Nadine Kronfli et son équipe vont dépister systématiquement les infections transmises sexuellement et par le sang, dans le but de standardiser les soins destinés aux personnes incarcérées
La Dre Nadine Kronfli, scientifique clinicienne au Centre de recherche évaluative en santé à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), a reçu un financement de 618 000 $ pour une période de un an de la part du Fonds d’initiatives communautaires en matière de VIH et d’hépatite C (FIC) de l’Agence de santé publique du Canada (ASPC). Cet investissement permettra de dépister et de traiter les infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS) au sein de la population carcérale du Québec.
Le FIC soutient des projets qui accroissent la sensibilisation à la présence du VIH, de l’hépatite C et d’autres ITSS au sein des populations clés, établissant ainsi des liens avec les personnes concernées, afin de faire de la prévention, des tests, d’offrir des traitements et d’améliorer les résultats de santé.
« Il est possible de prévenir et de traiter les infections transmissibles sexuellement et par le sang; de plus, dans de nombreux cas, elles sont guérissables. Toutefois, elles représentent encore un enjeu de santé publique important, déclare Steven Sternthal, directeur général du Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections à l’Agence de santé publique du Canada. Ensemble, nous pouvons élargir l’accès aux tests, aux traitements, aux soins et à des services de soutien équitables pour les populations mal desservies. »
« Notre projet sera le premier du genre, explique la Dre Kronfli. Nous allons dépister l’ensemble des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), dans le but d’offrir aux populations carcérales des soins équivalents à ceux qui sont offerts au sein de la communauté. Nous allons également mettre à jour les données relatives aux ITSS ainsi que les facteurs de risque qui y sont liés dans les prisons du Québec. »
La Dre Kronfli attire l’attention sur un rapport du Centre de collaboration nationale des maladies infectieuses publié en 2021, selon lequel il n’existe pas de stratégies complètes et efficaces pour remédier à la propagation des ITSS dans les établissements carcéraux du Canada. Ce rapport fait ressortir la nécessité d’améliorer les protocoles de tests et de traitements ainsi que l’accès à des services de réduction des dommages, et d’intensifier l’éducation.
« Il est possible qu’on laisse passer des possibilités importantes d’engagement quant aux soins des personnes incarcérées dans les prisons provinciales du Québec parce que les stratégies de dépistage des ITSS à l’admission dans ces établissements ne sont pas systématiques », poursuit la Dre Kronfli.
Avec les travaux de la Dre Kronfli, on va procéder au dépistage d’environ 1 200 personnes incarcérées dans l’ensemble des sept prisons provinciales du Québec. L’équipe responsable du projet va statuer sur la prévalence de six ITSS : le VIH, l’hépatite B, l’hépatite C, la chlamydia, la gonorrhée et la syphilis. Toutes les personnes dont les tests seront positifs seront jumelées à des services de soins afin de recevoir des traitements.
« Actuellement, dans les prisons provinciales du Québec, on ne procède pas systématiquement au dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang, conclut la Dre Kronfli. Nous espérons entraîner des changements à la politique provinciale, au titre desquels le dépistage systématique de toutes les ITSS à l’admission dans l’ensemble des prisons provinciales va devenir la norme de soins. »
Toutes nos félicitations à la Dre Kronfli!