Durant la première vague de la pandémie de COVID-19, la chercheuse et professeure titulaire Céline Gélinas a jugé important de sonder le personnel infirmier québécois pour mesurer l’incidence de cette crise sanitaire sans précédent.
Durant la première vague de la pandémie de COVID-19, en qualité de codirectrice du Réseau de recherche en interventions en sciences infirmières du Québec (RRISIQ), la chercheuse et professeure titulaire Céline Gélinas, inf., Ph. D., de l’École des sciences infirmières Ingram, a jugé important de sonder le personnel infirmier québécois pour mesurer l’incidence de cette crise sanitaire sans précédent.
Composé de chercheuses et de chercheurs de huit universités affiliées et de centres de recherche de partout au Québec, le RRISIQ est reconnu pour son expertise en recherche sur les interventions cliniques, les interventions organisationnelles et l’éducation. « Comme infirmières, nous sommes expertes en soins, ce qui nous donne une perspective unique en recherche, explique la Pre Gélinas. Le but ultime de nos recherches est d’améliorer les soins que nous offrons. »
Quelque 1700 infirmières, infirmiers, infirmières auxiliaires et infirmiers auxiliaires ont répondu à l’enquête entre la première et la deuxième vague de la pandémie. Deux groupes de répondants ont été constitués : un groupe témoin et un groupe ayant été exposé à la COVID-19, soit en soignant des patients qui sont décédés de la maladie ou en côtoyant des collègues qui l’ont contractée. L’équipe de recherche a recueilli des données sur la détresse psychologique, les symptômes dépressifs, la fatigue, la perception de la préparation à la pandémie ainsi que l’intention de quitter le milieu de travail ou la profession infirmière. La Pre Gélinas et son équipe ont également traduit l’Échelle de la peur de la COVID-19 en français canadien et en anglais canadien avant d’en valider l’utilisation pour mesurer la peur vécue par le personnel infirmier.
Les résultats ont révélé un niveau de détresse et d’épuisement accru chez le personnel infirmier qui a été exposé à la COVID-19. L’impression d’être préparées adéquatement ou non pour offrir des soins de qualité pendant la pandémie a influencé l’intention des personnes répondantes de quitter le milieu de travail ou la profession infirmière. Plus de 40 % du personnel infirmier sondé s’est dit dépassé par la situation au travail. Le tiers des personnes répondantes ont affirmé ne pas être adéquatement préparées pour offrir des soins de qualité durant la pandémie – une perception associée à un taux accru de symptômes dépressifs, de fatigue et de détresse psychologique.
De tous les groupes d’âge, les membres du personnel infirmier appartenant à la génération X (de 40 à 56 ans) ont signalé le plus souvent avoir vécu une détresse psychologique et des symptômes dépressifs. L’équipe de recherche a postulé que les membres de ce groupe démographique étaient aussi plus susceptibles de s’occuper d’enfants et de parents âgés, ce qui ajoutait un stress supplémentaire.
Aucune de ces conclusions n’a surpris la Pre Gélinas. « Les infirmières et infirmiers sont formés pour offrir des soins de haute qualité. Quand c’est impossible, leur niveau de stress et d’insatisfaction au travail augmente, ce qui se répercute sur leur maintien en poste et leur désir d’exercer leur profession. »
Trois articles ont été publiés à la suite de l’étude. Le premier, intitulé « Traduction de l’échelle de la peur de la COVID-19 en langues franco et anglo-canadiennes et validation auprès du personnel infirmier du Québec », est cosigné par Christine Maheu, chercheuse et professeure agrégée à l’École des sciences infirmières Ingram, ainsi que Mélissa Richard-Lalonde, doctorante à McGill. Le deuxième article traite de la satisfaction au travail et de l’intention de quitter la profession infirmière, tandis que le troisième porte sur la détresse et les symptômes dépressifs chez le personnel infirmier. Un autre article en chantier vise à explorer la perception qu’ont les infirmières et infirmiers de l’amélioration ou de la détérioration de la qualité des soins dans leurs unités depuis le début de la pandémie.
Références :
Gélinas, C., Maheu, C., Lavoie-Tremblay, M., Richard-Lalonde, M., Gallani, M. G., Gosselin, E., Hébert, M., Tchouaket, E., & Côté, J. (2021). Translation of the Fear of COVID-19 Scale into French-Canadian and English-Canadian and Validation in the Nursing Population of Québec. Science Infirmière et Pratiques en Santé, 4(1), 25 pages. Open access. https://doi.org/10.7202/1077985ar
Lavoie-Tremblay, M., Gélinas, C., Aubé, T., Tchouaket, E., Tremblay, D., Gagnon, M. P., & Côté, J. (2022). Influence of caring for COVID-19 on nurses’ turnover, work satisfaction and quality of care. Journal of Nursing Management, 30(1), 33-43. Free Access. https://doi.org/10.1111/jonm.13462
Côté, J., Aita, M., Chouinard, M. C., Houle, J., Lavoie-Tremblay, M., Lessard, L., Rouleau, G., & Gélinas, C. (2022). Psychological distress, depression symptoms, and fatigue among Quebec nursing staff during the COVID-19 pandemic: A cross-sectional study. Nursing Open, 9(3), 1744-1756. https://doi.org/10.1002/nop2.1199