Une première partie des données de l’ÉLCV est maintenant disponible en ligne et permet d’offrir un aperçu du profil des Canadiens âgés de 45 à 85 ans
Les chercheurs intéressés à la santé et au bien-être des Canadiens peuvent maintenant compter sur une véritable mine d’informations pour supporter leur travail scientifique. Une première partie des données de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement (ÉLCV) est maintenant disponible en ligne et permet d’offrir un aperçu du profil des Canadiens âgés de 45 à 85 ans. Le Centre d’analyse statistique (SAC), basé à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), joue un rôle clef dans la gestion des renseignements recueillis par l’ÉLCV.
L’ÉLCV suivra 50 000 Canadiens âgés de 45 à 85 ans tous les trois ans pendant 20 ans. La plateforme offre aux chercheurs un large éventail de données portant sur tout changement biologique, médical, psychologique, social, économique et d’habitude de vie qui se produit au cours de cette période de la vie d’une personne.
« Jusqu’à tout récemment, les études sur le vieillissement tombaient dans une de ces deux catégories : celles qui étudiaient les aspects sociaux de la vieillesse et celles qui se concentraient sur la maladie. Notre étude est unique parce qu’elle allie les deux catégories et compte des participants aussi jeunes que 45 ans », explique la co-chercheuse principale de l’ÉLCV, Dre Christina Wolfson, chercheuse à l’IR-CUSM et professeure aux départements de médecine et d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail de l’Université McGill.
Il y a deux stratégies de collecte des données parmi les participants à l’ÉLCV. D’une part, des données sont recueillies au moyen d’entrevues téléphoniques pour 20 000 participants et, d’autre part, par le biais de rencontres à domicile suivies d’une évaluation physique complète pour 30 000 participants. Le recrutement et l’évaluation initiale des personnes interrogées par téléphone sont maintenant complétés, et les données sont disponibles pour les chercheurs intéressés. Ces entrevues comportent des questions détaillées sur l’état physique, affectif et de santé des participants.
« Si, par exemple, vous souhaitez connaître le nombre de personnes ayant déclaré avoir la maladie de Parkinson ou une pression artérielle élevée, ou encore qui ont pris leur retraite puis sont retournées au travail par la suite, vous trouverez réponse à vos questions en utilisant les données de l’étude », explique la Dre Wolfson. « Les participants sont également interrogés sur leur structure familiale, leur régime de retraite et leur situation financière. Ces informations peuvent être utilisées par des professionnels de la santé, des épidémiologistes, des sociologues, des psychologues, des organismes gouvernementaux et par tous ceux qui s’intéresse à la recherche et aux politiques en matière de santé. »
Ce genre d’étude est essentiel pour comprendre comment ces facteurs interagissent les uns avec les autres, selon la chercheuse principale du site de l’ÉLCV à l’Université Sherbrooke, Dre Hélène Payette, chercheuse au Centre de recherche sur le vieillissement et professeure à la Faculté de médecine et sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke.
« Le processus de vieillissement est tellement complexe et hétérogène d’une personne à l’autre qu’on a besoin de ces grandes études populationnelles avec un grand nombre de participants pour pouvoir explorer toutes les questions relatives au vieillissement. »
Si 11 sites participent à la collecte de données pour l’ÉLCV, l’IR-CUSM est le seul qui abrite également le Centre d’analyse statistique où l’équipe évalue la qualité et la fiabilité des données et les organise de façon à pouvoir les transmettre aux chercheurs.
« Nous sommes les gardiens de ces données », dit la Dre Wolfson. « C’est une grande responsabilité de devoir assurer le maintien de l’anonymat et de
la confidentialité de ces données tout en les rendant publiques selon les lignes directrices de l’ÉLCV. Lors de ce processus, nous gardons aussi en tête les attentes de nos participants quant à l’utilisation de ces données. »
Les 30 000 participants additionnels seront soumis à une évaluation plus approfondie comprenant une évaluation physique et la collecte d’échantillons de sang et d’urine. Jusqu’à présent, plus de 24 000 participants ont été recrutés et évalués. Il est prévu que le recrutement se termine au cours de l’été 2015. Débutera alors le premier suivi des participants. Les données et échantillons biologiques de ces 30 000 participants seront disponibles en 2016.
Selon la Dre Wolfson, la recherche effectuée sur les générations précédentes ne peut pas prédire les besoins des baby-boomers à mesure qu’ils vieillissent.
« Tout le monde pense que les baby-boomers vont vieillir différemment de leurs parents. La société a changé. Les gens restent en milieu de travail plus longtemps qu’avant. Il y a de nouveaux traitements pour les maladies. Nous serons en mesure de voir en temps réel comment ces changements de vie vont affecter leur santé et comment les changements de santé observés vont affecter leur vie », explique-t-elle.
Le but ultime de la plateforme de l’ÉLCV est de fournir des données qui seront utilisées par des chercheurs partout au pays pour effectuer des projets qui contribuent à améliorer la santé des Canadiens.
« C’est un legs qu’on a voulu faire à tous les scientifiques et spécialistes du milieu de la recherche intéressés par le vieillissement. Les chercheurs qui ont participé à l’ÉLCV n’ont pas préséance sur les données, » explique la Dre Payette.
Pour la Dre Wolfson, le succès de l’étude à l’échelle nationale, au cours des 20 prochaines années, dépendra de l’utilisation de cette importante ressource par la communauté scientifique.
L’ÉLCV est une initiative stratégique des Instituts de recherche en santé du Canada et l’infrastructure nécessaire pour recueillir ces données est soutenue par une subvention de la Fondation canadienne pour l’innovation.