Dans une nouvelle étude, des chercheurs de l’IR-CUSM ont évalué toutes les thérapies ambulatoires disponibles pour la COVID-19 afin d’en faciliter le choix comparatif.
Ces derniers mois, plusieurs médicaments se sont révélés prometteurs pour réduire le risque de complications graves chez les patients ambulatoires atteints de COVID-19. Bien que les vaccins soient efficaces dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, ils demeurent inaccessibles dans de nombreuses régions du monde et sont rejetés par une partie de la population. De plus, des cas d’infection post-vaccinale peuvent se produire avec les nouveaux variants du coronavirus. Pour réduire les risques d’hospitalisation et, au final, sauver des vies, il devient urgent d’intégrer des médicaments efficaces et abordables dans l’arsenal thérapeutique. Les médecins se trouvent ainsi devant une décision difficile : comment choisir entre les différents médicaments qui ont été testés lors des essais cliniques depuis le début de la pandémie ?
Pour y voir clair parmi les options disponibles, des chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill ont compilé les résultats des essais cliniques portant sur toutes les thérapies ambulatoires évaluées à ce jour puis ont mesuré leur efficacité et leur coût par hospitalisation évitée. Pour chaque traitement, ils ont déterminé le nombre de patients qu’il faudrait traiter pour éviter une hospitalisation et le coût des médicaments concernés. Les conclusions de leur étude sont publiées aujourd’hui dans Open Forum Infectious Diseases.
Selon les résultats de l’étude, pour un risque d’hospitalisation estimé à 5 % dans la population générale, le médicament le plus efficace est le nirmatrelvir/ritonavir (connu sous le nom de Paxlovid et développé par Pfizer) avec une hospitalisation évitée pour 24 patients traités, au coût de 12 720 $. Le moins efficace est la colchicine, avec une hospitalisation évitée pour 87 patients traités. En contrepartie, le moins coûteux est la fluvoxamine, un antidépresseur commun, avec un coût par hospitalisation évitée de 1122 $ pour 80 patients traités et le plus dispendieux, le casirivimab/imdevimab avec un coût par hospitalisation évitée de 60 900 $ pour 29 patients traités, et avec l’avertissement que ce médicament n’est plus efficace contre le variant Omicron. Le remdesivir (développé par Gilead) et le sotrovimab (un composé d’anticorps monoclonaux développé par GlaxoSmithKline), coûteraient chacun environ 52 000 $, avec respectivement 28 et 25 patients à traiter pour éviter une admission. Enfin, l’étude suggère qu’il faudrait traiter 50 patients avec le molnupiravir (developpé par Merck) pour éviter une hospitalisation, au coût de 35 000 $.
« Les médicaments disponibles, qu’il s’agisse de médicaments existants recommandés pour un nouvel usage, ou de nouveaux médicaments, ont des différences en termes d’efficacité, de toxicité, de coût et de complexité d’administration. Il nous a semblé important de mener cette étude afin de faciliter la prise de décision comparative concernant le choix du traitement », précise l’auteure principale de l’étude, la Dre Emily McDonald, scientifique au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’IR-CUSM et professeure agrégée au Département de médecine de l’Université McGill.
« Les médicaments que nous pouvons prescrire pour prévenir l’hospitalisation et qui coûtent moins cher que le coût moyen d’une hospitalisation pour la COVID-19, estimée à 21 752 $, comprennent le nirmatrelvir/ritonavir, la fluvoxamine, les corticostéroïdes inhalés et la colchicine », ajoute le premier auteur de l’étude, le Dr Todd C. Lee, scientifique au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’IR-CUSM et professeur agrégé au Département de médecine de l’Université McGill. « Les anticorps monoclonaux anti-spike et le remdesivir coûtent beaucoup plus cher, et en plus d’être disponibles en quantités relativement limitées, ils sont plus complexes à obtenir et à administrer. Dans certains pays qui n’ont pas accès à ces traitements plus coûteux, le choix doit être fait entre des soins de soutien et des médicaments abordables réattribués pour traiter la COVID-19, comme la fluvoxamine et les corticostéroïdes inhalés. »
Des avantages accrus pour les populations à risque
Les chercheurs soulignent que plus le risque individuel d’aggravation de la COVID-19 est élevé, que ce soit à cause de l’âge ou d’autres facteurs liés à l’état de santé initial du patient, plus le bénéfice absolu des médicaments est grand et le coût, réduit.
« Essentiellement, au bon prix ou lorsque prescrits à une personne présentant un risque suffisamment élevé, la plupart des médicaments de cette liste ont le potentiel de produire des économies pour le système dans son ensemble. Des modèles précis de prédiction du risque d’hospitalisation, spécifiques à chaque pays, seront essentiels pour contextualiser et maximiser les avantages de toute thérapie, » écrivent les auteurs.
Afin de suivre l’évolution des traitements pour la COVID-19 et de faciliter l’accès aux données les plus récentes possible sur l’efficacité et les coûts des traitements, les chercheurs ont développé une page web (read.idtrials.com/outptcovid) qui sera mise à jour mensuellement au moins jusqu’à la fin de l’année 2022.
À propos de l’étude
L’étude « Outpatient Therapies for COVID-19: How do we choose? » a été réalisée par Todd C. Lee, Andrew M. Morris, Steven A. Grover, Srinivas Murthy et Emily G. McDonald.
À propos de l’IR-CUSM
L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) — dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 450 chercheurs et environ 1 200 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec — Santé (FRQS). ircusm.ca