Grâce à une série d’études, la Dre Andréa LeBlanc, chercheure principale à l’Institut Lady Davis de l’Hôpital général juif, a découvert une élévation des taux de la protéine Caspase-6Caspase-6 dans la région du cerveau – à savoir, l’hippocampe, qui est responsable de la mémoire et de la cognition – premièrement endommagée par la maladie d’Alzheimer. Ce phénomène est observé dès les premiers stades de l’atteinte cognitive.
La Dre LeBlanc a démontré pour la première fois, chez un modèle de souris, que l’activité de la Caspase-6, en l’absence des plaques et des enchevêtrements qui sont aussi abondants dans le cerveau des personnes atteintes d’Alzheimer, est responsable des troubles de la mémoire et de l’altération fonctionnelle comparables à celles qui affligent les humains. Ses conclusions ont été publiées dans la revue Cell Death & Differentiation.
« La Caspase-6 est très abondante dans chaque cerveau affligé par la maladie d’Alzheimer que nous avons étudiés et nous avons découvert une corrélation positive entre des taux plus élevés de Caspase-6 active et une performance diminuée de la fonction cognitive des personnes âgées, en particulier de la mémoire épisodique qui est l’un des premiers types de mémoire affectée par la maladie d’Alzheimer », a déclaré le Dr LeBlanc, qui est aussi professeur titulaire d’une chaire James McGill en neurologie et neurochirurgie de l’Université McGill.
Son hypothèse supposait que les plaques amyloïdes qui caractérisent un cerveau ravagé par la maladie d’Alzheimer constituaient probablement un symptôme tardif de la maladie plutôt qu’une cause précoce. En créant un modèle de souris qui exprimait la Caspase-6 dans la région du cerveau responsable de la mémoire et en déterminant que l’animal présentait une perte de mémoire en l’absence de plaques ou d’enchevêtrements, elle a présenté des arguments solides selon lesquels la Caspase-6 était probablement un facteur de causalité des troubles cognitifs associés à la maladie d’Alzheimer.
« Le modèle de souris prouve que l’activité de la Caspase-6 était suffisante pour provoquer des troubles cognitifs », a-t-elle déclaré. « Par ailleurs, elle évolue comme une caractéristique reliée à l’âge, ce qui reflète l’évolution de la maladie d’Alzheimer chez l’être humain. »
Alors que, dans des conditions normales, il y a très peu de Caspase-6 dans le cerveau, de grandes quantités sont associées à la pathologie classique de la maladie d’Alzheimer et il est maintenant bien accepté que la Caspase-6 entraîne la dégénérescence neuronale dans différentes conditions en laboratoire. Une question qui reste à explorer, c’est pourquoi la Caspase-6 s’accumule dans un cerveau atteint de troubles cognitifs.
Les futurs objectifs de recherche comprennent l’identification et l’évaluation des inhibiteurs de la Caspase-6 afin de concevoir un traitement qui peut empêcher la progression de la maladie d’Alzheimer chez les personnes vieillissantes. Ce nouveau modèle de souris présentant des taux élevés de Caspase-6 est essentiel pour des essais précliniques précoces.
« Nous nous tournons vers de nouveaux inhibiteurs qui, nous l’espérons, s’avéreront efficaces », explique-t-elle. « Un bon inhibiteur doit être très sélectif, en ce sens qu’il ne peut cibler que la Caspase-6. Par ailleurs, il ne doit pas être toxique et être délivré efficacement dans le cerveau. »
10 janvier 2014