Plus de 100 scientifiques proposent des moyens de réaliser la stratégie de l’OMS visant à éliminer le cancer du col de l’utérus d’ici 2030

Le cancer du col de l’utérus, qui tue plus de 300 000 femmes par année, est une grave menace à la santé mondiale. C’est une maladie qui frappe de façon disproportionnée les femmes des pays à revenu faible et intermédiaire de l’Afrique équatoriale, de l’Amérique latine et de l’Asie du Sud-Est. Pourtant, il est possible de la prévenir et après des décennies de recherches, nous avons les outils pour l’éliminer.

Reconnaissant l’urgence de traiter cet enjeu de santé publique, l’équipe éditoriale de la revue Preventive Medicine, dirigée par son rédacteur en chef, le professeur Eduardo Franco, directeur de la Division d’épidémiologie du cancer et directeur du Département d’oncologie Gerald Bronfman à l’Université McGill, publie un numéro spécial intitulé « From Science to Action to Impact: Eliminating Cervical Cancer », qui décrit les mesures à prendre pour éliminer ce cancer.

Ce numéro, dont la publication coïncide avec la Journée internationale de sensibilisation au VPH célébrée le 4 mars, est dédié aux cinq cent mille femmes et plus qui sont frappées par le cancer du col de l’utérus chaque année. Sa publication fait également suite au lancement officiel, en novembre dernier, de la stratégie de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus. Cette stratégie fixe trois objectifs à atteindre par tous les pays d’ici 2030 : une couverture vaccinale de 90 % contre le papillomavirus humain (VPH) pour prévenir les infections qui causent le cancer du col de l’utérus, un dépistage chez 70 % des femmes et l’accès à un traitement pour 90 % des femmes chez qui la maladie a été diagnostiquée.

Les professeures Anna Giuliano et Linda Niccolai, deux sommités dans le domaine de la recherche pour la prévention du cancer du col de l’utérus, étaient rédactrices en chef invitées pour la production de ce numéro. La Pre Giuliano – directrice du Center for Immunization and Infection Research in Cancer et professeure au département d’épidémiologie du cancer du Moffitt Cancer Center – et la Pre Niccolai – professeure d’épidémiologie à la Yale School of Public Health, directrice du Connecticut Emerging Infections Program et membre du Yale Cancer Center – ont formé une équipe exceptionnelle de chercheurs et de praticiens du monde entier. Ceux-ci ont rédigé des articles portant sur la science fondamentale, la médecine clinique, les pratiques en santé publique et la modélisation mathématique, tous axés sur les mesures ciblées nécessaires dans chacune de ces disciplines pour éliminer le cancer du col de l’utérus.

« Dans l’histoire de la médecine, jamais n’a-t-on osé utiliser le verbe “éliminer” en parlant du cancer, affirme le Pr Franco. La souffrance humaine causée par une maladie que l’on peut prévenir justifie que l’on s’impose l’objectif moral et l’obligation éthique d’éliminer le cancer du col de l’utérus. La vaccination contre le VPH peut prévenir la vaste majorité des cancers du col de l’utérus et le test moléculaire de détection du VPH est une technologie remarquable qui permet de dépister les autres lésions précancéreuses que l’on ne peut pas prévenir. Ces deux stratégies de prévention doivent être déployées à l’échelle de la planète. »

Dans leur éditorial, les Pres Giuliano et Niccolai soulignent que non seulement il faut attribuer plus de ressources à la recherche et aux soins en santé publique et en médecine clinique, mais il est aussi crucial que les autorités gouvernementales adoptent une position ferme. « Nous avons tous les outils nécessaires pour éliminer le cancer du col de l’utérus : la vaccination, le dépistage et les traitements, autant pour la prévention primaire que la prévention secondaire, explique la Pre Niccolai. Il faut maintenant que les milieux politiques, médicaux et de la santé publique mettent les choses en branle. » « Les articles publiés dans ce numéro ont été sélectionnés pour brosser un tableau des connaissances que nous possédons et des efforts qu’il faut faire pour réussir à éliminer le cancer du col de l’utérus, poursuit la Pre Giuliano. Notre intention était d’inciter les chercheurs, les professionnels de la santé, les décideurs politiques et les communautés du monde à passer à l’action pour accélérer nos progrès vers cet objectif qui est à notre portée. »

La pandémie de COVID-19 a créé à la fois des obstacles et des possibilités relativement aux efforts mondiaux de dépistage et de vaccination contre le VPH. « La pandémie nous a appris à faire preuve de flexibilité et de créativité, ainsi qu’à faire la promotion de la santé dans les conditions les plus difficiles qui soient. Elle nous a forcés à réinventer notre manière de donner des soins de santé, notamment des services de prévention, dit la Pre Niccolai. Elle a également permis aux populations de constater tout le potentiel qu’offrent les vaccins pour protéger notre santé. »

« Nous sommes ravis que Preventive Medicine, une revue scientifique respectée et lue dans le milieu de la santé publique partout dans le monde, soit mise à contribution pour servir cette grande cause », déclare le Pr Franco, qui est rédacteur en chef de la publication depuis 2013. « Les professeures Giuliano et Niccolai ont fait de l’excellent travail. Ce numéro spécial de la revue propose une feuille de route réaliste et techniquement exécutable qui permettrait de relever ce grand défi qu’est l’élimination du cancer du col de l’utérus. Au-delà de la valeur intrinsèque de cette compilation d’articles scientifiques que nous avons préparée, ce projet nous a également procuré une formidable occasion de former trois étudiants aux cycles supérieurs de McGill sur l’art et la science de la publication d’un journal biomédical. Je suis reconnaissant du travail de Karena Volesky, Samantha Shapiro et Aaron MacCosham qui, à titre d’adjointes et adjoint à la rédaction, étaient responsables d’affecter une ressource à la révision de chaque article reçu. »

À propos de Preventive Medicine

Fondée en 1972 par Ernst Wynder, Preventive Medicine est une revue scientifique internationale qui publie des articles originaux sur la science et les pratiques entourant la prévention des maladies, la promotion de la santé et l’élaboration de politiques de santé publique. Preventive Medicine a pour mission de célébrer l’innovation en privilégiant les études observationnelles pertinentes, les démarches judicieuses d’analyse de données sur la santé, les points de vue nouveaux et inattendus sur des hypothèses existantes, les études comparatives à répartition aléatoire fiables et les revues systématiques impartiales. Au final, Preventive Medicine aspire à publier des recherches qui se répercuteront sur le travail des praticiens dans les domaines de la prévention des maladies et de la promotion de la santé, ainsi que dans les disciplines connexes.

Le 12 Mars 2021