Par Philip Fine

Pendant des années, le Dr Ayman Behiery a enseigné l’anatomie humaine aux étudiantes et étudiants en sciences infirmières, les amenant au laboratoire du Pavillon Strathcona trois fois par année. Cela leur permettait de mieux comprendre la physiologie grâce aux personnes qui ont donné leur corps à la science. Depuis qu’il a pris sa retraite en 2014, son collègue, le Dr Geoffroy Noël, a mis en place une nouvelle approche originale d’enseignement et d’apprentissage en laboratoire qui permet aux étudiants de réviser efficacement la matière en enseignant eux-mêmes l’anatomie à leurs pairs.

Mais ce programme fait franchir un pas de plus à l’enseignement par les pairs en mélangeant trois disciplines différentes de la Faculté.

Ce programme, qui en est à sa 4e année, comporte une série de laboratoires où des étudiants de 3e année de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie partagent leurs grandes connaissances des membres, des muscles et des tendons avec les étudiants de 1re année en médecine. En même temps, dans une autre série de laboratoires, des étudiants de 2e année en médecine révisent leurs nouvelles connaissances en anatomie en les partageant avec des étudiants en sciences infirmières.

En faisant travailler ensemble les apprenants de différentes disciplines, l’objectif du Dr Noël est de faire en sorte qu’ils cultivent avec leurs collègues professionnels de la santé des relations harmonieuses pour l’avenir. Il se dit confiant que l’initiative arrivera à faire tomber les barrières dans le domaine médical. « Ça leur permet de commencer à travailler comme une équipe de professionnels ayant des compétences différentes », explique le Dr Noël, professeur agrégé en anatomie et biologie cellulaire, et directeur de la Division des sciences anatomiques.

Chris Doyle-Kelly, étudiant de 1re année en médecine, partage tout à fait cette idée, reconnaissant les connaissances anatomiques approfondies des étudiants de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie. Il est aussi heureux, en tant que futur médecin, de renoncer au chapeau de grand ponte des soins de santé : « C’est bien de faire tomber très tôt ces hiérarchies. »

Le programme a aussi été créé pour aider les étudiants à mieux apprendre. Minh-Tam Tran, étudiant à l’École de physiothérapie et d’ergothérapie, qui, avec son collègue étudiant Harrison Watt, vient de sortir d’un laboratoire d’enseignement de deux heures auprès d’étudiants de 1re année en médecine, affirme qu’en rendant la matière compréhensible, on la comprend mieux soi-même. « Ça aide à consolider les acquis. »

Harrison acquiesce. Quand un étudiant ne comprend pas tout de suite un concept et qu’il doit l’expliquer d’une autre manière, Harrison a l’impression que sa propre compréhension du concept n’en est que meilleure. « Quand vous voyez ce regard vide, ça vous force à penser autrement. Vous êtes obligé d’envisager la question de trois ou quatre façons différentes. »

Les étudiants en médecine terminent leur travail d’anatomie dans un grand laboratoire en équipes de quatre, pendant que les trois étudiants de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie, trois médecins résidents et des professeurs se promènent pour surveiller les différents groupes. Il y a dans le laboratoire des règles très strictes quant au décorum – tant dans l’approche du travail que dans le comportement en général – par respect pour les donneurs.

Sarah Zhou, étudiante de 1re année en médecine, prend ces règles à cœur. Elle pense aux familles et aux donneurs. « Leur souhait de nous aider à approfondir nos connaissances en médecine nous accompagne dans notre pratique clinique, où nous aidons à notre tour d’autres personnes. »

Les étudiants parlent des avantages des laboratoires avec des donneurs humains, ce qui se fait moins qu’auparavant dans les écoles de médecine. Ils expliquent que les manuels et les modèles ne permettent jamais d’appréhender le corps humain de la même manière. « On comprend comment certaines structures fonctionnent comme elles le font », explique Sarah, tandis que Minh ajoute : « Ça nous aide à visualiser ce qui se trouve sous la peau. Notre professeur dit qu’on développe une vision à rayons X. »

Les étudiants discutent aussi des nuances qui distinguent leurs disciplines : les étudiants en sciences infirmières ont plus d’expérience clinique, les étudiants en médecine ont un bon esprit scientifique, tandis que les étudiants en physiothérapie et en ergothérapie ont des connaissances biomécaniques approfondies. Mais c’est de trouver la même curiosité dans leurs diverses façons de voir l’anatomie et leurs différentes expériences qui semblent enrichir ces laboratoires novateurs.

 

Le 13 juillet 2017