Des patients de l’Hôpital général juif comptaient parmi les participants à un essai clinique de grande envergure qui a permis de découvrir que l’aspirine était aussi efficace qu’un anticoagulant considéré comme la norme pour prévenir la formation de caillots de sang dangereux à la suite d’une arthroplastie de la hanche et du genou.

 
Source : Salle de Presse McGill

Un essai clinique aléatoire multicentrique, à double insu, chez des patients ayant subi une arthroplastie totale de la hanche ou du genou, a permis de démontrer que l’aspirine était aussi efficace que le rivaroxaban, l’anticoagulant considéré comme la norme de référence, dans la prévention de la thromboembolie veineuse (TEV) postopératoire. L’Hôpital général juif (HGJ) de Montréal comptait parmi les établissements participants. Les résultats ont été publiés dans le prestigieux New England Journal of Medicine.

« Nous avons toujours eu à cœur de prévenir les caillots sanguins chez les patients ayant subi une chirurgie orthopédique majeure », a déclaré le docteur David Zukor, chef du service d’orthopédie de l’HGJ et l’un des auteurs de l’étude. « C’est la principale cause évitable de mortalité à l’hôpital. Nous administrons donc toujours un traitement préventif lors de telles opérations. Le rivaroxaban est connu pour son efficacité, mais le grand avantage de l’aspirine est qu’elle est moins coûteuse, facilement accessible et a un excellent profil d’innocuité. »

Les 3424 patients recrutés pour l’essai (1804 pour l’arthroplastie de la hanche et 1620 pour l’arthroplastie du genou) ont pris le rivaroxaban pendant cinq jours après l’opération avant d’être répartis de façon aléatoire pour recevoir de l’aspirine (1707 patients) ou pour continuer à prendre le rivaroxaban (1717 patients). Onze patients dans le premier groupe et douze dans le second ont présenté une TEV. La complication la plus inquiétante associée aux anticoagulants est le saignement. Dans cet essai, les taux de saignement cliniquement importants ont été inférieurs à 1,5 % et n’étaient pas significativement différents entre les deux groupes. Tous les saignements se sont produits au site opératoire plutôt que dans d’autres régions potentiellement plus dangereuses, comme le cerveau ou le tube digestif.

« Ces résultats sont importants », a affirmé la docteure Susan Kahn, directrice du Centre d’excellence en thrombose et anticoagulation de l’HGJ et une experte de grande renommée dans le domaine de la TEV, qui était aussi une chercheuse dans cette étude. « Les protocoles pour la prévention des caillots sanguins à la suite d’une chirurgie orthopédique majeure sont bien établis. Cependant, nous cherchons continuellement à déterminer s’il existe de meilleures options pour le traitement de nos patients. Nous pourrions ainsi voir l’aspirine devenir une alternative pratique aux anticoagulants plus dispendieux. »

Les docteurs Kahn et Zukor conviennent de la nécessité d’effectuer d’autres essais cliniques, qui pourraient comporter un groupe de patients réparti de façon aléatoire qui recevrait exclusivement de l’aspirine comme moyen de prévention, afin de tester directement son efficacité par rapport à un traitement avec le rivaroxaban.

Au cours de l’essai, tous les patients devant subir une arthroplastie de la hanche ou du genou à l’HGJ se voyaient offrir la possibilité de participer. En tant que centre d’excellence dans le traitement et la recherche sur la thrombose, en plus de son service actif renommé en orthopédie, l’HGJ était bien adapté pour contribuer à cette étude. La recherche a été financée par les Instituts de recherche en santé.

« Aspirin or Rivaroxaban for VTE Prophylaxis after Hip or Knee Arthroplasty » (L’aspirine ou le rivaroxaban en prophylaxie pour la TEV après une arthroplastie de la hanche ou du genou) », The New England Journal of Medicine, 22 Février 2018, N Engl J Med 2018; 378:699-707, DOI: 10.1056/NEJMoa1712746

 

Le 15 mars 2018