Cette découverte pourrait expliquer pourquoi certaines personnes sont plus vulnérables aux lésions pulmonaires en cas d’inflammation grave

Une équipe de recherche de l’Université McGill et de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (l’« Institut ») a découvert que l’immunité entraînée, processus exploré dans la mise au point de vaccins et de traitements visant le renforcement des défenses immunitaires, semblait contre-productive dans certains contextes.

On parle d’« immunité entraînée » lorsque la première ligne de défense de l’organisme se souvient des menaces passées et réagit plus fortement aux infections ultérieures, même si celles-ci sont différentes, en modifiant le comportement des cellules immunitaires.

Une étude antérieure avait permis à cette équipe de déterminer que le bêta-glucane, molécule présente dans les parois cellulaires des champignons, y compris les levures, pouvait réduire les lésions pulmonaires en cas d’infection grippale. Cette étude portait sur l’effet du bêta-glucane sur les neutrophiles, type de globule blanc.

Toutefois, dans une nouvelle étude publiée dans la revue eLife, l’équipe a constaté que l’exposition au bêta-glucane pouvait reprogrammer les macrophages alvéolaires, cellules immunitaires situées dans les minuscules cavités d’air des poumons, et causer une aggravation des lésions pulmonaires lors d’une inflammation virale ou bactérienne grave. Ces cellules contribuent à la santé des poumons en éliminant la poussière, les débris et les agents pathogènes.

« La plupart des recherches sur l’immunité entraînée se sont concentrées sur les cellules immunitaires en circulation qui proviennent de la moelle osseuse, a déclaré l’auteur principal, Renaud Prével, boursier postdoctoral aux Laboratoires Meakins-Christie de l’Institut. Nous voulions savoir si le bêta-glucane pouvait induire une immunité entraînée dans les macrophages alvéolaires, et si cette immunité était utile ou nuisible ».

Les scientifiques ont exposé des souris au bêta-glucane, substance qui déclenche une immunité entraînée et que l’on trouve dans certains suppléments de santé. Une semaine plus tard, les souris ont été exposées à des signaux imitant une infection virale ou bactérienne grave au moyen d’un phénotype évocateur d’une sepsie. À l’aide de la microtomographie assistée par ordinateur à haute résolution et de l’analyse liquide, ils ont constaté que les souris qui avaient reçu du bêta-glucane présentaient des lésions pulmonaires beaucoup plus graves que celles du groupe témoin non traité.

Pour confirmer que les cellules immunitaires étaient à l’origine des lésions, l’équipe a retiré ces cellules, et l’inflammation a disparu. Après l’introduction de macrophages alvéolaires entraînés chez d’autres souris, l’inflammation est réapparue. Les cellules ont montré des signes d’entraînement immunitaire, mais étonnamment, cela ne s’est pas produit par les voies immunitaires habituelles. Les cellules ont eu besoin de signaux provenant d’infections et de l’aide d’autres cellules immunitaires.

« Notre étude montre que la mémoire immunitaire dans les poumons est plus dynamique qu’on ne le pensait, a expliqué l’auteur en chef, Maziar Divangahi, professeur de médecine à l’Université McGill et directeur associé aux Laboratoires Meakins-Christie. Cela pourrait expliquer pourquoi certaines personnes présentent une inflammation pulmonaire plus grave, en particulier en présence de sepsie. »

L’étude

L’article « β-glucan reprograms alveolar macrophages via neutrophil/IFNy axis to promote lung injury », par Renaud Prével, Maziar Divangahi et coll., a été publié dans eLife.

L’étude a été subventionnée par les Instituts de recherche en santé du Canada et le Fonds de recherche du Québec – Santé.