La création de conditions propices à la santé et à la guérison à l’échelle mondiale est au cœur de la mission de l’École des sciences infirmières Ingram (ÉSII). À l’occasion de la Journée mondiale de la santé (le 7 avril), nous braquons les projecteurs sur deux programmes populaires qui ont fourni une expérience clinique en santé mondiale à nos étudiantes et étudiants. Malheureusement, ces deux programmes ont été suspendus en 2020 en raison de la pandémie; des discussions sont néanmoins en cours afin de déterminer le moment et le format appropriés pour leur reprise.

Que ce soit au Ghana, au Honduras, dans le Nord du Québec, ici même à Montréal ou ailleurs, les étudiantes et étudiants de l’École des sciences infirmières Ingram se sont aventurés en dehors de leur zone de confort, de leur plein gré. Les étudiantes et étudiants de premier cycle qui répondaient aux critères de sélection ont pu effectuer le stage de consolidation clinique de la dernière session à l’extérieur du réseau de McGill dans le cadre du Programme des ambassadrices et ambassadeurs. À la maîtrise, concentration Santé mondiale, le stage clinique a eu lieu dans des établissements de soins de santé desservant des populations en quête d’équité au Canada et à l’étranger.

Combinant théorie et stages cliniques, la concentration Santé mondiale du programme de maîtrise prépare les infirmières et infirmiers aux défis associés au travail auprès de populations diverses dans des environnements aux ressources souvent limitées. Si certains pourraient s’étonner de l’existence de populations en quête d’équité au Canada, Jodi Tuck, professeure adjointe et responsable de la concentration Santé mondiale, explique que la santé mondiale couvre le monde entier puisque que la Terre « est ce que nous avons tous en commun ».

L’attention accordée aux partenariats à long terme est l’une des clés du succès du programme. À l’échelle internationale, l’ÉSII a créé des collaborations dans des pays comme Haïti, la Colombie et la Tanzanie. Ses partenaires québécois comptent La Maison bleue, qui s’adresse aux femmes enceintes vivant en contexte de vulnérabilité et à leurs jeunes enfants, Médecins du monde et la communauté algonquine de Lac-Rapide, dans la réserve faunique La Vérendrye. « Nous essayons d’éviter ce que l’on appelle le tourisme médical, explique la Pre Tuck. Ce sont les organisations partenaires qui cernent leurs besoins particuliers; les étudiantes et étudiants définissent ensuite leurs projets cliniques de manière à les aider à combler ces besoins. »

Jessica Sherman a fait partie de ces étudiantes. Bien que son stage clinique à Lac-Rapide remonte à une douzaine d’années, de nombreux détails de cette expérience enrichissante sont toujours vifs dans son esprit. « J’ai appris à ne pas avoir d’idées préconçues sur les raisons qui poussent les gens à se comporter d’une certaine façon. Il faut du temps pour comprendre la perspective culturelle et l’histoire personnelle de chacun, mais c’est ainsi que l’on crée une relation de confiance », explique-t-elle. Ses expériences pédagogiques à l’ÉSII l’ont orientée vers une belle carrière d’infirmière en santé communautaire, où la création des relations est au cœur des soins qu’elle prodigue.

La concentration Santé mondiale interpelle les étudiantes et étudiants qui ont à cœur l’équité et la justice sociale et qui sont suffisamment matures et flexibles pour adapter leur approche en fonction de situations complexes et d’environnements aux ressources restreintes. « Nos étudiantes et étudiants voient leurs points de vue continuellement remis en question et ils apprennent à développer une humilité et une ingéniosité culturelles », s’enthousiasme la Pre Tuck. Tout au long de leur stage clinique et après sa conclusion, on encourage les étudiantes et étudiants à faire le bilan de leurs acquis et à y réfléchir.

Les étudiantes et étudiants de premier cycle ayant un intérêt particulier pour la santé mondiale attendent impatiemment l’occasion de participer au Programme des ambassadrices et ambassadeurs de l’ÉSII, créé en 2006. À ce jour, 204 étudiantes et étudiants ont effectué leur stage clinique final ailleurs au Canada, aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Europe, en Afrique, en Asie et en Australie.

La professeure Madeleine Buck, qui a coordonné le programme depuis sa création et jusqu’en 2019, souligne que les étudiantes et étudiants ont la responsabilité de trouver leur propre stage en faisant appel à des agences crédibles organisant ce type de programme. Ils doivent aussi préparer une proposition détaillée comprenant une analyse complète des problèmes de santé qu’ils s’attendent à rencontrer et se soumettre à un entretien avec les membres du comité de sélection. À titre de représentants de McGill, ils doivent également incarner les valeurs de professionnalisme et d’ingéniosité qui caractérisent l’ÉSII. « C’est un processus de sélection rigoureux, admet la Pre Buck. Les étudiantes et étudiants doivent montrer les contributions qu’ils comptent apporter dans un milieu aux ressources restreintes. Le stage est bien sûr une occasion d’apprentissage, mais les stagiaires ne doivent pas être un fardeau pour le système. »

La coordinatrice actuelle du programme, la professeure adjointe Irene Sarasua, note que l’humilité culturelle et l’ouverture aux points de vus différents sont des critères tout aussi importants. « Nos stagiaires ne vont pas à l’étranger ou dans les communautés autochtones avec une attitude colonialiste, voulant régler tous les problèmes ou changer le monde. Ils se rendent dans ces endroits pour apprendre d’autres modes de fonctionnement et des approches imaginatives pour gérer des situations de soins dans des environnements différents. » Un membre du corps professoral fournit du soutien aux stagiaires ainsi qu’aux agences qui les hébergent afin de s’assurer que le stage soit une expérience positive pour tous. Les étudiantes et étudiants ont également la possibilité de faire un bilan à leur retour.

Si le Programme des ambassadrices et ambassadeurs est prisé par les étudiantes et étudiants, les stages ont aussi des avantages pour les infirmières et infirmiers qui accueillent les stagiaires. « Nous visons la réciprocité et nous tentons de créer des occasions favorisant de riches échanges culturels », conclut la Pre Sarasua.