’Université de la Californie, l’une des choses dont il est le plus fier. Ce consortium universitaire pour la santé mondiale regroupe maintenant 130 universités en Amérique du Nord et dans les pays en développement.

Bien que l’on apparie souvent la santé mondiale aux efforts philanthropiques et humanitaires, afin d’avoir vraiment un impact, nous devons aller bien au-delà, non seulement pour le bien des autres, mais aussi pour nous-mêmes.

«Je vous donne deux exemples», lance le Dr Debas. «[D’abord], l’arrivée du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) à Toronto, avec les passagers d’un vol commercial. Deuxièmement, la recrudescence des cas de tuberculose en Californie. Nous avions presque éradiqué cette maladie dans les années 1970 et 1980,  mais elle revient et encore pis, c’est qu’elle résiste à de multiples médicaments. Pourquoi ? Parce que la résistance aux médicaments se développe dans les pays en voie de développement – par exemple, il existe de faux médicaments, les patients ne prennent pas les médicaments de manière appropriée, ils obtiennent une prescription et désirent la conserver et la garder pour le mois suivant au lieu de la prendre pendant deux semaines. Tout ceci permet à la bactérie de développer de la résistance. On ne peut combattre cela ici. Il faut le faire là-bas.»

Améliorer les ressources humaines

La mondialisation permet non seulement de multiplier la richesse, mais aussi de partager rapidement les problèmes, comme le SRAS. Il n’est plus possible pour un pays développé d’être isolé, de faire les choses à sa manière.

Malgré l’aide de milliards de dollars acheminée en Afrique, le Dr Debas explique que jusqu’à récemment, cet argent a permis d’accomplir très peu. Selon lui, le vent tourne depuis l’apparition d’économies en voie de développement qui créent de la richesse et une classe moyenne, plutôt que de simples dons. Aujourd’hui, il y a 17 pays en Afrique où la croissance annuelle est de 6 à 10 pour cent.

Le même principe s’applique en santé mondiale, où l’on ne peut plus simplement aller en quelque part, faire quelque chose et repartir. «Il y a quelques années, il y a eu un article dans un journal anglais à propos d’un enfant en Tanzanie qui avait été frappé par une auto», raconte le Dr Debas pour illustrer son point. «Une autre auto est arrivée et a amené l’enfant à un hôpital situé à 15-20 kilomètres de distance. Cet hôpital avait reçu beaucoup de financement et avait beaucoup d’équipement. Ils sont arrivés et personne ne savait comment utiliser l’équipement – ils ne pouvaient même pas donner de l’oxygène même s’ils avaient les bouteilles d’oxygène!»

«Vous devez laisser quelque chose qui va durer et la meilleure façon de le faire est de former l’équipe,» dit le Dr Debas.  «Je ne veux pas parler ici seulement des médecins, des infirmières, des techniciens, mais aussi des gestionnaires. La plus grande lacune dans les pays africains est la gestion au niveau départemental, au niveau de l’école, au niveau de l’Université et au niveau ministériel. Certaines choses que l’on prend pour acquises comme Canadiens ne se produisent pas là-bas. Si nous pouvions aider à développer les ressources humaines, ce serait parfait.» Voilà la vision qu’a Haile Debas de la santé mondiale et de ce qu’on attend des générations actuelles et futures de professionnels de la santé. L’aboutissement de ces efforts, dit-il, ne verra le jour que dans 10 ou 20 ans.

Le 18 mars 2014